Édition du 12 novembre 2024

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Lettre ouverte à Québec solidaire

Repenser la démocratie : ébauche de proposition pour Québec solidaire

Lors de son discours comme nouvelle députée de St-Marie-St-Jacques, Manon Massé a affirmé qu’elle avait le désir de travailler à la construction d’une réelle démocratie participative dans le cadre du système démocratique actuel. Ce texte a comme objectifs de soumettre des propositions pour QS, Manon Massé et l’équipe de St-Marie-St-Jacques et d’inciter les gens à débattre des moyens de renouveler le système politique actuel qui est totalement déficient.

En commençant, je tiens à préciser que j’appuie les initiatives d’assemblées citoyennes déjà existantes où les élu-e-s de QS rendent compte de leur travail, répondent aux questions des gens ou échangent avec ceux-ci sur des enjeux importants. En plus de ce type d’assemblées, je crois que QS devrait multiplier la mise sur pied d’initiatives visant à remettre le pouvoir démocratique entre les mains des citoyen-ne-s. Dans cette optique, QS devrait mettre sur pied des assemblées citoyennes décisionnelles dans les circonscriptions où le parti a des élu-e-s. Plus précisément, les député-e-s pourraient bâtir au moins un projet de loi qu’ils et elles déposeraient avec la population de la circonscription où ces personnes ont été élues. Concrètement, cela serait un moyen de mieux faire connaître le mode de fonctionnement du système parlementaire à un plus grand nombre de personnes, afin de déprofessionnaliser la politique et de permettre aux gens de mieux connaître les limites et aspects positifs du système politique actuel. L’instauration de cette initiative viserait à redéfinir le rôle des député-e-s, à réfléchir collectivement sur la démocratie et à préparer les citoyen-ne-s à un ensemble de propositions de démocratie participative déjà présentes au sein du programme de Québec solidaire. Par exemple, le processus de la constituante ou la gestion des cégeps et universités par une majorité d’acteurs internes.

Sur le plan pratique, ces assemblées ne seraient pas seulement un lieu où on écoute les gens, mais deviendraient des lieux où la population aurait un réel pouvoir sur des projets de loi déposés par les député-e-s solidaires à l’Assemblée nationale. Les personnes élues deviendraient les porte-paroles à l’Assemblée nationale de propositions élaborées par les citoyen-ne-s. Sur un plan plus technique, cette proposition de projet de loi pourrait être adoptée dans le cadre de deux assemblées citoyennes. La première, où les gens débattraient du thème général qu’ils désirent voir dans le projet de loi et où un comité citoyen pourrait être mis sur pied pour écrire une ébauche de proposition qui serait soumise à une autre assemblée. La deuxième assemblée pourrait avoir lieu un mois après et les personnes présentes pourraient y proposer des amendements et adopter les principes généraux qu’elles désirent voir dans le projet de loi qui serait déposé à l’Assemblée nationale. Plusieurs autres idées et modèles pourraient être mis sur pied. Par exemple, une consultation par Internet et par lettre avant la première assemblée afin de classer à l’avance les thèmes des propositions pour faciliter la première assemblée.

À plus long terme, ces propositions permettent de réfléchir sur les moyens de mettre en place plusieurs mesures dans le programme de QS. Si les gens n’ont pas préalablement débattu des propositions de QS et même s’ils sont en accord avec celles-ci, QS n’aura jamais à lui seul le rapport de force face aux classes dominantes pour mettre sur pied son programme. Des conversations avec des membres de QS m’ont fait constater que plusieurs croient qu’il sera très facile une fois « au pouvoir » de réaliser les propositions au sein du programme de QS. En plus du fait que les classes dominantes ne nous feront pas de cadeaux, il faut se demander comment QS évitera de faire les mêmes erreurs que les autres partis de gauche qui, une fois au pouvoir, ont été portés à diluer leur programme. Pour mettre sur pied plusieurs des mesures actuellement proposées par QS, une forte mobilisation au sein de la population sera nécessaire. De plus, en débattant plus largement de ses propositions, QS ferait preuve de confiance à l’égard de l’intelligence citoyenne, ce qui améliorera d’autant plus les propositions du programme du parti. Les réformes non désirées seront toujours vouées à l’échec. Faisons confiance à la démocratie ! Faisons-nous confiance !

J’espère que mon texte suscitera des débats, car c’est ensemble que nous allons construire une société réellement démocratique. Mon texte se veut une ébauche puisqu’il n’aborde pas plusieurs problématiques comme la participation des femmes et des personnes à faibles revenus. Aussi, plusieurs autres propositions de démocratie participative sont souhaitables. Par exemple, certaines des questions posées par les député-e-s de QS pourraient provenir directement de la population du quartier. À plus long terme, il est possible que ces expérimentations démontrent qu’il faut totalement repenser le système de démocratie représentative et s’inspirer davantage de la démocratie directe. La démocratie et la participation citoyenne s’améliorent par la pratique ; dans cette optique, St-Marie-St-Jacques pourrait devenir un laboratoire d’expériences nouvelles de démocratie participative.

Véronique Martineau

Front commun des personnes assistées sociales du Québec

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