En 1990, la dernière fois qu’il y a eu une hausse comparable à celle proposée dans le budget Bachand, il y a eu une diminution de 20% de la fréquentation dans les universités. Si la même situation se reproduit, la hausse de 75% imposée aux étudiants n’augmentera les revenus de frais de scolarité des universités que de 40%. Si le scénario de 1990 se reproduisait, c’est 40 000 étudiants qui quitteraient les bancs d’école.
Cette diminution de l’accessibilité aux études et de la fréquentation scolaire qui en résulte entraîneront aussi d’autres conséquences. D’abord, il devrait y avoir une augmentation des coûts en santé. Comme le niveau d’éducation est un déterminant important de la santé, la diminution du niveau de scolarité des étudiants va diminuer la santé de la population.
La hausse des frais de scolarité va aussi directement augmenter l’endettement étudiant. Cet endettement va avoir un effet négatif sur la natalité et l’accès à la propriété comme ces projets seront retardés. Un endettement plus grand entraînera une augmentation du stress (avec les conséquences qu’on connait sur la santé) sans oublier le risque pour la stabilité de l’économie que représentera l’augmentation du nombre de faillites.
Quatrièmement, la hausse des frais de scolarité aura un effet négatif important sur le marché de l’emploi. Il y a déjà une pénurie de professionnels au Québec. Dans les 5 prochaines années, 740 000 postes seront à pourvoir à cause des départs à la retraite ou des nouveaux postes créés. Sur ces 740 000 postes, au moins 185 000 vont nécessiter une formation universitaire. La pénurie de professionnels n’est donc pas prête de s’estomper. En haussant les frais de scolarité, il y aura moins de diplômés, ce qui aggravera encore plus cette pénurie. Les entreprises étant incapables de trouver de la main-d’œuvre qualifiée iront ailleurs pour la trouver, par exemple au Mexique où la gratuité scolaire existe.
Finalement, la hausse des frais de scolarité va entraîner des coûts importants pour le gouvernement par la forte pression à la hausse qu’elle causera sur le salaire de ses employés. L’état québécois emploie beaucoup d’universitaires. S’il y a une pénurie, ces universitaires vont avoir un plus grand pouvoir pour imposer une hausse importante de leur rémunération. Le gouvernement du Québec subira aussi une pression morale pour hausser les salaires. Si les frais de scolarité au Québec sont équivalent à la moyenne canadienne, les salaires inférieurs de 30% à 70%, selon la profession, que l’état québécois paie à ses salariés seront difficiles à justifier.
Il est dommage que ce rationnel économique contre la hausse des frais de scolarité soit si peu présent dans les médias où les personnes qui s’accapareront une part importante de la hausse des frais de scolarité en hausse de salaire sont surreprésentées.
Sébastien Robert
Longueuil, Québec