29 avril 2021 | tiré du blog de l’auteur : le blogueur solidaire
Trois grandes options se retrouvent dans le cahier synthèse des propositions. L’option A est une proposition synthèse reprenant la proposition initiale en 20 axes de la commission politique (CP) en y intégrant quelques amendements venant d’associations locales. L’option B, avec huit axes, est présentée conjointement par les associations de Hull, Laval (région) et Laval-des-rapides. L’option C, présentée par les associations locales de Viau et Prévost, reprend en partie celle qui avait été d’abord adoptée à Hull, mais avec des différences significatives.
Un petit historique
Par le passé, le parti a eu la mauvaise habitude de chercher à parler de tout dans la plate-forme, ce qui rendait impossible son adoption dans l’espace-temps d’un seul congrès. Entre le tiers et la moitié de la plate-forme de 2008 et de celle de 2018 a dû être adoptée par le comité de coordination national (CCN).
La conception qui avait présidé à l’adoption de la première plate-forme en 2007 était celle des 1000 premiers jours d’un gouvernement solidaire (une idée du très regretté François Cyr). Elle faisait le tour de ce qu’un gouvernement pourrait réaliser en trois ou quatre ans. Cette formule du programme de gouvernement avait du sens quand le parti n’avait pas même commencé à élaborer son programme. Elle était questionnable en 2012 et en 2014 quand nous avions des grands pans du programme en poche. Elle était devenue absurde en 2018 une fois que sept congrès avaient été consacrés au programme en tout ou en partie.
Un autre problème avec ces méga-plate-formes est que comme elles traitaient de tout, elles ne donnaient pas d’orientation stratégique à la campagne électorale en établissant certaines priorités, ce qui laisse au CCN et au comité électoral à mener les discussions sur la stratégie et à choisir les priorités de campagne. Il nous apparaît nettement préférable pour le parti de mener cette discussion avec plusieurs milliers de membres, à travers les assemblées générales et le congrès, que de la confier à une trentaine ou une quarantaine de personnes (CCN, caucus, comité électoral, CP…).
Nous maintenons qu’une plate-forme devrait être un ensemble limité d’engagements électoraux, autrement dit, elle devrait guider la campagne électorale nationale et non chercher à anticiper tout ce que pourrait faire un gouvernement solidaire. Elle devrait donc être beaucoup plus courte que les plate-formes passées. Rappelons que cette conception de la plate-forme comme ensemble (court) d’engagements électoraux plutôt que comme programme (long) de gouvernement avait été retenue par la CP et le CCN en 2019 de même que par le CN de septembre 2020.
Pourquoi rejeter l’option A
Les 20 axes proposés par la CP (avec ou sans les amendements intégrés par le comité synthèse ou les nombreux autres qui seront au vote) annoncent clairement une autre méga-plate-forme avec 100 à 150 propositions. L’annexe listant des propositions pouvant se rattacher à chacun des axes contient elle-même 100 propositions. C’est ce qu’il convient d’appeler un programme de gouvernement et non une plate-forme d’engagements électoraux. À moins qu’on pense que la campagne nationale va pouvoir mettre de l’avant une centaine d’idées en six ou sept semaines. Le CN de mai devrait insister pour qu’on se donne une plate-forme digeste pouvant être traitée par les associations et par le congrès. Les options B et C, sans garantir un tel résultat, le rendent à tout le moins concevable.
Les problèmes avec l’option C
Deux différences politiquement significatives séparent les options B et C. Du côté de l’option B, on consacre un axe à la question de l’indépendance du Québec en alliance avec les peuples autochtones. Dans l’option C, cette idée est mentionnée dans la description d’un axe plus vaste sur les questions de démocratie. Pour l’option B, la démocratie participative constitue un axe distinct.
La question de l’importance des questions nationales dans la plate-forme et par conséquent dans la campagne constitue sans doute un sujet de débat stratégique dans le parti. On pourrait décider que comme l’enjeu n’est pas à l’avant plan dans les débats politiques actuels que nous ne devrions pas en faire un axe en soi. Mais ce serait céder ce terrain au Parti québécois qui donne à son projet souverainiste un contenu de plus en plus ethnocentrique et conservateur. Ce serait aussi sous-estimer notre capacité à rallier une bonne partie de la population à un projet politique d’ensemble, incluant ses dimensions constitutionnelles et internationales, ce qui passe par nos propositions sur les questions nationales.
L’autre différence est l’ajout par Viau et Prévost d’un axe pour le socialisme. En tant que militant socialiste de longue date, je ne peux qu’approuver cette idée sur le fond. Le problème est que la décision de faire de Québec solidaire un parti explicitement socialiste ne devrait pas se faire par la bande en amendant une proposition de CN. C’est un débat qui relève du programme et donc du congrès et devrait impliquer l’ensemble des membres et un bonne période de temps. Aussi, si on considère que QS est déjà explicitement socialiste, ça voudrait dire que j’ai manqué un bon bout de l’histoire du parti…
À noter aussi, l’option B comprend une référence à l’internationalisme dans notre vision de la transition. Il va de soi qu’avec un être humain sur mille vivant au Québec, la lutte contre la crise climatique ne peut pas se gagner sur ce seul territoire. Elle mentionne aussi dans la description de son axe sur les questions nationales l’idée d’une alliance avec les forces progressistes du reste du Canada. Inclure cette vision internationaliste fermement dans la plate-forme permettrait de distinguer Québec solidaire des partis provincialistes ou nationalistes.
Notons enfin que l’amendement de la région de Montréal (1.3) nous semble un bon complément à l’option B (ou aux options A ou C si elles étaient retenues). Elle présente l’idée d’un fil conducteur pour l’ensemble de la plate-forme (et par conséquent de la campagne) autour de l’idée de transition (écologique et sociale). Ça nous semble une bonne manière de lier l’ensemble
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