En août 1936, le monde stupéfait découvre les premiers procès de Moscou. Au banc des accusés, les principaux dirigeants bolcheviques sont accusés des pires crimes et qui fi niront exécutés. Pourtant, le principal « coupable », qui a tout orchestré selon le procureur Vychinski, est absent. Il a été chassé d’URSS et privé de sa citoyenneté soviétique quelques années plus tôt : Léon Trotsky, le fondateur de l’Armée rouge est en exil au Mexique.
Devant le tombereau de calomnies – il serait, tour à tour, depuis longtemps un agent de la Gestapo, du Mikado japonais et de l’état-major militaire français, l’organisateur de sabotages en URSS, d’assassinats de masse –, une commission internationale conduite par le philosophe américain John Dewey mène une contre-enquête sur les accusations.
Elle recueille des témoignages et vérifi e la « solidité » des accusations. En avril 1937, elle se rend à Coyoacán (Mexico) où réside Trotsky pour l’interroger. Celui-ci répond aux questions et revient sur l’histoire de la Révolution russe et de son funeste destin, sur sa vie depuis ses premiers engagements, sa rencontre avec Lénine et le déroulement de la Révolution d’octobre. Mais, surtout, il nous livre son témoignage et ses analyses sur la dégénérescence bureaucratique de l’URSS. Il détaille le fonctionnement de l’appareil policier de Staline et le déroulement des procès Moscou. Sous le feu des questions de la commission, il met en pièces les accusations et démontre les invraisemblances des faits allégués.
Trois ans avant son assassinat par un agent de Staline, il nous propose sa part de vérité et nous livre le témoignage vivant d’un acteur de premier plan du déroulement tumultueux de l’Histoire. Publié en 1938, ce contre-inerrogatoire est resté inédit en français.
Les membres de la commission John Dewey, philosophe et pédagogue américain, professeur à l’Université de Columbia. John Chamberlain, avocat américain, critique littéraire au New York Times. Edward Ross, sociologue américain. Benjamin Stolberg, journaliste et militant ouvrier. Carlo Tresca, anarcho-syndicaliste américain. Suzanne LaFollette, écrivain. Alfred Rosmer, membre du comité exécutif du Komintern (1920-1921), rédacteur en chef de L’Humanité (1923-1924). Otto Rühle, socialiste allemand, compagnon d’armes de Karl Liebknecht. Wendelin Thomas, dirigeant de la révolte des marins allemands (1918), puis député au Reichstag. Francisco Zamora, ancien membre du comité exécutif de la Confédération du travail du Mexique, professeur d’économie politique. John Finerty, conseiller juridique de la commission, fut l’avocat de Sacco et Venzetti
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