Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Lutte au budget Bachand 2011

Principaux discours donnés à la fin de la Manifestation du 12 mars

Un budget équitable, une question de choix ... et de rapport de force

Plus de 50 000 personnes se sont réunies à la manifestation du 12 mars dernier contre les orientations budgétaires du gouvernement Charest.

Le message était clair. Les choix budgétaires de ce gouvernement nous mènent à la catastrophe. Il doit changer de cap. La mobilisation populaire doit amener le gouvernement à faire d’autres choix. Il doit faire des choix qui permettent à ce gouvernement de prioriser la lutte contre la pauvreté, à faire des choix qui vont dans le sens d’une société plus juste et plus solidaire. Nous reproduisons l’essentiel des messages livrés par quelques porte-parole de l’Alliance sociale et de la Coalition opposée à la privatisation et tarification des services publics.

Michel Arsenault, président FTQ. porte-parole de l’Alliance sociale

Chers amis, nous sommes ici plus de 55 000 personnes aujourd’hui... 55 000 pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis du gouvernement Charest. Un gouvernement qui nous dit qu’il faut couper dans les services, qu’il faut privatiser les services publics, réduire les dépenses sociales et tarifer les services. Nous les amis, on pense qu’il y a des solutions qui incarnent nos valeurs, des solutions différentes de celles du gouvernement Charest, des solutions où on va partager la richesse du Québec et partager la solidarité du Québec. L’équité sociale, c’est une question de choix.

Marie-Ève Rancourt, porte-parole de la Coalition opposée à la privatisation et à la tarification des services

Au cours des quarante dernières années, les inégalités sociales et économiques n’ont cessé de croître au Québec, conséquences des choix qui ont été faits par les gouvernements qui se sont succédés tant à Québec qu’à Ottawa. Aujourd’hui, comme plusieurs autres pays dans le monde, on utilise le prétexte de la crise économique pour pousser encore plus loin le modèle néolibéral. Partout, les raisons invoquées sont les mêmes. On impose des tarifs aux utilisateurs-payeurs. On coupe dans les programmes sociaux. On impose aux travailleurs et aux travailleuses des conditions de travail de plus en plus précaires alors que les entreprises font année après année des profits records. On est donc ici pour dénoncer les politiques néolibérales qui nous appauvrissent et attaquent nos droits. Nous en avons assez de nous faire imposer les théories du libre marché qui ignorent complètement la justice sociale et qui ne visent qu’à déposséder le peuple de son pouvoir. La démocratie, le bien commun et la justice, c’est une question de choix.

Slogans
Une question de choix, une question de choix, une question de choix !
On ne se laissera pas appauvrir, on ne se laissera pas désunir !
Pour une société solidaire, faire les bons choix budgétaires !
Un budget équitable, une question de choix !

Réjean Parent, président de la CSQ

Monsieur Bachand, M. Charest et leur gouvernement voudraient compresser les dépenses publiques sous prétexte de revenir rapidement à l’équilibre budgétaire. C’est un mauvais choix. Au Québec, actuellement, on dépense moins que partout au pays en matière d’éducation et de santé. Au Québec, nos programmes sociaux sont de moins en moins un rempart contre la pauvreté. Au Québec, nos services publics sont de moins en moins accessibles. Ce n’est pas le temps de couper dans les dépenses publiques. Nos gouvernements ont dépensé des milliards pour soutenir les spéculateurs qui nous ont entraînés dans cette crise économique. Aujourd’hui, on voudrait faire payer les femmes, faire payer les étudiants, faire payer les étudiantes, faire payer les personnes âgées, faire payer la classe moyenne. C’est non ! Aller vers l’équilibre budgétaire, c’est une question de choix. Car, partout chez nos voisins, on ne vise pas de retourner à l’équilibre budgétaire. Nous sommes ici aujourd’hui pour demander au gouvernement du Québec de cesser ses compressions et de prendre le parti de tous les Québécoises et de tous les Québécois. C’est une question de choix !

