Pensons aux enjeux féministes quasi absents des débats, malgré une année qui a été marquée par la vague de dénonciation #metoo #moiaussi. Pensons à la façon dont l’immigration a été réduite à des quotas et des mesures de contrôle, sans aucune considération pour les droits humains et les discriminations systémiques que vivent les personnes racisées. Pensons aux enjeux environnementaux qui passent en second dans un discours ou on continue à prôner une croissance économique infinie pourtant nocive à notre planète. Pensons à la pauvreté qui touche 800 000 personnes au Québec et que l’on peut qualifier de violation des droits humains. Pensons aux enjeux de logement, d’itinérance, d’analphabétisme, de santé mentale, etc. Pendant que ces sujets sont occultés, les organismes communautaires, quant à eux, ramassent les pots cassés causés par l’austérité et sont au quotidien le dernier rempart de la population, surtout pour les personnes vivant diverses formes de marginalisation.
Plus encore, nous sommes abasourdi.es de constater qu’aucun parti politique ne se soit encore prononcé sur les façons dont il soutiendrait la participation citoyenne et le développement social du Québec.
Aux derniers débats des chefs à Radio Canada et à TVA, nous avons entendu quelques chefs plaider en faveur de la privatisation de la santé et de l’éducation sans égard aux réseaux de CLSC et de CPE, notamment, qu’on démantèle et dont on essouffle le personnel en coupant dans leurs moyens. Est-il encore nécessaire de rappeler que ces modèles avant-gardistes ont été proposés et instaurés par les communautés pour répondre à leurs besoins ? Si nous ne voulons pas que le pouvoir soit concentré entre les mains d’une élite et que les politiques soient élaborées en déconnection totale avec la réalité des gens, il est essentiel que nos politicien.nes comprennent que ces lieux communautaires sont les endroits où s’exerce une réelle participation citoyenne. Ils sont soutenus par 424 000 bénévoles et portés par plus de 60 000 travailleuses et travailleurs, ce qui en fait un secteur d’emploi plus important que l’agriculture et la fonction publique.
Pourquoi mieux soutenir les organismes communautaires ? Parce qu’ils sont, depuis plus de cinq décennies, au cœur des grandes avancées sociales du Québec. Ils ont permis d’obtenir des gains majeurs pour l’ensemble de la population. Que l’on pense aux services d’aide juridique ou aux CPE, des modèles inspirés par le communautaire comme l’ont également été les CLSC, ou encore au mariage entre personnes de même sexes, au moratoire sur les gaz de schiste ou à l’adoption de la Loi visant à éliminer la pauvreté, ces victoires collectives sont le résultat de luttes auxquelles le communautaire a largement contribué. En réalité, existe-t-il une seule politique sociale qui ne soit pas le résultat des pressions menées par les différents mouvements sociaux ?
Alors que plus de 350 courriels ont été envoyés aux télédiffuseurs pour qu’une question sur le soutien aux organismes communautaires soit posée lors du débat des chefs, que tous les chefs et porte-paroles des partis ont été interpellés et que l’ensemble de leur candidats et candidates ont été rencontrés directement dans leur circonscription, aucun parti n’a pris la peine de signifier publiquement ses engagements en la matière.
Cela nous force à croire que les groupes communautaires sont pris pour acquis et sont perçus par les politicien.nes comme des prestataires de services bon marché.
Face à ce désengagement de l’État envers le communautaire, plusieurs organismes réduisent les heures d’ouverture, procèdent à des fermetures temporaires et de plus en plus ferment leurs portes définitivement. Cela ne peut plus durer. Il y a urgence d’agir et un changement de cap est nécessaire. Car investir dans le tissu social et le communautaire est garant de la vitalité de notre démocratie et du bien-être de notre société.
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