Il est fascinant de constater avec quelle ferveur Michel Angers, maire de Shawinigan, compare le projet TES Canada aux grandes réalisations qui ont façonné le Québec moderne. Mais que reste-t-il de ces beaux discours lorsqu’on gratte la surface ? Un projet ancré dans des promesses illusoires, qui menace de transformer la Mauricie en une zone industrielle défigurée, sous prétexte de transition énergétique.
D’abord, rappelons que le projet TES Canada ne se limite pas à l’érection de quelque 140 méga éoliennes industrielles. Il s’agit d’une vaste entreprise de production d’hydrogène vert et de gaz naturel synthétique. Une industrie lourde qui s’implanterait en plein cœur de nos territoires et dans le parc industriel Alice-Asselin, à Shawinigan, avec un impact environnemental et social dont les promoteurs taisent l’ampleur réelle.
Les chiffres : un écran de fumée
Éric Gauthier et Jean-Benoît Courchesne, figures de proue de TES Canada, brandissent des chiffres mirobolants : 5,6 milliards de retombées économiques sur 23 ans, des milliers d’emplois, et des millions en redevances annuelles. Mais d’où viennent ces données ? Elles émanent directement des promoteurs eux-mêmes, sans audit indépendant. La firme Mallette, qui a produit l’analyse économique, l’a admis : si les données changent, les conclusions changent aussi. En d’autres termes, on demande à la population d’avaler ces chiffres sans poser de questions.
Et pendant ce temps, le maire Angers qualifie l’opposition de « minorité bruyante », balayant du revers de la main les préoccupations des citoyens et des municipalités voisines. Où est le débat démocratique lorsque les interventions citoyennes lors des conseils sont réduites à 30 minutes ?
Un coût social et environnemental inacceptable
Le véritable prix de TES Canada ne se mesure pas seulement en milliards de dollars, mais en hectares de terres agricoles sacrifiées, en écosystèmes détruits et en communautés déstabilisées. Avec 140 éoliennes géantes, des lignes de transport d’énergie, un parc solaire et une usine industrielle, la Mauricie sera méconnaissable.
Ce projet illustre parfaitement le « greenwashing » : un vernis écologique appliqué sur une entreprise qui repose en réalité sur des technologies énergivores et polluantes. Produire de l’hydrogène vert et du gaz synthétique à une échelle industrielle exige une quantité astronomique d’énergie et d’eau. Où est la durabilité dans cette équation ?
Les dangers pour nos terres et nos citoyens
En plus des impacts écologiques, TES Canada représente un risque concret pour les propriétaires et usagers des territoires avoisinants. Les projections de glace des éoliennes en hiver constituent un danger majeur pour les sentiers, les chemins de terre et les zones de circulation agricole. Ces blocs de glace projetés à grande vitesse menacent la sécurité des travailleurs, des résidents et des visiteurs des centres récréotouristiques et agrotouristiques.
De plus, la réciprocité joue en défaveur des citoyens : les propriétaires de terrains voisins aux installations éoliennes voient leur droit de jouissance de leur propriété considérablement réduit en plus du bruit, de l’ombre portée et de la nuisance visuelle. Bien qu’ils reçoivent une compensation monétaire, celle-ci est minime et sans commune mesure avec la perte d’usage réelle de leur bien ni avec l’occupation du territoire qui leur est imposée. Ils subissent ainsi les méfaits de ces infrastructures sans en retirer aucun bénéfice réel. TES Canada impose un sacrifice à plusieurs familles et exploitants, sans leur offrir de véritable contrepartie et sans qu’ils aient leur mot à dire.
Michel Angers : visionnaire ou opportuniste ?
Le maire Angers voit dans TES Canada une chance de redorer le blason d’un parc industriel qui peine à attirer des projets depuis sa création. Mais à quel prix ? Faire de la Mauricie un laboratoire d’expérimentation pour des multinationales avides de profits n’a rien d’une « pertinence sociale ».
En réalité, TES Canada n’est qu’un mirage. Derrière ses promesses attrayantes se cache une vérité bien plus sombre : l’exploitation de nos ressources naturelles au profit de quelques-uns, au détriment de notre qualité de vie, de notre territoire, de nos agriculteurs et des générations futures.
Michel Angers oublie que les grands projets qu’il évoque sont nés de la nationalisation de l’électricité, un pilier fondamental du Québec moderne. Or, TES Canada menace de plein front cet héritage en mettant nos ressources énergétiques entre les mains d’intérêts privés. René Lévesque et Adélard Godbout doivent se retourner dans leur tombe, car ce projet représente une attaque directe contre notre trésor public.
Une alternative est possible
Nous devons refuser cette vision réductrice de l’avenir de la Mauricie. Plutôt que de vendre nos terres aux multinationales, investissons dans des projets qui respectent nos écosystèmes, soutiennent nos communautés locales et favorisent une véritable transition énergétique.
Le débat sur TES Canada ne doit pas se limiter aux chiffres, mais inclure une réflexion sur ce que nous voulons pour notre région et notre planète. La Mauricie mérite mieux qu’un avenir fait de béton et de pales d’éoliennes. Elle mérite un avenir ancré dans le respect, la résilience et la durabilité.
Dany Janvier, citoyen de St-Adelphe
Contre la privatisation du vent et du soleil dans Mékinac Des Chenaux(CPVSMDC),
Toujours Maîtres Chez Nous(TMCN), RVÉQ
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