Le samedi 1er juin, sur l’heure du dîner, quelques centaines de manifestant·es se sont rendu·es devant le Parlement pour faire du bruit en marge du rassemblement anti-avortement organisé par la Campagne Québec-Vie. À peine 5 minutes après leur arrivée, une travailleuse du RGF-CN, une des organisatrices de l’action, s’est fait violemment maîtrisée et remettre une contravention pour avoir traversé la rue.
De plus, vers 14h30, une quinzaine de minutes seulement après l’arrivée de la manifestation Riposte Pro-choix devant l’Assemblée nationale les forces de police ont expulsé et escorté l’ensemble des manifestant·es pro-choix jusqu’au boulevard René-Lévesque, pour laisser la zone de manifestation aux militants anti-avortement. Le SPVQ était pourtant bien informé de cette action. Le cordon de police a été rapide et
brusque avec les manifestantes pro-choix : elles ont été bousculées, levées de force de la pelouse, etc.
« La LDL-Qc est profondément troublée par la restriction de la liberté d’association et de réunion pacifique des citoyen·nes qui s’étaient réuni·es à Québec pour réitérer l’importance du droit à l’avortement. L’organisme exprime sa plus haute consternation devant la brutalité et la disproportionnalité des gestes posés par le SPVQ lors de l’arrestation d’une des organisatrices. Elle joint sa voix au mouvement de dénonciation présentement en cours pour exiger des autorités de faire la lumière sur les événements du 1er juin. La Ville de Québec et le SPVQ doivent s’engager à renverser la tendance dangereuse à museler et judiciariser les mouvements sociaux », rappelle Sophie Marois de la Ligue des droits et libertés - section de Québec
« Je ne pouvais plus bouger mon bras, qui était maîtrisé à l’arrière de mon dos. C’était douloureux. Pourquoi le policier a-t-il refusé de me parler lorsque je l’ai abordé dès notre arrivée pour lui expliquer le déroulement de notre action ? Pourquoi cette contravention alors que la rue était alors fermée à la circulation ? Pourquoi ne pas m’avoir simplement dit que j’étais en état d’arrestation ? » s’insurge Anne-Valérie Lemieux Breton du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale. « Alors que nous étions présentes pour dénoncer les tentatives de contrôle du corps des femmes et des personnes trans, la police - composée majoritairement d’hommes - a fait le choix de nous interdire l’occupation de l’espace public et d’utiliser la violence pour nous faire taire. Leur choix était fait : protéger et laisser toute la place aux anti-choix ».
« Je n’aurais jamais pensé vivre tant d’insécurité dans une manifestation et encore moins que celle-ci serait causée par le comportement de la police. Alors que des discours anti-avortement résonnaient, un policier m’a menacée d’arrestation parce que je sifflais trop fort ! Alors que je jasais avec des amies dans un parc à plus de 500 mètres de la scène, une dizaine de policiers nous ont intimées de quitter l’endroit afin de ne pas déranger les anti-choix qui revenaient. Malgré mes questions, ils n’ont fait référence à aucun règlement justifiant notre expulsion. Plus tard, j’ai compté 24 policiers qui nous entouraient, comme si c’était nous les dangereux-ses, alors que sur la scène un homme vociférait des propos violents envers les femmes ayant eu recours à un avortement ! C’était surréel et intimidant ! », dénonce Naélie Bouchard-Sylvain du Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches.
« Je m’étais retirée de la manif pour rejoindre des personnes à l’autre extrémité du parlement. On est trois filles assises, bien zen, à se mettre à jour sur nos vies, et en quelques minutes, il y a un cercle de policiers autour de nous. L’image est quand même forte, nous en bas, eux debout, en hauteur, plus nombreux et imposants. On
repassera pour le sentiment de sécurité. Quel message tordu ça envoie aux anti-choix et à la société québécoise en général ? “Gênez-vous pas les boys pour revenir l’année prochaine, on sera vos gardes du corps privé, on va sortir de force toutes les opposantes à votre mission divine pour que vous vous sentiez bienvenus !” Parce que c’est ça qui s’est passé : ils se sont mis à deux pour me lever de terre et nous forcer à partir », dénonce Marie-Hélène Fortier de la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF).
Le 18 juin 2024, la Coalition pour le droit de manifester à Québec organise un rassemblement devant l’Hôtel de Ville de Québec pour dénoncer le recul du droit de manifester avec notamment l’adoption par l’administration Marchand il y a près d’un an du Règlement sur la sécurité lors de la tenue de rassemblements sur la voie
publique (R.V.Q. 2817).
Pour information :
Catherine Gauthier, Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale
Josyanne Proteau, Ligue des droits et libertés (section de Québec) :
Vania Wright-Larin, Coalition pour le droit de manifester à Québec
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