Ce document mentionne notamment des pistes de solution en soulignant un immense potentiel hydroélectrique, une énergie « propre », le nucléaire, et différentes autres mesures … et une seule page à l’efficacité énergétique.
Le document de référence fait étonnamment miroiter que le potentiel hydroélectrique québécois est de 42 400 MW, plus que les installations existantes évaluées à 38 400 MW ! Or, les références bibliographiques indiquent que ni Hydro-Québec ni le gouvernement du Québec n’ont été consulté. Le potentiel réel est environ 10 fois moindre. Qui plus est, les centrales hydroélectriques causent d’importants impacts biologiques et sociaux qui ne sont aucunement traités dans le document.
Par ailleurs, le prix de référence utilisé pour de nouveaux ouvrages hydroélectriques (67,8 $/MWh pour 2022) est nettement sous-estimé. À titre d’exemple, au Québec, Hydro-Québec devra payer 101 $/MWh en 2022 pour les projets de petites centrales imposés par le gouvernement provincial. Le coût du projet Romaine est, lui aussi, largement supérieur à ce montant car il ne faut pas oublier d’inclure les lignes de transport. Et il ne doit surtout pas faire abstraction que le coût de vente à l’exportation est inférieur à 50 $/MWh.
Sur le plan environnemental, les barrages hydroélectriques inondant des dizaines, voire des centaines de kilomètres carrés de territoire produisent de vastes quantités de GES et un important contaminant, le méthyl-mercure. Avec l’inondation des territoires, la matière végétale non récoltée se retrouve sous l’eau et sa décomposition produit du méthane, un gaz ayant un potentiel de réchauffement 20 fois plus important que le CO2. Il est conséquemment faux d’affirmer que « Le Canada a déjà l’un des réseaux d’électricité les plus propres du monde, avec plus de 80 % de l’électricité générée de sources qui ne produisent pas de gaz à effet de serre comme les technologies hydroélectrique, éolienne, solaire et nucléaire. »
Au Québec, les conclusions de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec présentées en 2014 dans le rapport Maîtriser notre avenir énergétique n’ont même pas été consultées.
Enfin, toutes ces mesures ne sauront compenser la hausse considérable de GES occasionnée par l’augmentation de la production de sables bitumineux.
1 Stratégie canadienne de développement à faible émission de gaz à effet de serre à long terme pour le milieu du siècle http://unfccc.int/files/focus/long-term_strategies/application/pdf/can_strategie_red.pdf