C’est là qu’entre en scène Rosa Luxemburg. C’est une dure de dure qui a fait les batailles en Pologne, en Russie, en Allemagne, qui ne craint ni Dieu ni César, même pas les chefs de son grand parti socialiste allemand. Pour Rosa, il faut appuyer l’initiative des masses et ne pas tergiverser sur les principes en ne faisant pas de compromis avec d’autres forces politiques (notamment les partisans de l’indépendance polonaise). Elle pense aussi que Lénine et les Russes font erreur en réprimant les revendications démocratiques sous prétexte de « sauver » la révolution.
Plus tard Antonio Gramsci du fond de sa prison italienne constate que la gauche a voulu aller trop vite en affaire, que la révolution n’est pas seulement une mobilisation temporaire, mais une « guerre de prolongée » où l’art de la politique est de naviguer à travers plusieurs contradictions en s’efforçant de ne pas suivre des schémas établis et qui se fait dans le domaine de la culture, de l’identité, des subjectivités, ce qui va également à contre-courant d’un marxisme « officiel ».
Chacun à leur manière, ces trois personnalités ont laissé derrière eux non pas des recettes, mais des pistes, des méthodes, des explorations créatives. Il peut être utile d’explorer pourquoi et comment ces grandes intellectualités ont travaillé sur leur réel, leur époque, leur mouvement. En effet, plusieurs de ces débats ont traversé les âges : comment s’organiser ? Comment réconcilier la nécessité de confronter des systèmes puissants tout en respectant la démocratie ? Quels liens positifs peuvent être construits entre luttes sociales et nationales ? Il faut réfléchir à cela, sans jamais se complaire dans un passé révolu. Le passé, c’est aussi le présent et parfois même, l’avenir.