Tiré de Politis.
C’est le principal événement de la soirée d’hier. Le président en titre de Les Républicains a sèchement été éliminé au premier tour de la primaire que son parti organisait. Une primaire dont il aurait bien voulu se passer mais à laquelle il n’a pu s’opposer et qu’il pensait toutefois pouvoir remporter comme il avait repris la présidence de l’UMP à l’automne 2014. Mais s’il s’était imposé aisément (64,5%) face à Bruno Le Maire et Hervé Mariton, il y a deux ans, il s’est effondré hier (20,6 %) face à des concurrents d’une autre dimension. Les scrutins n’étaient pas non plus de même nature ; la pugnacité, l’outrance et le culot qui plaisaient tant aux 165 000 militants votants de 2014 ont majoritairement rebuté les 4 millions d’électeurs de droite qui se sont déplacés hier.
Nicolas Sarkozy ne retournera donc pas à l’Élysée, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Comme Valéry Giscard d’Estaing avant lui, sont retour en politique se solde par un échec. Il semblait hier en avoir tiré définitivement les conséquences. « Si je perds, j’arrête la politique », avait-il dit, un matin en 2012, face à Jean-Jacques Bourdin, alors qu’il était en campagne pour sa réélection. On l’imagine mal se dédire après la déclaration officielle prononcée hier soir dans laquelle il reconnaît la défaite que lui a infligé son camp :
Il est temps maintenant pour moi d’aborder une vie avec plus de passions privées et moins de passions publiques. Bonne chance à la France, bonne chance à vous mes chers compatriotes, soyez certains que Français je suis, Français je reste, et que tout ce qui de près ou de loin touche à la France me touchera toujours personnellement. (...) Je n’ai aucune amertume, je n’ai aucune tristesse, et je souhaite que le meilleur pour mon pays, pour vous mes chers compatriotes, et pour celui qui aura à conduire ce pays que j’aime tant. La droite a donné une bonne image, j’ai été heureux de participer à ce combat, au revoir à tous.
Une page de la vie politique se tourne. Mais le sarkozysme ne disparaîtra pas pour autant de sitôt.
Laurent Wauquiez, président par interim de Les Républicains, désigné par Nicolas Sarkozy, est bien placé pour faire vivre l’héritage dans sa version Matuvu, brutale et sans complexe, ultra-sécuritaire, pro-business et ultra-conservatrice.
Dans un registre plus discret, besogneux et très thatchérien, mâtiné de bondieuseries à la sauce Manif pour tous, François Fillon, qui fut cinq ans durant le Premier ministre de Nicolas Sarkozy, dont il partage l’intégralité du bilan à la tête de l’Etat (2007-2012) a le vent en poupe. C’est d’ailleurs de ses choix politiques que Nicolas Sarkozy s’est dit hier soir « le plus proche » après que les électeurs de la droite aient préféré à 44,2 % celui qu’il désignait, avec une condescendance teintée de mépris, comme son « collaborateur », loin devant Alain Juppé (28,5 %), pourtant moins modéré qu’on nous le présente.
Le sarkozysme a aussi, hélas, une postérité au Parti socialiste avec Manuel Valls. Depuis 2012, ce dernier a repris, dans ses discours et sa pratique gouvernementale, des pans entiers de la politique qui était celle de Nicolas Sarkozy, sur des sujets aussi importants que les questions de sécurité, d’ordre, la gestion des différentes communautés dans le pays, la question des Roms, de l’islam, des religions.
Or, le Premier ministre ne cache pas vouloir briguer la succession de François Hollande. Dès la fin de l’année, si le président de la République décidait de ne pas se représenter. Au lendemain de son inéluctable défaite au printemps prochain, s’il parvenait à passer l’obstacle de la primaire du PS.