On ne le voit pas et pourtant, il se lève
Ce vent sur lequel le premier ministre lève le nez, se lève partout au Québec. Homme de lettres, le premier ministre appréciera probablement cette citation de Maupassant à propos du vent :
« Tenez, voici le vent, qui est la plus grande force de la nature, qui renverse les hommes, abat les édifices, déracine les arbres, soulève la mer en montagnes d’eau, détruit les falaises, et jette aux brisants les grands navires, le vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit, – l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe, pourtant. »[1]
M. Couillard ferait bien de le sentir se lever, ce vent qui se caractérise par des pertes de services pour les patientes et patients en CHSLD, pour les élèves en difficulté, pour les personnes en recherche d’emploi, pour le développement de nos régions, pour nos tout petits en CPE.
Écouter parler le vent qui souffle
Le gouvernement libéral semble s’être mis en mode écoute. C’est un bon moment de s’arrêter et d’écouter le vent qui souffle parce qu’il en a long à dire à qui saura véritablement l’écouter. Le vent, on l’entend souffler sur le terrain.
Quand des infirmières en CHSLD nous racontent qu’elles sont de moins en moins sur le plancher pour donner des soins à des patients aux cas de plus en plus lourds[2], qu’on gère les CHSLD comme des usines[3] ou qu’une infirmière se retrouve avec 200 à 250 patients en soins à domicile, comme on le voit en Gaspésie[4], il est facile de constater à quel point la situation est urgente.
Prendre le temps d’écouter, c’est entendre toutes ces histoires de parents qui doivent composer avec le fait que leur enfant autiste n’aura pas de services cette année. C’est prendre la mesure du désarroi de cette enseignante qui veut bien prendre le taureau par les cornes, mais qui ne sait plus par quel bout s’y prendre parce que l’on a coupé de moitié les services de l’orthophoniste et du psychologue dans son école.
La solidarité, c’est essentiel
Depuis des années, le mouvement syndical, les groupes communautaires et les institutions comme le Protecteur du citoyen affirment que les coupes ne peuvent pas se faire sans effet sur les services à la population. Dans son rapport[5], la Protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain est on ne peut plus claire, le gouvernement se désolidarise avec les plus vulnérables d’entre nous.
Quand le premier ministre dit que « les discours sur les personnes vulnérables, les discours sur la solidarité […] ce n’est que du vent, ça ne veut rien dire pour la population », il se trompe royalement.
La solidarité, c’est le ciment d’une société et c’est la fondation sur laquelle on a bâti le Québec. La population n’est pas dupe et elle voit bien que les réinvestissements promis seront faits à même l’argent coupé dans les services à la population. L’État québécois doit être au service des citoyennes et citoyens, pas au service d’une quête stérile de performance de gestion.
Notes
[1] Le Horla, DE MAUPASSANT, Guy, http://maupassant.free.fr/pdf/horla.pdf
[2] Saviez-vous qu’une infirmière est supposée répondre à un appel d’un patient dans les 30 secondes ? Difficile à faire quand il y a une infirmière pour 30 ou 40 patients !
[3] http://www.lacsq.org/publications/nouvelles-csq/automne-2016/
[4] http://www.journaldequebec.com/2016/06/14/les-coupes-en-sante-font-mal-en-gaspesie