1. Comment votre parti considère-t-il l’état de la pauvreté au Québec ?
« Il y a moins de gens pauvres qu’il y en avait au Québec, mais les gens pauvres sont vraiment plus pauvres, et c’est un vrai scandale ». Voilà
une citation de Françoise David (dans Le Devoir du 11 mars 2014) qui résume bien la situation pour nous.
2. Selon votre parti, qui sont les personnes pour qui l’insuffisance des revenus est la plus dramatique ?
« Plus de dix ans après l’adoption à l’unanimité par l’Assemblée nationale d’une loi de lutte à la pauvreté, la pauvreté au Québec existe
partout et les femmes en sont encore davantage victimes que les hommes. »
Plus spécifiquement, la plateforme électorale de Québec solidaire contient des mesures pour :
• les personnes en situation d’itinérance, qui sont réduites à l’extrême pauvreté ;
• les familles monoparentales et la prise en compte des pensions alimentaires pour enfants dans le calcul de l’aide sociale et d’autres formes d’aide financière ;
• les personnes issues des communautés culturelles, notamment pour favoriser l’intégration à l’emploi ;
• les femmes autochtones.
Par ailleurs, contrairement aux familles, les personnes seules à l’aide sociale ont connu une baisse de leur revenu réel depuis 2003, et ce n’est pas la bonification accordée depuis février 2014 à une partie de ces personnes qui va régler le problème.
3. Votre parti est-il d’avis qu’au Québec, des préjugés sont exprimés envers les personnes en situation de pauvreté ? Si oui, lesquels ?
On entend beaucoup de préjugés nous laissant croire qu’il s’agit d’un problème individuel : paresse, manque de volonté, fraude, travail au
noir, etc.
Pour Québec solidaire, la pauvreté « n’est ni une fatalité ni une simple responsabilité individuelle. Elle est plutôt la conséquence de choix de société dont celui de laisser s’élargir les écarts de revenu entre riches et pauvres » (Déclaration de principes).
4. Selon votre parti, quel est le montant d’argent dont une personne seule a besoin annuellement pour sortir de la pauvreté ?
La plateforme électorale de QS prévoit d’« augmenter le salaire minimum pour que le salaire avant impôt d’une personne seule travaillant à temps plein corresponde au seuil de faible revenu, puis l’indexer annuellement au coût de la vie » (engagement 1.12).
Le revenu minimum garanti (RMG) proposé dans notre plateforme électorale ne serait donc qu’un premier pas vers l’élimination de la pauvreté. Dans cette optique, le montant du RMG, fixé au départ à 12 600 $, devra être haussé progressivement par la suite. Pour en savoir plus sur notre vision du revenu minimum garanti, voir la fin de ces réponses.*
5. Combien d’heures par semaine une personne devrait-elle travailler pour sortir de la pauvreté ?
Le programme de QS prévoit de « réduire immédiatement la semaine normale de travail à 35 heures pour la ramener graduellement à 32 heures avec possibilité alternative de prolonger les vacances. Le tout sans perte de rémunération ».
6. Que pense votre parti de l’écart de revenu entre les personnes les plus pauvres et celles les plus riches du Québec ?
« Dans les sociétés plus égalitaires, les gens sont plus heureux. Or, au Québec, il y a de plus en plus d’inégalités sociales. Ces inégalités nuisent à tout le monde, riches comme pauvres. Loin d’être naturelles, ces inégalités viennent de nos choix de société » (Plateforme électorale 2014).
7. Si votre parti juge que cet écart est trop important, quels moyens favoriserait-il pour le réduire ?
La première section de la plateforme de QS a pour titre Pour l’amour d’un Québec juste. Elle contient nos propositions pour réduire les inégalités :
• un système d’impôt plus juste ;
• des services publics gratuits et accessibles, et notamment :
— l’éducation gratuite de la maternelle à l’université en 5 ans
— des CLSC accessibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7
— le transport collectif augmenté et gratuit en 10 ans
• l’amélioration des conditions de travail :
— augmenter le salaire minimum au seuil de faible revenu
— des mesures pour l’égalité en emploi et contre le travail précaire
— un régime de retraite public et universel
• du soutien au revenu :
— revenu minimum garanti, fixé au départ à 12 600 $, pour remplacer l’aide sociale*
— plusieurs mesures de soutien au revenu des familles
• 50 000 logements sociaux pour toutes les catégories de la population et une politique de logement, basée sur l’accès à un logement pour
tous et toutes, et qui inclura la création d’un registre national des baux
• une politique globale en itinérance, y compris pour les autochtones en milieu urbain
• des mesures pour l’intégration des personnes issues de l’immigration et des communautés culturelles,
• du soutien aux organismes communautaires, notamment en augmentant le financement de leur mission de base.
