D’autant plus que le chef du PQ en proposant une alliance avec QS pour se débarrasser du Parti libéral dans Verdun rejetait le résultat de l’échec de cette partielle sur le dos de QS alors que son propre parti est en pleine déconfiture dans Verdun et que QS avait sa candidate et sa campagne en marche depuis un certain temps. C’est facile de rejeter la faute sur le dos des autres.
Dans ce contexte d’attaque du PQ, le débat sur la convergence prenait donc une autre signification.
Un conseil nouveau genre de prise de décision
Ce débat dans QS prenait forme depuis un certain temps au comité de coordination de QS. QS souffrait même d’un retard à répondre à cette question. Mais si la discussion tardait à se trancher c’est que des positions différentes voyaient le jour : prendre une chance d’aller avec les autres forces souverainistes au OUI-QUÉBEC en ne laissant pas la chaise vide, en ne se faisant pas étiqueter de souverainiste mou, en ne portant pas une image de vouloir s’isoler et en tenant ferme nos positions et nos valeurs (Option 2) ou d’un autre côté tirer un bilan clair du PQ comme parti néolibéral, rompre définitivement avec tout travail en commun et prendre l’initiative pour construire avec les forces progressistes, indépendantistes et féministes une autre coalition large et militante (Option 1).
Pour la première fois, les militantes et militants de QS ont eu un vrai débat politique à partir de textes soumis à la discussion. Ce n’était plus une ou deux propositions seulement soumises au vote, mais toute une analyse proposée à la réflexion. Et cela a fait toute la différence même si le temps pour les membres de QS était assez court pour s’emparer de toutes ces idées.
La conjoncture de l’élection à la chefferie au PQ et la proposition piège de Verdun sont venues chambouler les débats. La position invoquant la nécessité de participer au OUI-QUÉBEC a dû un peu changer son cadre d’action, car le report d’un référendum en 2022 changeait complètement la donne pour la convergence des forces souverainistes.
C’est pourquoi la coordination nationale de QS est arrivée avec une nouvelle proposition de chantiers de réflexion et d’actions pour les alliances. Cette proposition laissait beaucoup de flous sur les rapports avec le PQ malgré le ralliement des deux options à la mise en place des chantiers.
Cela a nécessité de changer les modalités de discussion à QS vu que les assos n’avaient plus le temps de disposer de cette nouvelle proposition. Des ateliers de discussion au Conseil national ont donc fait lieu de débat le samedi matin.
Les positions adoptées
Les positions adoptées vont dans le sens de la proposition acceptant la feuille de route du OUI-QUÉBEC, mais les chantiers de réflexion et les actions sur l’indépendance n’en font pas un acquis pour le PQ.
Au contraire, les membres de QS tiennent à assister aux rencontres avec les autres souverainistes au OUI-Québec, mais sans jamais faire de compromis sur les valeurs et le programme de QS. Cela signifie un jeu diplomatique important que la direction de QS doit tenir en compte.
De plus, il existe une couche très réfractaire au PQ qui se situe clairement à gauche et qui se définit comme socialiste, écologiste, féministe et qui n’acceptera jamais un travail en commun ni un partage de circonscriptions avec le PQ. Cette aile a fait des propositions de campagne sur l’indépendance et de priorité à l’indépendance pendant la prochaine campagne électorale. Mais ces propositions ont été jugées irrecevables. Cependant les conditions très claires de respect des valeurs et du programme de QS demeurent.
Une étape de croissance
En fait, ce débat se situe dans une étape de croissance de QS. Petit parti de trois personnes député-e-s avec un 10% de suffrages assurés partout au Québec, cela place QS au début d’un rapport de forces avec les autres partis politiques. On doit tenir compte de cela dans l’échiquier politique. Il n’est pas surprenant que la couverture médiatique commence à se faire meilleure.
Mais en même temps comment QS peut-il demeurer un parti de la rue tout en continuant sa progression comme parti des urnes ? Même si QS a mis des conditions précises aux alliances, ce qui ressortait au lendemain du Conseil national c’est que QS ouvre la porte au PQ.
Faire des amendements avec le PQ pour le projet de loi P70 sur les coupures à l’aide sociale a posé bien des questions chez les militantes et militants des groupes de défense des personnes assistées sociales. Pourquoi ne pas laisser l’odieux de la proposition au PLQ alors que déjà les amendements de couper seulement les nouvelles demandes étaient dans l’air ? Le bâillon de l’Assemblée nationale aurait été plus clair. Par chance, nos personnes députées ont fait un geste de protestation lors du vote ( qui leur a valu une réprimande du président de l’Assemblée nationale), ont émis leur horreur en conférence de presse qui montraient leurs liens avec les groupes communautaires en défense des droits. Mais, il s’en est fallu de peu de chose pour détruire nos liens privilégiés avec ces groupes.
Il est donc difficile de lier les urnes et la rue. Établir des liens avec le PQ rendra cette tâche encore plus difficile surtout auprès de la population en général qui percevra plus difficilement les différences entre les formations politiques. Le prix risque d’être lourd à payer.