photo CSN
« En début de semaine, la CAQ a choisi son camp : les profits mirobolants de la multinationale Glencore au détriment de la santé de la population de Rouyn-Noranda en refusant d’exiger la norme québécoise dans un délai raisonnable. La CAQ condamne les femmes à des grossesses risquées, nos enfants à une perte de QI et notre population à plus de cancers pour encore 5 ans. François Legault et ses ministres sont tout simplement irresponsables dans le dossier de la pollution de l’air », explique Émilise Lessard-Therrien, la députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Selon les deux député·e·s, l’enjeu de la pollution de l’air démontre encore une fois que l’environnement et la santé sont l’angle mort de François Legault. Si, dans le dossier de l’arsenic, le premier ministre peut affirmer que les gouvernements précédents du Parti libéral et du Parti québécois sont coresponsables du fiasco, dans le dossier du nickel, la CAQ est la seule et unique responsable. Ce sont François Legault et Benoit Charette eux-mêmes qui ont décidé de quintupler la limite de particules de nickel dans l’air suite au mandat de lobbyisme inscrit par Glencore sur le sujet, et ce, alors que plusieurs experts et les comités citoyens s’y opposaient.
« Le printemps dernier, Benoit Charette ne se cachait même pas pour admettre que ce sont les arguments économiques de Glencore qui l’ont convaincu de quintupler la norme de nickel et de polluer davantage l’air de la population de Jean-Lesage, de Rouyn-Noranda et de tout le Québec. Je rappelle qu’il est le ministre de l’Environnement, pas de l’Économie. Sa décision relève d’une grave négligence. L’évolution du dossier à Rouyn-Noranda devrait réveiller le premier ministre Legault et l’amener à suspendre dès maintenant le décret de son ministre. Je l’invite à ne pas attendre que la santé des gens se détériore encore plus en raison de la hausse du nickel dans l’air. Il serait trop tard et il serait alors le seul imputable de la situation », soutient le député de Jean-Lesage, Sol Zanetti.
Rappel des faits dans le dossier du nickel
De 2013 à 2022, Glencore fait du lobby auprès du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques pour demander à ce que la norme sur le nickel soit assouplie. Ce mandat est inscrit au registre des lobbyistes.
Au printemps 2021, le député de Jean-Lesage prend connaissance de l’intention du gouvernement de déposer un projet de règlement visant à quintupler la norme journalière de nickel, passant de 14 à 70 ng/m3. Sol Zanetti en avise les médias et des groupes de citoyen·ne·s. La résistance s’organise.
À l’automne 2021, les député·e·s de Jean-Lesage et Rouyn-Noranda, en plus des groupes de citoyen·ne·s, multiplient les démarches auprès du gouvernement pour bloquer cette hausse. Québec solidaire dépose notamment une pétition à l’Assemblée nationale et réclame des explications auprès du ministre de l’Environnement.
Sourd devant ces représentations, c’est finalement l’avant-veille de Noël (22 décembre 2021) que le gouvernement choisit de déposer en catimini son projet de règlement, au même moment où ce qui monopolise l’attention est la décision de François Legault de confiner de nouveau la population pour le temps des Fêtes.
Dans le cadre des « consultations-spectacle » qui ont débuté en plein congé des Fêtes, une soixantaine de mémoires sont déposés. Le ministre Charrette a toujours refusé de les rendre publics, mais Québec solidaire et les regroupements citoyens ont réussi à en répertorier 40. Tous sont contre.
Dix-huit Directions régionales de la santé publique se prononcent contre la hausse de la norme, tout comme la Ville de Québec, l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) et le Collège des médecins, parmi d’autres.
Le 28 avril 2022, le gouvernement décide tout de même d’aller de l’avant avec la hausse en promulguant le décret, malgré une opposition massive.
Fin mai 2022, sont rendues publiques des données sur l’état de santé de la population de Rouyn-Noranda, gardées secrètes pendant plus de deux ans à la demande du gouvernement. Elles révèlent que le pourcentage de maladies pulmonaires obstructives chroniques est plus élevé que la moyenne provinciale, que l’incidence du cancer du poumon y est significativement plus élevée et que les naissances de faible poids sont aussi plus nombreuses. Les gens du quartier Notre-Dame vivent en moyenne 5 ans de moins.
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Suite à la conférence de presse de Sol sur la qualité de l’air, il y a eu une rencontre au local de QS-Jean Lesage avec Sol et Amélise pour tracer les liens entre la situation à Limoilou et la pollution de la Fonderie Horne en Abitibi. Amélise et Sol ont exposé en dix minutes les principaux éléments de cette pollution devant environ 75 personnes. La période de question a permis d’approfondir la situation mais surtout d’identifier les ressemblances entre les deux quartiers et les solidarités à développer.
Voici des vidéos de leur intervention.
Intervention d’Émilise Lessard-Therrien
Intervention de Sol Zanetti
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