Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan, a affirmé lundi que « les femmes ne peuvent être l’égal des hommes ». Devant une assemblée essentiellement féminine, réunie pour un colloque dont le thème était « La justice et les femmes », le responsable turc a lancé : « Notre religion a défini une place pour les femmes : la maternité. Certaines personnes peuvent le comprendre, d’autres non. Vous ne pouvez pas expliquer ça aux féministes parce qu’elles n’acceptent pas l’idée-même de la maternité ». Sûr de lui et dominateur Erdogan a aussi assuré : « Qu’hommes et femmes ne pouvaient pas être traités de la même façon parce que c’est contre la nature humaine. Leur caractère, leurs habitudes et leur physique sont différents (...) Vous ne pouvez pas mettre sur un même pied une femme qui allaite son enfant et un homme. Vous ne pouvez pas demander à une femme de faire tous les types de travaux qu’un homme fait, comme c’était le cas dans les régimes communistes ».
Au secours Atatürk !
Pas mal à l’aise pour un sou, le président turc s’est voulu « scientifique » en détaillant ses dires le Coran en main. Selon sa lecture du livre saint, le sort des femmes est écrit dans la doctrine de l’islam. Pour l’exégèse Erdogan, la femme n’y est désignée que comme croyante, épouse et mère, et la prééminence de l’homme est un principe religieux (sourate 2 versets 228) ; le témoignage d’une femme vaut la moitié de celui d’un homme (sourate 2 verset 282) ; la femme perçoit la moitié de la part dévolue à l’homme lors d’un héritage (sourate 4, versets 12) ; l’homme a droit à la polygamie (sourate 4, versets 3) et de répudier sa femme, (sourate 2, versets 226 à 233) . Pour conclure par ce bouquet final : « Les hommes sont supérieurs aux femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au-dessus de celles-ci … » (sourate 4, versets 38 et suivants).
Si on ajoute à ce nouveau forfait d’Erdogan, l’amour qu’il porte aux djihadistes de tous poils, les portes de l’Europe ne semblent pas prêtes de s’ouvrir pour accueillir un pays dans lequel, la femme ne serait que la moitié de l’homme, et encore.
On en vient à rêver d’une Turquie de naguère où, quand les politiques tournaient trop de dos aux préceptes fondateurs de Mustafa Kemal Atatürk, les militaires sortaient des casernes pour remettre à l’ordre du jour les principes trop vite oubliés. A une époque, encore récente, modèle idéologique pour certains intellectuels convaincus que l’islam politique était soluble dans la démocratie, la Turquie selon Erdogan vient de faire un sacré demi-tour sur elle-même. Pourtant, et en dépit de l’outrance et de la provocation d’Erdogan, un de ses amis tient bon le cap, c’est Barak Obama. Lundi lors de sa prise de parole devant le parlement turc, le président américain a déclaré : « Laissez-moi être clair : les États-Unis soutiennent fermement l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne ».