Les pays ayant plus de services publics comme le Québec sont désavantagés par la méthode de calcul
Personnellement, j’ai été étonnée d’apprendre que selon la méthode couramment utilisée pour rendre compte de la productivité, un financier qui, en quelques secondes, réaliserait une transaction de plusieurs millions de dollars serait considéré comme immensément productif. De plus, comme l’affirme l’auteur, si le prix de vente d’un véhicule automobile augmente, les heures de travail comptabilisées pour le produire seraient soudainement considérées comme plus productives alors que le processus de production serait demeuré inchangé. Enfin, les secteurs où il n’y a pas d’échanges d’argent sont considérés comme ayant une productivité nulle. Cela implique que les pays ayant plus de services publics comme le Québec sont désavantagés par la méthode de calcul « non pas parce que le secteur public est moins efficace, simplement parce que le produit de son travail n’est pas calculable ».
Faut-il pour autant abandonner toute mesure de la productivité ? Non, ces chiffres ont leur utilité, mais il faut sans doute les analyser avec plus de nuance, conscient des limites qu’ils imposent, avant de sauter aux conclusions et d’affirmer sans plus de retenue que les Québécoises et les Québécois ne travaillent pas assez. Je vous invite donc à lire ce billet éclairant qui nous rappelle que « la productivité est une notion difficilement calculable par une méthodologie claire et encore plus difficilement comparable d’un pays à l’autre ». Une notion qui pose somme toute un regard assez « candide sur notre économie ».
Les Québécoises et les Québécois ne sont pas les paresseux que l’on veut dépeindre
J’ai toujours eu des doutes sur la fiabilité des statistiques sur la productivité, ce billet confirme mes appréhensions. Depuis des années, je rencontre des enseignantes et des enseignants aux prises avec des classes trop nombreuses qui tentent de terminer leur programme en composant avec un nombre croissant d’élèves en difficulté sans le soutien requis. Depuis trop longtemps, je côtoie des infirmières et des infirmiers, des infirmières et des infirmiers auxiliaires et des inhalothérapeutes qui croulent sous la charge de travail, certains effectuant des heures supplémentaires obligatoires au détriment de leur santé et de leur vie familiale pour prendre soin de leurs patients. Depuis le début de mon engagement militant, j’entends les témoignages des membres du personnel de soutien et du personnel professionnel de l’éducation et de la santé qui quittent leur emploi en raison de la surcharge de travail. Les gens qui accusent nos membres de paresse devraient peut-être sortir de leur limousine pour se rendre dans les milieux de travail constater ce qui se passe.
Les Québécoises et les Québécois ne sont pas les paresseux que l’on veut dépeindre. Cela ne correspond pas à la réalité des milieux de travail que je visite régulièrement depuis le début de mon engagement militant. Enfin, pourquoi faire reposer le fardeau de la productivité sur les seules épaules des travailleuses et des travailleurs ? Sans occulter leur responsabilité en matière de dispensation de services, on ne peut ignorer que les outils à leur disposition font aussi la différence sur le plan du rendement. Et ça, sauf erreur de ma part, c’est une responsabilité des employeurs et des propriétaires d’entreprises, n’est-ce pas ?