Alexa Coradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec

Les impacts de la détérioration des services publics sont d’autant plus importants sur les femmes. Elles représentent 75 % des proches aidantes. Elles utilisent deux fois plus les services de santé que les hommes et l’accès à l’éducation postsecondaire est clé pour l’atteinte de l’égalité. La taxe santé et la hausse des frais de scolarité imposent une contribution d’un montant fixe sans égard au revenu et cela retombe lourdement sur les femmes, car leurs revenus sont nettement moindres que ceux des hommes. La logique de l’utilisateur payeur touche plus les femmes parce que nous avons plus recours au service de santé pour nous et pour nos enfants. Le gouvernement croit que c’est naturel que l’on s’occupe des autres. Qu’on va reprendre ces tâches, car il privatise tout ! La privatisation fait reculer le droit des femmes à l’égalité. Le gouvernement n’a pas le droit de présenter un budget qui ne tient pas compte de la justice pour les femmes du Québec. C’est une question de choix.

Régine Laurent Président de la Fédération des Infirmières du Québec

On assiste au Québec à une régression tranquille de nos acquis. D’un système d’impôt où l’on paie chacun selon ses moyens, on est en train de passer à un système basé sur la tarification on l’on doit payer le même taux, peu importe le niveau de revenu. On glisse d’un modèle où les services sont un droit de la population à un modèle où seuls les plus riches ont accès aux soins de santé. La taxe santé de 200 $ est un bon exemple de ce virage tarifaire que veut nous faire rentrer dans la gorge le gouvernement Charest. C’est une logique injuste que veut nous imposer le gouvernement. Quelqu’un qui gagne 100 000 paie la même chose que quelqu’un qui en gagne 14 000$. Devant la taxe santé et la hausse générale des tarifs, il faut se tenir debout et dire non. Des services publics à tous et à toutes, c’est une question de choix. Nous les 55 000 ayons une pensée pour les travailleuses et travailleurs du Wisconsin et avertissons le gouvernement que cela ne passera pas au Québec.

Léo-Bureau Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)

Est-ce qu’il y a des gens ici qui en ont assez de voir que cela coûte de plus en plus cher d’étudier ? Ils veulent endetter la jeunesse. Endetter les familles. Cela ne serait pas grave. C’est pourtant tout simplement inacceptable. Il faut permettre aux jeunes d’étudier pour qu’ils puissent devenir des citoyens engagés et actifs dans leur communauté. Aujourd’hui, ces citoyens demandent un budget équitable, un budget qui stoppe la hausse des frais de scolarité. Car l’éducation c’est notre plus grande richesse. Et ici, maintenant, ce samedi, il faut envoyer un message clair à notre premier ministre Jean Charest : l’argent ne doit pas être un obstacle à l’accès au banc d’école.

Louis-Philippe Savoie, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ)

Depuis les années 90, les hausses des frais de scolarité ont appauvri les étudiantes et étudiants du Québec. 3000$ de frais de scolarité, pour Jean Charest, ce n’est pas assez. Jean Charest doit arrêter la hausse des frais de scolarité. Car hausser les frais de scolarité, c’est dire aux fils des ouvriers, aux fils de la classe moyenne, aux femmes, à tous ceux qui n’ont pas d’argent, qu’on ne veut pas les voir sur les bancs d’école, pas parce qu’ils ne sont pas bons, mais parce qu’ils n’ont pas d’argent. Ils n’ont pas eu la chance de naître dans la bonne famille. Hausser les frais de scolarité, c’est souhaiter de revenir 50 ans en arrière. Est-ce qu’on veut ça ? Arrêter de hausser les frais de scolarité, donner un coup de pouce aux étudiants. Il faut que l’université soit accessible à tous et à toutes. C’est une question de choix.

Slogans
Pas question d’augmenter les frais de scolarité !
Pour taxer la maladie, il faut être malade en maudit !
L’État se désengage, pour les femmes plus de charge !
Un budget équitable, une question de choix !

Toute une autre série d’orateurs et d’oratrices devaient continuer à marteler ces messages.

Comment continuer le combat ?

Les choix budgétaires sont en effet une question de choix. Et tant que ce gouvernement a le choix, il fait des choix qui vont dans le sens des intérêts de ses amis affairistes. Ce gouvernement ne va dans les intérêts populaires que lorsqu’il n’a pas plus le choix de le faire, que lorsqu’il voit que s’il maintient ces choix, il le paiera trop cher politiquement.

Car les choix qu’il fait comme gouvernement néolibéral, c’est de défendre les orientations du grand capital. Il faut se demander maintenant, à la lumière du budget qu’il présentera, qu’est-ce qui sera nécessaire pour casser la détermination de ce gouvernement de défendre une politique qui va à l’encontre de la majorité de la population... Faudra-t-il aller jusqu’à la grève sociale ? Comment démontrer et convaincre la nécessité d’une telle perspective ?

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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