« La décision n’a pas été facile à prendre, même si cela fait des mois que j’y songe. Mon intention de quitter le NPD a été précipitée, entre autres, par les positions du Parti sur le conflit Israélo-palestinien ». Rappelons qu’après le début des violences en Israël, le NPD est passé par différentes positions.
« Le premier communiqué que le NPD a émis est clairement ignoble à mes yeux. On y déclarait grosso-modo que Israël a le droit de se défendre contre les attaques terroristes du Hamas ». Par la suite, certainement à cause de pressions au sein et à l’extérieur du parti, la position a quelque peu évolué vers quelque chose de moins clairement pro-Israël. Quelques sorties médiatiques et quelques tweets plus tard, la position officielle du parti devenait celle d’un parti qui voulait sauver les petits palestiniens en les faisant soigner au Canada.
« Pour moi, il s’agit juste de lisser l’image du NPD en essayant, tant bien que mal, de prendre une position moins catégorique, mais au fond ce n’est un leurre pour personne. Lorsqu’on fait de la politique, on se doit d’avoir une position claire sur tout. Décréter que nous sommes pour la paix au Proche-Orient, ce n’est pas une position, c’est même une non-position, une façon d’éluder la question et de remettre à plus tard une discussion sur un sujet qui « fâche ». »
En 2012, lors de la course à la chefferie du parti, la députée néo-démocrate avait décidé, finalement, de soutenir la candidature de Brian Topp. « Au plus fort des sondages qui menaient Tom en tête, ma décision n’était certes pas stratégique, mais elle venait du coeur. » Sana Hassainia déclare alors qu’après avoir eu connaissance de certaines positions que Thomas Mulcair avait prises concernant le conflit israëlo-Palestinien, il était devenu comme une évidence pour elle de ne plus soutenir sa candidature. « Qu’on le veuille ou pas, j’ai eu le courage d’affronter l’ire de celui qui allait devenir mon Chef de parti. J’ai même payé ce qui a été vu comme un manque de loyauté en étant démise de mes fonctions au sein du comité de la Condition féminine et en me voyant reléguée dans les sièges du fond à la Chambre des Communes. »
Cette façon de faire lui avait fortement déplu à l’époque et lui est resté un peu en travers de la gorge. « La conclusion était assez claire : ceux qui avaient soutenu la candidature de Thomas Mulcair avaient été récompensés pour leur loyauté, et les autres étaient punis…ce n’est pas comme ça que je veux travailler en politique ». Cette façon de faire avait aussi déplu à plusieurs « anciens » du parti, qui ont d’ailleurs remis leur démission dès l’élection du nouveau chef.
« J’ai quitté la Tunisie pour ne plus avoir à subir cette primauté de la pensée unique, cette omertà dès qu’on aborde certains sujets, cette façon de favoriser certains en ayant deux poids, deux mesures, cette façon de nous faire taire en nous infantilisant lorsque nous ne sommes pas d’accord et cette obligation de suivre une ligne de parti qui ne représente pas forcément nos valeurs. Je n’ai pas envie de revivre ça au Canada, pays des libertés et des valeurs. Pour moi, un Chef de Parti doit être aimé comme l’était Jack Layton et non craint. Aujourd’hui, j’ai le courage de poser un geste significatif, de me délester d’un gros poids et d’assumer mes convictions. Ce soir je dormirai sur mes deux oreilles, et demain je pourrai me regarder dans le miroir avec fierté »
La députée de Verchères-Les Patriotes siégera donc en indépendante jusqu’à la fin de son mandat. « Je continuerai à servir et représenter les citoyens de Verchères-Les Patriotes jusqu’à la fin de mon mandat. J’en profite d’ailleurs pour les remercier de la confiance qu’ils me témoignent ».