Par ce projet de loi, le Ministre compte fusionner 19 établissements en Montérégie dont 11 centres de santé et de services sociaux comportant plusieurs hôpitaux, des centres hospitaliers de longue durée, des centres de réadaptation et même un centre jeunesse ! Le nouvel établissement régional, né de cette fusion devra assumer l’ensemble des fonctions, pouvoirs et responsabilités en santé et services sociaux pour tout le territoire.
La Montérégie dessert une population de près de 1 500 000 habitants, couvre un territoire de 11 142 km2, compte 15 MRC et 210 municipalités. Comment pouvons-nous croire qu’un seul établissement de santé sera en mesure de planifier et organiser les besoins d’un aussi grand bassin de population ?
Le projet de loi stipule qu’un seul conseil d’administration sera imputable pour l’ensemble de la région. Un seul et unique conseil d’administration responsable de la mission des centres jeunesse (protection de la jeunesse), des centres hospitaliers, des services locaux communautaires (anciennement CLSC), des centres de réadaptation en déficience intellectuelle et physique, etc., et ce pour une population de 1 500 000. Nous pouvons imaginer que les réunions de ce conseil seront interminables, à moins que... à moins que le conseil d’administration concentre ses efforts, sa planification et ses décisions strictement sur les soins médicaux, les soins offerts dans les hôpitaux.
Mais les organismes communautaires sont très bien placés pour savoir qu’il y a une vie avant et après le séjour à l’hôpital. Et présentement, l’accessibilité aux services qui améliorent et préservent la qualité de vie de notre population est déjà largement en péril. L’accessibilité se traduit par des services de proximité qui sont trop souvent loin des décideurs. Ceux-ci doivent bien connaître les besoins de leurs communautés respectives afin d’organiser et de planifier les services nécessaires. Comment pourront-ils relever ce défi dans une structure pareille ?
Le ministre Barrette doit refaire ses devoirs. Oui, il faut améliorer notre système de santé et de services sociaux et pour cela, il faut agir en amont des problèmes de santé et de services sociaux, il faut de meilleurs services de maintien à domicile, il faut plus de services sociaux, de réadaptation, etc. Le projet de loi 10 ne semble pas être à la hauteur, et c’est même tout le contraire, ce projet de loi risque une fois de plus d’affaiblir le réseau là où les besoins sont les plus criants.