Des armes, il s’en produit, il s’en achète ; et le commerce « officiel », c’est-à-dire sans compter le marché noir, etc., est une affaire d’or pour plusieurs pays et pour plusieurs entreprises ; en 2010, selon le SIPRI, 75 % de toutes les dépenses en armement étaient faites par 10 pays, à commencer par les États-Unis. On ne sera donc guère surpris de relever que parmi les 10 plus grandes entreprises productrices d’armements dans le monde, 7 sont américaines.
Une dépense aussi colossale renforce le potentiel militaire de plusieurs pays, tout en alimentant des conflits de plus en plus meurtriers au sein des populations civiles. Elle étrangle les budgets des nations concernées et nuit à la croissance ainsi qu’au bien-être souvent élémentaire de leurs habitants. Les principales cibles des conflits armés ne sont pas les soldats ou les mercenaires, mais bien les civils.
Plusieurs intervenants (économistes, experts en développement, etc.) ont mis de l’avant, au cours des dernières années, le principe du « désarmement durable », c’est-à-dire la volonté ferme des pays de procéder, sur une base systématique à une réduction continue de leurs dépenses en armements, et ce, pour financer le retour à une économie civile et contribuer au développement durable de la planète. Par exemple, on diminuerait les dépenses dévolues à la militarisation pour financer l’aide publique au développement (APD) pour qu’elle atteigne minimalement le seuil de 0,7 % du produit national brut des pays riches tel que fixé comme objectif par l’ONU il y a plusieurs années.
Il existe aussi l’approche dite des « dividendes de la paix », qui consiste à quantifier les bienfaits retirés d’une production issue d’une économie en paix par rapport à une économie militarisée. Dans une telle économie de paix, tout le monde est gagnant. Il a été statistiquement démontré qu’une baisse des dépenses en armement a un impact substantiel à moyen terme sur le développement économique et social des populations visées par des conflits.
On sait aussi que la transition d’une économie militarisée vers une économie de paix, bien que coûteux à court terme, permet à moyen terme, de libérer des ressources humaines et financières pour accroître significativement la production à des fins civiles en plus d’offrir de meilleurs services sociaux aux citoyens. Les dividendes de la paix, c’est du concret.
Jules Bergeron
Économiste
7 septembre 2011