Montréal, le 21 mars 2011 - Vendredi le gouvernement Harper a annoncé que six avions de chasse étaient en route pour la Libye, et samedi, nous avons appris que les premiers raids aériens et bombardements occidentaux avec des missiles de croisière avaient eu lieu. Le Collectif Échec à la guerre dénonce la participation du Canada à cette intervention militaire étrangère qui, bien loin de réduire le nombre de victimes civiles, ne fera qu’engendrer encore plus de morts.
La caution apportée par la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies ou celle de la Ligue arabe ne peuvent servir à justifier l’intervention militaire actuelle contre la Libye. L’appui de la Ligue arabe à l’instauration d’une zone d’interdiction aérienne était ambigu dès le départ et l’organisation rejette maintenant les frappes militaires effectuées. Quant à la décision du Conseil de sécurité, elle s’inscrit dans la lignée du détournement des Nations Unis que nous observons depuis plusieurs années, alors que cette instance s’éloigne de plus en plus ouvertement de son rôle officiel de gardienne de la paix et de la sécurité pour plutôt légitimer les agressions des puissances occidentales – États-Unis en tête – au Moyen-Orient et en Asie centrale.
Après nous avoir servi les arguments humanitaires et démocratiques pour l’intervention en Irak et en Afghanistan, nos dirigeants politiques nous servent encore une fois l’argument que nous devons « venir en aide au peuple libyen ». Une « aide » qui, en l’Irak, a entrainé des centaines de milliers de victimes innocentes et qui, en Afghanistan, ne cesse de faire de nombreuses victimes « collatérales » — rappelons simplement les 60 civils, dont 30 enfants, qui ont été tués durant les quatre jours d’attaques contre Ghazi Abad du 16 au 19 février derniers. Même si nos médias s’empressent de nous confirmer que les cibles ont été « soigneusement choisies pour éviter les pertes civiles »... il est impossible que des pertes civiles importantes soient évitées.
Sachant que nos gouvernements continuent de soutenir des régimes qui exercent actuellement une répression sanglante contre les mouvements de révolte civils au Bahreïn et au Yémen et sachant que nos gouvernements ont accordé leur appui pendant des décennies aux régimes dictatoriaux de Ben Ali et de Moubarak et, encore aujourd’hui, à la famille royale saoudienne, nous ne pouvons qu’être sceptique face à l’argument humanitaire. Nous ne pouvons que trouver odieuse la sensibilité sélective des dirigeants politiques occidentaux et la collusion des grands médias en ce qui concerne les victimes civiles et la protection qu’il faudrait leur offrir.
Pour le Collectif Échec à la guerre, il est impératif de trouver un règlement politique dans le respect de la souveraineté du peuple libyen. La logique guerrière occidentale vient plutôt jeter de l’huile sur le feu, consolider le pouvoir des armes et de la répression et empêcher la croissance de mouvements larges d’opposition exprimant les aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie.