De l’éloge de cette violence lancée au visage de l’humanité meurtrie par la propagande à la glorification des actes de guerre comme des gestes de civilisation par les politiques qui en décident et en orientent la marche triomphale, toute la justification de cette barbarie est indigne de ce que pourrait être des missions humanitaires.
La prolongation des frappes en Lybie illustre toute la mauvaise foi et la perversion du pouvoir canadien qui se fait une fierté de fournir aux armées de l’OTAN une lâche collaboration qui perpétue encore une agression d’un pays du Tiers-Monde. Comme si ce pays devait payer une dette déjà lourde à un avenir dont l’horizon d’une solution pacifique s’éloigne. Le Canada impériale se place bien loin dans les rangs de ceux qui aspirent à un dénouement harmonieux. Toujours, et à répétition, on invoque le salut d’un peuple pour l’agresser. Comme si une mission divine nous obligeait à propager la haine des peuples sous la forme de nouvelles toujours biaisées en faveur des armées conquérantes de l’OTAN nouvelle mouture.
Au lieu de retirer la quincaillerie guerrière et de la remplacer par une nécessaire diplomatie, celle-ci se mue en arme d’une agression toujours motivée par les mêmes vieux mensonges de libérer les peuples de leurs tyrans. Qu’en reste-t-il donc de ces despotes, choisis méticuleusement par les chancelleries, après le passage des tanks ? Tout simplement un autre plus docile à l’Occident et à ses impératifs.
« Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ! » Le Canada s’est donc ainsi ramené au rang des barbares non-civilisés que tout un appareil de relations publics tente de légitimer. Ce Canada devra donc un jour lui aussi faire ses comptes. Mais se trouvera-t-il vraiment quelqu’un parmi ses citoyens outrés pour l’excuser de s’être aventuré sur ce terrain dégénéré des luttes néocoloniales ?
Si on retient qu’une opinion publique québécoise reste défavorable, malgré la tempête de désinformation, à ce type d’intervention de l’armée canadienne, on ne pourra pas toujours invoquer que le NPD a été élu presque par hasard alors qu’il a ouvertement, avant bien d’autres, exprimé sa volonté du retrait des troupes de l’Afghanistan agressée. Il lui faudrait maintenant, pour être conséquent, rappeler aux Communes que la solution commence par le retrait de toutes les troupes canadiennes à l’étranger et le renoncement à préparer l’armée à des déploiements ultérieurs en se magasinant des bases militaires dans d’autres pays.
Assez de ces sales guerres qui ne préparent que les prochaines vagues de terreur ! Car au point où nous en sommes, rien ne sert de prétexter la menace, puisqu’elle serait éradiquée avec la mort de Ben Laden. Derrière les agressions à répétition, il n’y a plus maintenant qu’une stratégie de conquête qu’on explique par une fatale nécessité pour le Canada de sauver le monde des reculs de civilisation par des gestes qui pourtant restent fort agressifs et se déroulant entièrement à l’étranger en mode d’occupation la plupart du temps. Cela n’a plus rien à voir avec la défense. C’est ce que l’on reconnaît habituellement dans les normes internationales comme les actes de belligérance illégitimes justement parce que leur prétexte ne tient plus la route.
Le réarmement, on a déjà vu au XX ième siècle. Et ça n’a apporté au monde que « nuit et brouillard » et toute l’insécurité qu’une guerre généralisée peut provoquer. En effet, la guerre nous place dans une situation coûteuse en fonds publics et toujours plus précaire car il n’est pas dit que la réplique ne nous rapprochera pas des leçons dont nous abreuvons le Tiers-Monde sur la paix soi-disant recherchée.
Guy Roy