Édition du 17 décembre 2024

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Avis de tempête

Adresses n°7 : internationalisme et démocr@tie

Nul n’osait le prévoir, Trump est élu président des États-Unis. Les Républicains MAGA (Make America Great Again) sont majoritaires au Sénat et à la Chambre des représentants, sans oublier la Cour suprême.

Il ne s’agit pas d’un simple événement électoral mais d’un bouleversement qui a déjà des impacts dans le monde entier, comme pour la majorité des populations civiles.

Nous proposons quelques éclairages sur l’élection étasunienne et sur les possibilités de résistance. Les élections américaines ne sont pas, hélas, exceptionnelles dans ce monde en profondes mutations [1].

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Adresses n°7

Beaucoup encore refusent de voir Vladimir Poutine et l’armée russe bombarder les équipements énergétiques et sociaux vitaux pour la population ukrainienne. Et multiplier les crimes de guerre. Un nouveau pas a été franchi avec l’utilisation de missiles balistiques, possibles vecteurs d’ogives nucléaires. La guerre contre les populations ukrainiennes est aussi une guerre contre les populations de la fédération de Russie [2].

Le temps du néolibéralisme semble passé

Une nouvelle conjoncture apparaît, où des gouvernements, sous des formes plus ou moins autoritaires, vont amplifier les politiques de privatisations, d’expropriations, d’inégalités et de contrôle social.

Comment appréhender et nommer ces nouvelles formes politiques ? Certain·es parlent de fascisme [3], d’autres de postfascisme, comme par exemple, Gaspar Miklos Tamas, à propos du régime de Viktor Orbán [4].

Si nous voulons encore espérer que ce triste conte d’hiver puisse se transformer par nos actions collectives en souriant conte de printemps, il nous faut analyser, au niveau mondial comme au niveau local, les similitudes et les particularités, les effets sociaux et les contradictions de ces régimes.

Nous devons aussi faire connaître les actions propres de groupes humains [5], les dialogues entre Palestiniens et Israéliens, les mobilisations – aussi fragmentaires soient-elles – qui rompent les inerties favorisées par l’individualisme et la guerre de toustes contre toustes.

Certains bouleversements au 20e siècle ont suscité des enthousiasmes. Bien des espérances se sont effondrées dans des dictatures et des crimes de masse, que certain·es ont cependant continué à nommer « socialisme », « communisme [6] », d’autres, souvent les mêmes, ne peuvent pas dépasser l’anti-impérialisme des imbéciles [7].

Il ne s’agit pas de refaire ou d’effacer l’histoire, mais bien de rendre visibles les fils tissés entre refus, résistance et espérance. Nous pouvons nous appuyer sur des déjà-existants, des biens communs, des solidarités locales ou plus larges.

Contre le roi marché, Samuel Farber nous propose de discuter aujourd’hui de Cuba [8] et Meron Rapoport nous propose des conversations inégales entre un Palestinien et un Israélien [9].

Il importe aussi de développer les analyses qui nous permettent de comprendre les évolutions politiques et leurs résonances de régions en régions. Voir l’article de Joy Asasira : « Les femmes africaines victimes de Trump [10] ».

Une preuve évidente de cette profonde transformation au-delà des crimes, des pogroms, des génocides c’est bien le fait que certains gouvernements ne reconnaissent pas la Cour pénale internationale (CPI) et s’affranchissent d’instances qui limitent leurs actions potentiellement criminelles. Cela en dit long sur la victoire actuelle de la logique « souverainiste » sur les droits communs des êtres humains. Aucun gouvernement ne devrait pouvoir se dérober et refuser les actions de la CPI ou de la Cour internationale de justice (CIJ). De plus, il ne sauraient y avoir d’immunité ni d’impunité pour des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité.

Quelles que soient les limites actuelles du droit international et de ses instances. Monique Chemillier-Gendrau souligne que « le monde d’aujourd’hui, devenu un village par la puissance des communications et du commerce, ne dispose pourtant pas d’un droit commun à l’application effective [11] ».

Penser le droit commun, comme émancipateur, est un point d’appui nécessaire pour appréhender le chaos du monde qui voient de nombreux pays sortir de leurs « démocraties » et rompre avec leurs valeurs fondatrices. Ce mouvement de bascule ne fait hélas que s’amorcer.
Bonne lecture.

Au moment du bouclage…

Le régime criminel de Bachar al Assad est tombé

Au souffle de l’élection de Trump se mêlent les effets tragiques du 7 octobre. L’équilibre instable du Moyen Orient est bouleversé par la destruction de Gaza menée par Israël, le ciblage du Hezbollah. L’Iran, sans ses alliés (Hamas, Hezbollah) se retrouve en position de faiblesse. La Russie toujours plus acharnée dans sa guerre contre l’Ukraine voit ses opérations de déstabilisation se retourner contre elle. La Géorgie est proche d’un nouveau Maïdan et la population roumaine n’accepte pas le trucage des élections.

L’instabilité est renforcée dans la région alors que les puissances du processus d’Astana (Russie, Iran, Turquie) tentent d’éviter une perte d’influence pour les deux premiers et surtout l’irruption directe des populations suppliciées.

Les gouvernements de la Russie et de l’Iran ont subi un revers durable, celui de la Turquie semble renforcé. Cela se répercutera inévitablement sur les autres conflits, sur l’équilibre des BRICS et sur les rapports internationaux à l’investiture de Trump. Et celui au pouvoir à Pékin devra sortir de son silence.

Il est maintenant nécessaire et possible de revenir aux aspirations initiales de la révolution syrienne, à savoir la démocratie, la justice sociale et l’égalité, tout en respectant le droit à l’autodétermination des Kurdes et de toutes les minorités.

Notes

1. Bill Fletcher Jr., « Comment se défendre dans la nouvelle période Trump », p.7 ; Frieda Afary, « Donner du sens à la victoire de Trump et à la résistance », p. 11.
2. Ilya Budraitskis, « Poutine mène une guerre culturelle contre le peuple russe », p.28.
3. Taki Manolakos, « La fin du néolibéralisme préfigure la montée du fascisme », p. 15.
4. Gaspar Miklos Tamas, « Naissance du postfascisme dans la Hongrie de Orban », p. 19.
5. Oleksandr Kyselov, « Ukraine : la force vient de l’intérieur », p. 44.
6. Ilya Budraitskis, « L’impérialisme politique russe et la nécessité d’une alternative de gauche mondiale », p. 31.
7. Voir les précédents numéros d’Adresses.
8. Sam Farber, « Cuba : “libre” marché ou planification démocratique ? », p. 47.
9. Meron Rapoport, « Conversations inégales », p. 53.
10. Joy Asasira, « Les femmes africaines victimes de Trump », p. 59.
11. Monique Chemillier-Gendreau, « L’échec du droit international à devenir universel et ses raisons », p. 39.

Didier Epsztajn, Michel Lanson, Patrick Silberstein

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Adresses n°7

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