Les propriétaires de la station demeurent sans doute persuadés que leurs animateurs font de la radio « correcte » (dixit dans le Progrès-Dimanche du 29 janvier 2012). Aucune excuse, ni rétractation publique ne sont venues de leur part. À quoi Bon ? Les publicitaires sans scrupules poursuivent en toute connaissance de cause leur support moral et financier dans leur quête de l’appât du gain. Les représentants du peuple, maire, ministre ou député, peu importe le palier gouvernemental et indépendamment du côté de la chambre où ils siègent, continuent à y accorder des entrevues. Pourtant, difficile pour « nos » élus de plaider l’ignorance, car il suffit de quelques minutes d’écoute pour y entendre : préjugés, sexisme, mépris et intimidation. Les motivations ne sont-elles que de l’ordre du calcul électoral ou importe-t-il simplement que leur image soit ménagée ? Les populations appauvries et itinérantes sont-elles des citoyens et des citoyennes de seconde zone, n’ont-elles pas droit, au même titre que leurs concitoyens et concitoyennes, à être prises en considération par leurs représentants ? On sait bien, ces gens ne seront pas les gros contributeurs des caisses électorales.
Hors contexte ?
Élus, publicitaires et propriétaires de cette station invoqueront peut-être que l’animateur fut cité hors contexte. Au mieux, il s’agirait simplement d’un égarement et cette lettre ne serait qu’acharnement envers une station « correcte ». Alors serait-ce possible de nous contextualiser cet extrait du « Show du matin » diffusé sur les ondes de la station KYK Radio X le 22 novembre 2011 ?
Carl Monette. —Ils ont bien fait de les poivrer, les gens qui étaient à Occupy Californie… je les aurais tiré avec des balles de caoutchoucs moi.
André Tremblay. —C’est ça qu’ils voulaient.
Carl Monette. —Je les aurais poivré avant aussi, pour pas qu’ils voient les balles qui arrivent.
André Tremblay. —Tu les ramasses avec un grader [Note. anglais pour niveleuse].
Carl Monette. —Facile ! Ah oui ! On ne se casse pas la tête après ça. Tu mets ça dans un trou, puis tu m’enterres tout ça là.
L’animateur Carl Monette poursuivit : « …On dirait que les maires des villes ont fait attention là… parce qu’on ne veut pas paraître trop trop… méchant avec les déchets de la société, on ne veut pas paraître qu’on ne les aime pas les pauvres, pis les démunis de notre vie, de notre société. »
Un échantillon parmi tant d’autres ou la soi-disant « radio d’opinion » m’apparait synonyme de préjugés et d’haine de l’autre. Au nom du fric, tous les contextes semblent bons pour bafouer les droits des gens sans-voix pour se défendre.
Louis Michel