• des mesures pour créer et conserver des emplois (détails à la réponse 9)
8. Quel lien votre parti fait-il entre la lutte contre la pauvreté et la lutte contre l’appauvrissement de la classe moyenne au Québec ?
Lutter contre la pauvreté et lutter contre l’appauvrissement de la classe moyenne, c’est le même combat.
C’est pourquoi Québec solidaire s’oppose à la taxe santé et aux augmentations de tarifs (électricité, CPE, frais de scolarité, etc.) qui accaparent une proportion plus importante du budget des gens les plus pauvres, mais poussent aussi des gens de la classe moyenne vers la pauvreté.
9. En 2015, le gouvernement du Québec devra adopter un nouveau plan d’action en matière de lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale, selon votre parti, quelles mesures devraient être mises en place de façon prioritaire pour la période de 2015 à 2020 ?
En plus des mesures énumérées à la réponse 7, notre plateforme prévoit des orientations et mesures pour créer et conserver des emplois :
• encourager les entreprises qui créent des emplois tant pour les femmes que pour les hommes, et qui respectent l’environnement et les
valeurs sociales ; (3.9 a)
• soutenir les entreprises locales qui transforment au Québec des ressources et des produits issus de ses régions ; (3.6 b)
• soutenir les instances des Premières Nations vouées au développement économique et social ; (3.6 c)
• soutenir la relève locale ; (3.6 d)
• en cas de fermeture ou délocalisation d’entreprises, prendre possession des installations en bon état pour les transmettre à une nouvelle
entreprise ; (2.10)
• favoriser l’émergence d’entreprises autogérées et socialisées, notamment des coopératives de travailleurs et travailleuses. (2.10)
10. Si ces actions nécessitent des dépenses supplémentaires, comment le gouvernement du Québec devrait-il les financer ?
Fiscalité
« Pour rétablir un système d’impôt plus juste, Québec solidaire :
a) ajoutera des paliers d’imposition (10 paliers au lieu des 4 actuels) pour mieux tenir compte des différences de revenu
b) appliquera ces paliers à tous les types de revenus, sauf certaines exceptions ;
c)révisera l’impôt des entreprises pour qu’elles paient leur part du financement de l’État ;
d) rendra les aides fiscales conformes aux priorités mises de l’avant par Québec solidaire ;
e) combattra l’évitement fiscal et l’évasion fiscale ;
f) rétablira la taxe sur le capital des sociétés financières » (engagement 1.1).
Économie sur le coût des médicaments en créant Pharma-Québec, un pôle public d’acquisition, de recherche et de production de médicaments, en même temps qu’un régime public d’assurances-médicaments, nous économiserons sur les médicaments et pourrons injecter cet argent dans le système de santé
(engagement 1.10).
g) Redevances sur les ressources naturelles
Québec solidaire « mettra en place un système adéquat de redevances sur l’extraction et l’utilisation industrielle des ressources naturelles, y compris l’eau, en s’assurant que les retombées soient réparties équitablement entre les régions et l’État » (engagement 3.8 c).
* À propos du Revenu minimum garanti
Le projet a été précisé depuis 2012 :
« Pour éliminer la pauvreté, Québec solidaire remplacera l’aide sociale par un revenu minimum garanti (RMG). Ce revenu attribué à toutes
les personnes admissibles, quelle que soit leur situation,
a) sera d’abord fixé à 12 600 $ et augmentera peu à peu par la suite ;
b) comblera la différence entre les revenus d’une personne et 12 600 $. Cependant, les allocations familiales et les crédits pour TPS et pour
solidarité seront entièrement conservés, de même que les pensions alimentaires pour enfants. Les revenus d’emploi seront en partie conservés ;
c) sera versé sur une base individuelle aux personnes de 18 ans et plus ;
d) au début, les étudiant-es ne recevront pas le RMG, mais, par la suite, il remplacera aussi l’aide financière aux études ;
e) Cette mesure vise à éliminer la discrimination liée aux différentes catégories à l’aide sociale : toutes les personnes bénéficiant du RMG seront traitées sur un pied d’égalité. De plus, l’aide sera accordée à une personne indépendamment de sa situation familiale. Les personnes qui sont présentement sans chèque y seront admissibles » (engagement 1.18).
Nous sommes conscients que le montant de 12 600 $ établi comme base de départ serait insuffisant pour couvrir les besoins essentiels. Il représente tout de même une amélioration significative pour la majorité des personnes assistées sociales, surtout les personnes jugées aptes au travail et celles qui vivent en couple. Tel quel, ce projet représente des dépenses estimées à 3,5 milliards $ par année. Nous comptons augmenter le montant du RMG à mesure que les finances de l’État le permettront, mais il faudra d’abord augmenter les revenus de l’État (voir réponse 10), ce qui demandera un certain temps.