1. Introduction
Il convient de bien lire les mandats et les objectifs du gouvernement. Voici donc la citation officielle :
« Le gouvernement s’est engagé à poser des actions concrètes pour assurer une gestion plus rigoureuse et responsable des dépenses publiques et s’attaquer, de façon durable, au déficit structurel du Québec. C’est pourquoi il a instauré un mécanisme de révision permanente des programmes gérés par l’État.
La Commission de révision permanente des programmes, instituée le 11 juin 2014, permettra, avec la collaboration des ministères et des organismes, un repositionnement et la mise en place de processus d’évaluation continue visant à recentrer l’action de l’État dans des programmes prioritaires et là où les besoins sont les plus pressants.
Au terme de cet exercice, le portefeuille des programmes, des organismes, des structures ainsi que les façons de faire du gouvernement seront conformes à la capacité de payer des contribuables.
La Commission est constituée de cinq membres dont les travaux visent les principaux objectifs suivant :
– assurer que les programmes répondent à un besoin prioritaire des citoyennes et des citoyens et qu’ils relèvent de la mission de l’État ;
– vérifier si les programmes sont administrés de manière efficace et efficiente et si la structure de gouvernance en place est appropriée ;
– assurer que le mode de financement des programmes est adéquat et conforme à la capacité de payer des citoyennes et des citoyens ;
– assurer que les programmes sont soumis à un processus d’évaluation continue.
(...)
Le dialogue social, mené par le gouvernement, s’exprime notamment par l’entremise de la tribune « Exprimez-vous ! », destinée au grand public.
La Commission travaille en complémentarité avec la Commission d’examen sur la fiscalité québécoise, qui formulera des recommandations au gouvernement quant aux pistes d’action à privilégier pour accroître l’efficacité, l’équité et la compétitivité du régime fiscal québécois, tout en assurant le financement des services publics. »
https://revisiondesprogrammes.gouv.qc.ca/commission/ »
Ce qui est intéressant dans cette citation c’est la création d’une page web invitant les citoyens et citoyennes à lui faire part de leurs suggestions pour les coupures.
Une simple consultation du site nous permet de dire que les idées ne manquent pas. Cela va de taxer les pétrolières à abolir les commissions scolaires. On peut y trouver de tout comme solutions.
2. Favoriser une culture de délation
Mais le gouvernement, en instaurant un tel site, renforce l’idée que la crise vient d’un appareil étatique trop important. Les idées suivantes sont en fait sous-jacentes à l’ensemble de l’initiative :
– il y a trop de structures,
– les fonctionnaires sont trop nombreux-euses et ne foutent rien,
– le panier de services offerts est trop généreux pour le budget de l’état,
– les citoyens (rarement les citoyennes vu que le masculin l’emportent sur le féminin) sont responsables en partie de la crise en exigeant trop de services,
– l’entreprise privée peut combler ce que l’État ne peut offrir.
Ces idées mises en toile de fonds, il suffit de rendre la personne citoyenne responsable et un peu coupable : après tout, il ne faut pas laisser un héritage de crise à nos enfants. Eux vont recevoir moins que nous avons reçu et patiti et patata. Cela intériorisé. Il reste à chaque citoyen et citoyenne de participer à ce processus de renflouement budgétaire. Ce bon vouloir acquis, la délation est justifiée et les gens y vont à fonds de train.
3. Créer un climat de frame up sur la crise
Le site a été créé pour récolter les commentaires durant un mois. C’est peu mais c’est assez quand l’objectif est un processus par étape et que la délation n’est qu’une partie d’un vaste show pour mousser la panique de la crise.
L’hiver passé, il y avait thermomètre et compteur pour montrer comment la dette augmentait. Maintenant il y va de l’action citoyenne pour renflouer l’État comme si le budget de l’État était le même qu’un budget familial.
4. Une consultation bidon : les coupures sont sur papier
En fait cette consultation internet est purement bidon. Les coupures sont déjà planifiées, les objectifs sont ciblés. Même monsieur Couillard dit qu’il n’attendra pas la fin des consultations pour faire les coupures. Mais pour le gouvernement libéral cela paraît bien au CV du gouvernement. Il consulte les citoyens et citoyennes…ben voyons donc !
C’est la nouvelle stratégie pour mieux faire passer les coupures néolibérales : se mettre au diapason de la population, l’écouter et agir !!!!
5. Conclusion
En conclusion disons que cette démarche est un pur frame up et ne sert qu’à justifier les coupures importantes dans le budget.
On le voit avec la loi sur les retraites. Dans le fonds, tout le monde va goûter à cette médecine de restriction.