Une métropole à bout de souffle
« Quand j’apprends que Montréal accueille pas loin de 90 % des personnes immigrant au Québec, que près de 25 % d’entre elles ne parlent pas le français et que plus de 10 % échapperont à la francisation. Nous demandons au nouveau gouvernement de mettre en place rapidement une véritable politique d’intégration des nouveaux arrivants. On ne peut plus se contenter de vœux pieux. » C’est en ces termes que le secrétaire général de la FTQ commente le rapport en question.
« On sait qu’un grand nombre de nouveaux arrivants trouveront un emploi dans les petites entreprises, ajoute-t-il, celles qui comptent moins de 50 employés. Or, il s’agit là d’une porte d’entrée sur le marché du travail très peu balisée en ce qui concerne les exigences linguistiques. Peu syndiquée, cette catégorie d’entreprise échappe à la plupart des obligations de francisation. Il faut donc que le nouveau gouvernement se penche rapidement sur cet état de fait qui dure depuis trop longtemps, et qui appelle on ne peut plus à la vigilance. »
Un constat qui appelle à la vigilance
L’expérience de la FTQ sur le terrain est riche d’enseignement : quand on travaille de 5 à 10 ans dans une entreprise où il n’y a pas de langue commune, c’est l’anglais, dans la plupart des cas, que l’on apprend sur le tas : « Le but des nouveaux arrivants est d’abord et avant tout de se trouver un emploi, plutôt que d’apprendre le français. Il appartient donc au gouvernement d’associer étroitement les entreprises aux programmes de francisation », ajoute le secrétaire général de la FTQ.
La conclusion du dirigeant syndical est d’autant plus pertinente que le rapport montre que le pourcentage d’utilisation du français au travail a diminué de 2007 à 2010, que le français comme principale langue de travail est partagé par une faible majorité (58 %) des travailleurs et travailleuses sur l’île de Montréal et que trop peu (17 %) utilisent exclusivement le français.
« L’esprit de la loi 101 veut que l’on intervienne et non qu’on laisse aller. On ne saurait tolérer davantage que Montréal s’anglicise encore plus. C’est le caractère francophone de tout le Québec qui est en jeu, et j’ose espérer que nous ne laisserons pas le Québec devenir une province bilingue. Parallèlement à cela, il faudra que le Québec arrive à mieux répartir les nouveaux arrivants sur son territoire. Il faut une véritable politique de régionalisation », conclut Daniel Boyer.