Édition du 17 décembre 2024

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Environnement

Quid de la gestion des déchets nucléaires de Gentilly ?

Lors de la présente campagne électorale québécoise, un dossier environnemental a été occulté totalement : la gestion des déchets nucléaires canadiens hérités dont fait partie les déchets de Gentilly. Ceux-ci stagnent sur les terrains d’Hydro-Québec depuis 30 ans pour Gentilly-1, propriété du gouvernement fédéral, et depuis 6 ans pour Gentilly-2, propriété d’Hydro-Québec.

Lettre d’opinion, Trois-Rivières, le 23 septembre 2018.

Pourquoi cet omerta nucléaire ? À cause de la solidarité qui s’établit entre membres d’un cercle, en l’occurrence la confrérie uranifère et les gouvernements complices afin de sauvegarder des intérêts communs.

Le cas de Gentilly-1 a été dévoilé il y a deux ans, quand les Laboratoires nucléaires Canadien (LNC), successeur de Énergie atomique Canada (EACL) ont présenté leur évaluation d’impact environnemental préliminaire à la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) sur leur projet de construire un énorme dépotoir de déchets nucléaires à Chalk River en bordure de la rivière des Outaouais. Ce projet était accompagné d’un autre projet de mise en tombeau in situ de trois réacteurs dit prototype dont celui de Gentilly-1, au mépris des règles internationales en la matière.
Lors de la commission parlementaire de janvier 2013, après la fermeture de Gentilly-2 par le gouvernement Marois, Hydro-Québec avait reçu le mandat de trouver des moyens pour accélérer le processus de démantèlement. Il devait consulter des entreprises américaines expérimentées dans ce domaine. Il n’y a eu aucun suivi de leurs démarches : en 2014, le gouvernement libéral qui a succédé au gouvernement péquiste a tabletté le dossier et a laissé faire les responsables d’Hydro-Québec qui n’ont trouvé rien de mieux que de reporter jusqu’en 2060 - en catimini et sans justification - la phase 3 du démantèlement de G-2 par nos générations futures.

Funeste héritage des écocidaires atomiques légué à nos petits enfants !
Ce dossier radioactif et dramatique a fait les manchettes en Outaouais durant l’été : les 21 et 22 août : séance d’information, conférence de presse, manifestation citoyenne avant la réunion de la CCSN, requête au Vérificateur général. Ici au Québec : deux articles dans le Courrier-Sud en juillet où l’on mentionne uniquement les déchets du combustible irradié (les plus nocifs) qui, après avoir séjourné 7 à 8 ans en piscine, doivent être entreposés à sec dans des Canstors jusqu’à leur transfert en Ontario dans 10, 20 ou 30 ans... Aucune mention des 700 transports inacceptables requis pour ce transfert sur des milliers de kms à travers le Québec et l’Ontario. Aucune mention des déchets de faible, moyenne et forte activité qui, en période de dormance, stagnent sur place sous la surveillance du personnel en place et la supervision de la CCSN.

La compagnie SNC Lavalin qui fait partie du consortium composant les LNC et qui a annoncé dernièrement un partenariat avec la société américaine Koltec devrait être intéressée à obtenir ces contrats très lucratifs de la phase 3 en nous faisant miroiter des solutions rapides pour la gestion des déchets nucléaires canadiens. Il pourrait, par exemple, créer un partenariat avec Horizon environnement des Grandes-Piles qui se spécialise dans le traitement et confinement sécuritaire de sols contaminés et pourquoi pas utiliser l’une ou l’autre mines abandonnées québécoises (il y a en quelques 800 au Québec !) pour y enfouir cet encombrant et abject héritage que nous ne devons pas léguer aux générations futures. À Gentilly, Hydro-Québec devrait être acheteur de leurs projets.

Peu importe la couleur du prochain gouvernement, il est impérieux qu’il commande rapidement au gouvernement fédéral et à ses instances décisionnelles le démantèlement immédiat des deux réacteurs de Gentilly ! Par surcroit, cela favoriserait le développement de l’emploi régional par l’injection de 5 à 7 milliards sur 10 ans.
Ce prochain gouvernement « responsable » pourrait aussi prendre l’initiative de confier au BAPE la supervision du démantèlement total.

(s) Philippe Giroul, citoyen éco-responsable
Jacques Dagenais, Intervenant privé depuis 1999 sur le dossier nucléaire canadien

P.S. Extrait du mémoire déposé à la CCSN, le 22 août 2018. (Disponible sur demande)
NONOBSTANT les objectifs obsolètes des politiques gouvernementales sur le redéveloppement du nucléaire canadien et les visées lucratives du lobby nucléaire,
La seule solution socialement acceptable, c’est d’arrêter de produire ces déchets mortifères en fermant définitivement – à terme – toutes les centrales nucléaires canadiennes, comme le Québec a montré l’exemple en 2012.
La seule alternative socialement acceptable à cette problématique dramatique est d’investir massivement dans les énergies propres et renouvelables comme l’éolien, le solaire, la géothermie et l’économie d’énergie.

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