Un dénouement projet par projet
L’incohérence gouvernementale, qui bloquait plusieurs projets, a pu être mise en lumière dans les dernières semaines. Les projets en péril ont été étudiés en profondeur et des solutions ont enfin été approuvées. Ces ajustements sont issus de demandes faites depuis les trois dernières années en vue de répondre à la réalité des maisons d’hébergement et aux besoins des femmes et des enfants victimes de violence. Des suggestions de la Société d’Habitation du Québec ont aussi permis certaines économies.
"Si notre expertise avait été reconnue dès le début, et que les adaptations avaient été mises en place, nous aurions pu construire plus rapidement et ainsi offrir la sécurité à plus de femmes et d’enfants" se désole Maud Pontel, coordonnatrice de L’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape.
Malgré ces avancées, il reste du chemin à faire pour sécuriser les projets actuels et futurs. Le risque de perdre de l’argent du gouvernement fédéral demeure. "La Société d’Habitation du Québec indique avoir l’intention d’évaluer les besoins des maisons d’hébergement afin d’adapter si nécessaire les programmes de financement actuels. Cette démarche est essentielle pour éviter de vivre les mêmes problèmes avec les projets futurs" indique Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. D’ici là, des rencontres de travail sont prévues pour ne pas ralentir les projets actuellement sur la table à dessin.
Manque de places, services saturés, féminicides : il y a urgence d’agir
Les projets de construction, retardés en raison de l’incohérence gouvernementale, ne résoudront hélas pas, à court terme, la situation d’urgence dans laquelle sont plongés les services qui viennent en aide aux femmes et aux enfants victimes de violence. "Pendant que ces projets prenaient du retard, le manque de places a continué de s’aggraver. Il va maintenant falloir mettre les bouchées doubles, autant pour la construction que pour le financement des services" insiste Mylène Bigaouette, directrice par intérim à la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes. En plus du manque de places qui amène SOS violence conjugale à refuser 17 demandes d’hébergement par jour, les listes d’attente s’allongent pour les femmes et les enfants qui ont besoin de soutien sans être hébergés (ce qu’on appelle les services externes). Plus du tiers des maisons membres du Regroupement ne sont plus en mesure de répondre à la demande pour des activités de sensibilisation et de prévention, qui font partie intégrante de leur mission. Du côté des maisons de 2e étape, plusieurs d’entre elles pourraient d’ores et déjà constituer et former leur équipe en vue d’offrir des services temporaires, avant même d’ouvrir leurs portes.
Les maisons d’hébergement sont prêtes à augmenter leur offre de services aux femmes et aux enfants, et à discuter de solutions rapides avec le gouvernement. Pour répondre à la demande d’aide qui explose partout dans la province, les trois associations de maisons interpellent à nouveau le ministère de la Santé et des Services sociaux et le Secrétariat à la Condition féminine : il y a urgence d’agir pour maintenir le filet de sécurité.
Le meurtre de Madame Houle par son conjoint hier dans les Laurentides vient alourdir le bilan des féminicides conjugaux à 5 depuis le début de l’année au Québec. C’est à peine moins qu’à pareille date en 2021, où le Québec déplorait 7 féminicides en 7 semaines. Malgré des investissements records annoncés cette année-là par le gouvernement Legault, les deux derniers budgets de Monsieur Girard ne prévoyaient aucun argent neuf pour les maisons d’hébergement. Nous souhaitons continuer sur cette lancée afin d’obtenir un financement à la hauteur des services auxquels ont droit les femmes et les enfants victimes de violence.
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