Édition du 17 décembre 2024

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Libre-échange

Trump peut-il aider les travailleurs québécois et canadiens ?

Nonobstant le fait que le nouveau président américain, Donald Trump, n’a pas du tout la cote au nord de sa frontière, ses actions protectionnistes pourraient aider les travailleurs qui souffrent de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

La victoire de Trump s’explique en partie par l’explosion depuis plusieurs décennies des inégalités économiques et territoriales aux États-Unis. C’est Reagan puis les deux Bush qui ont initié le mouvement de libéralisation des marchés. Clinton n’a pas été en reste et a dérégulé ces marchés. La conséquence de tout cela est que les entreprises américaines et canadiennes ont massivement délocalisé leur production au Mexique. Avec sa position contre l’ALÉNA, Donald Trump pourrait-il entrer dans la catégorie de l’ennemi de nos ennemis qui devient du fait un ami ?

La preuve n’est plus à faire que l’accord de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada (ALENA), en vigueur depuis 1994 est responsable d’importantes pertes d’emplois bien rémunérés autant aux États-Unis qu’au Canada. Les entreprises d’ici, et on pensera a Bombardier, délocalisent leur production au Mexique. En raison de cet accord, 80 % des exportations du Mexique sont maintenant destinées à son voisin du Nord. Trump qui considère cette entente comme « le pire accord de notre histoire » a promis de s’en retirer ou au minimum le renégocier.

Le nouveau dirigeant américain n’a pas l’exclusivité de cette position. L’opposition à l’ALÉNA a commencé au Québec bien avant son adoption. En 1986, la Coalition québécoise d’opposition au libre-échange (CQOL) réunissait l’Union des producteurs agricoles (UPA, la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ), la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Ils ont créé cet organisme pour dénoncer le futur ALÉNA et tenter d’empêcher sa réalisation. Les représentants des travailleurs craignaient non seulement les pertes d’emplois, mais aussi l’avenir des programmes sociaux. Une analyse faite en 2013 montre que, comme le prédisaient les travailleurs, ils sont ceux qui ont perdu le plus dans cet accord. Le 31 octobre 2013, le professeur universitaire Léo-Paul Lauzon publiait le texte : Libre-échange et l’impact dévastateur sur nos programmes sociaux et les indemnités versées aux compagnies « lésées » : un petit rappel. Il y démontrait que l’ALENA avait effectivement eu un effet délétère sur le tissu social du Québec.

« Aujourd’hui, à la vue de l’état lamentable de nos services publics sous-financés (santé, pensions, éducation, aqueducs, routes et ponts, hébergement des personnes âgées, etc.), on se rend compte qu’ils nous mentaient éhontément en toute connaissance de cause », affirme-t-il. Le professeur universitaire présente plusieurs études qui montrent que les travailleurs canadiens ne profitaient pas du libre-échange qui aidait à la désyndicalisation.

Fondamentalement, c’est le 1 % le plus riche de la population qui gagne avec l’ALÉNA en exploitant la main-d’œuvre mexicaine. Non seulement cette entente permet de faire travailler à moindre prix des citoyens dans un autre pays, mais elle force aussi la diminution des salaires ici par le chantage qu’elle exerce. Avec une majorité au Congrès, tant à la Chambre des représentants qu’au Sénat, Donald Trump a toutes les cartes en main pour annuler cet accord. Il va sans dire que cette position ne plaît pas au 1 % québécois, canadien et des États-Unis. La très mauvaise réputation que font les médias que possède ce petit nombre de gens autant au pays et qu’aux États-Unis n’est peut-être pas étranger à cette situation. En annulant cette entente, Donald Trump rendrait un grand service aux travailleurs de tout le nord de l’Amérique.

Michel Gourd

Michel Gourd

Résident de L’Ascension de Matapédia.

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