Édition du 17 décembre 2024

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Éducation

Plus de 1000 professeurs de Cégep demandent la démission de la ministre de l'Éducation Line Beauchamp

Nous rapportons ici l’essentiel des propos tenus par les enseignants demandant la démission de la ministre lors de leur conférence de presse.

Cet appel a été initié par des enseignantEs du Collège Ahuntsic. Il a trouvé rapidement un écho en s’appuyant sur les réseaux sociaux. Plus de 1 000 professeurs ont répondu à cet appel et au moment de la conférence de presse de soutien à cet appel le 14 avril, ce soutien continuait de s’élargir.

Les enseignantEs refusent d’être coincés par la stratégie employée par la ministre pour s’attaquer au mouvement étudiant. Ils résument cette stratégie ainsi. D’un côté, la ministre veut les obliger de rentrer travailler compte tenu de leur contrat de travail alors que des votes ont été pris par des assemblées générales étudiantes qui sont, elles aussi, légales. La ministre transfère ainsi sur les épaules des enseignants un poids immense. Le poids de décider s’ils traversent ou non une ligne de piquetage.

Et cela, au moment où le gouvernement cherche à favoriser la judiciarisation du conflit par la multiplication des injonctions pour affaiblir les lignes de piquetage. Si les enseignantEs font face à des lignes de piquetage ferme, la position est simple. On ne franchit pas les lignes de piquetage – sans parler bien sûr du soutien important existant aux revendications du mouvement étudiant. Mais si les enseignantEs font face à des lignes de piquetage flexibles et ouvertes, ils ont à faire un choix personnel respecter ou non leur contrat de travail, franchir cette ligne de piquetage pour aller enseigner alors qu’ils savent que cela fait deux mois que les étudiantEs sont dans la rue pour réclamer le gel des droits de scolarité et que leurs actions sont le fruit de décisions démocratiques.

Madame Beauchamp en s’obstinant à ne pas vouloir négocier avec les étudiants, en refusant d’ouvrir un dialogue, mise essentiellement sur deux choses : à savoir la judiciarisation du conflit et l’essoufflement du mouvement étudiant. En misant sur ces deux choses, elle prend un pari risqué, celui d’obliger les enseignantEs de cégep de devoir régler ce conflit par l’obligation de retourner en classe.

Or comment assurer, affirment ces enseignantEs, un climat propice d’enseignement à partir du moment où ils sont obligés de franchir une ligne de piquetage. Ils se voient obligés d’enseigner devant des étudiants qui se seront affrontés en dehors de l’établissement avant de venir suivre un cours.

Ils rappellent que les événements récents à Valleyfield, à Concordia ou à l’U de M montrent qu’on ne peut pas avoir dans ce contexte un climat propice à l’enseignement de qualité qui leur permettrait de faire leur travail.

Ce conflit, répètent-ils, va laisser des traces, des traces profondes au sein du corps professoral, au sein du mouvement étudiant, mais aussi au sein des administrations.

Pourquoi madame Beauchamp ne répond-elle pas à ses obligations ministérielles d’ouvrir un dialogue afin qu’on puisse avoir ces négociations et surtout ce climat propice à un enseignement de qualité, se demandent-ils ? Et ils concluent, si madame Beauchamp n’est pas capable d’assumer ses responsabilités, elle doit prendre la bonne décision et démissionner.

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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