Édition du 17 décembre 2024

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États-Unis

USA : dans l’automobile, la grève continue et s’étend

Commencée dans trois usines de montage de General Motors, Ford et Chrysler, cette grève historique de l’automobile aux États-Unis s’est élargie vendredi 22 septembre à 38 dépôts de pièces ajoutant 5 000 grévistes aux 13 000 déjà en grève.

USA : dans l’automobile, la grève continue et s’étend

28 septembre 2023 | tiré de l’Hebdo L’Anticapitaliste - 676 | Photo : Anticapitalist resistance

Les patrons de l’automobile sont loin de satisfaire les revendications d’une augmentation de 40 % de salaires, dont 20 % tout de suite, la fin des systèmes de précarisation du travail autour des travailleurs « temporaires » et des « niveaux » de salaires en fonction de l’année d’entrée dans l’usine.

Si pour la première fois, une grève vise en même temps les 3 firmes, les négociations avec chacune des firmes restent séparées. General Motors et Stellantis restent les plus intransigeants d’où l’élargissement de la grève aux établissements de ces seules deux firmes. Pour Stellantis, Tavares, patron des usines ex-PSA est à la manœuvre, désigné à la tête de cette entité depuis la fusion entre PSA et Fiat qui avait racheté Chrysler.

Nous serons partout

Cette grève « stand up », debout, s’inscrit explicitement dans une « escalade », guerre de mouvement, visant à surprendre. C’est le tour des dépôts logistiques de pièces répartis sur tout le pays alors que les bases historiques de l’UAW se trouvent surtout autour de Detroit. « Nous serons partout », a averti Shawn Fein, le président de l’UAW. C’est le signal d’une volonté de reconquête alors que l’UAW a été éjectée, au long de ces dernières décennies, des usines « non syndiquées » qui ont aujourd’hui le plus grand volume d’activité.

Les 250 milliards de bénéfices accumulés par les trois firmes depuis dix ans, l’augmentation de 40 % des rémunérations des PDG, et en comparaison la baisse de 30 % sur vingt ans des salaires ouvriers en tenant compte de l’inflation : tout cela ne passe pas. Un sondage a indiqué que les trois quarts de la population se considèrent plus proches des salariéEs de l’automobile que des PDG.

Une situation polarisée

Le personnel politique doit tenir compte de cette adhésion majoritaire parmi la population. Joe Biden est engagé dans une campagne électorale qui s’annonce difficile dans les États comme le Michigan en bascule possible avec les Républicains. Il a appelé les firmes automobiles à « mieux partager leurs profits », et a annoncé une visite à une usine en grève. Mais, mission impossible, il a appelé à un compromis « gagnant gagnant » entre salariéEs et constructeurs automobiles ! La situation va se polariser avec la venue à Detroit de Donald Trump qui a pris pour cible le syndicat UAW, appelant les travailleurs « à ne pas écouter les syndicalistes qui vous arnaquent » et à attendre son élection à lui pour des augmentations de salaires. Shawn Fein a réagi : « Chaque fibre de notre syndicat est investie dans la lutte contre une classe de milliardaires et une économie qui enrichit des gens comme Donald Trump aux dépens des travailleurs ».

Des enjeux communs

Entre les nécessités de maximiser les profits et d’appliquer de nouvelles normes environnementales, les firmes automobiles n’ont comme variable que la pression sur les salaires et les conditions de travail. D’où les coups portés contre les salariéEs ici comme aux États-Unis.

Alors que les ravages des moteurs thermiques sont partout dénoncés, les principales firmes réalisent des profits inégalés grâce à des productions encore très largement majoritaire en moteurs essence ou diesel. Et, en cyniques accomplis, ils obtiennent encore plus de subventions publiques pour fabriquer et vendre leurs nouveaux véhicules électriques.

Les revendications de l’UAW commencent à être diffusées en France par des syndicats de l’automobile. L’inflation sévit dans les mêmes proportions, et les profits s’additionnent entre Amérique et Europe. Pourquoi ne pas ici avancer des revendications aussi élevées ? L’engagement de l’UAW à vouloir supprimer les niveaux de salaire et recours aux « temporaires » rappelle notre nécessité commune de combattre la précarité croissante du travail.

Combinée avec un regain de l’activité syndicale, cette grève historique peut concrétiser un changement dans les rapports de forces entre salariéEs et patronat. Shawn Fein a rendu compte des messages de soutien reçus de partout en particulier du Mexique et d’Italie. Participons en France à cette solidarité en multipliant les messages de soutien ! Tout succès de la grève de l’UAW serait aussi un encouragement aux luttes. Et avec un Tavares, c’est au sens strict le même patron…

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