Dans son texte Dubuc écrit que je « ne crois pas vraiment » certaines affirmations que j’ai faites dans mon livre notamment que le Parti québécois est une formation politique en déclin qui se dirige inexorablement vers la porte de sortie. De plus, il affirme que je suis « bien conscient du cul-de-sac de Québec solidaire malgré un optimisme de façade ». Autre assertion fallacieuse : je reconnaitrais que Québec solidaire n’est pas capable de se défaire de son image de parti « montréaliste ». D’autres affirmations aussi mensongères s’ajoutent.
Franchement, je n’aurais jamais crû être obligé de répondre à quelqu’un que je crois vraiment ce que j’ai affirmé quelques mois plus tôt dans mes écrits. C’est une situation un peu invraisemblable. qui met ma crédibilité en cause. Pourtant Dubuc me connait bien car j’ai travaillé pendant près de cinq ans comme collaborateur bénévole assidu à L’aut’journal dont il est le directeur-propriétaire. Il sait pertinemment, après les dizaines de textes que j’ai publiés dans son journal, que je me suis toujours efforcé de donner l’heure juste et qu’il n’a jamais rien trouvé à redire de ce côté. Je ne peux que déplorer ce procédé qui manque d’élégance intellectuelle sinon d’honnêteté. Un coup en bas de la ceinture en terme de boxe car il semble mettre en doute l’authenticité de ma démarche militante. Ainsi, à ses yeux je m’efforcerais de jeter de la poudre aux yeux. Je jouerais en quelque sorte le rôle de ‘spin doctor’ comme on en trouve dans les coulisses des partis traditionnels. Vraiment c’est insultant.
Par contre, je suis d’accord avec Dubuc lorsqu’il affirme que l’instauration d’un scrutin proportionnel sera nécessaire pour qu’un tiers parti comme Québec solidaire obtienne une représentation équitable à l’Assemblée nationale et qu’il puisse faire sentir son poids politique de façon décisive. Le scrutin majoritaire dont nous sommes dotés a ralenti considérablement la progression du parti depuis sa fondation. Avec un scrutin proportionnel n’aurait-il pas fait élire au moins neuf députés au lieu de trois en 2014. Mais il y a de l’espoir de ce côté car, appuyés par le Mouvement pour une démocratie nouvelle, les quatre partis d’opposition (PQ, CAQ, QS et Parti vert) ont signé, en mai, une entente où ils s’engagent à travailler ensemble pour remplacer le mode de scrutin majoritaire actuel par un scrutin proportionnel dont ils ont défini les contours (système proportionnel mixte). Ils se sont formellement engagés, s’ils sont élus à présenter un projet de loi pour réformer le mode de scrutin dans la première année de leur mandat.
Pour mieux comprendre le contenu de l’article de Pierre Dubuc je veux préciser le contexte car il teinte les jugements qu’il porte à mon endroit. En plus de mon séjour à L’aut’journal, nous avons aussi été compagnon de route dans la première étape de la démarche d’unification de la gauche politique au Québec. L’idée avait d’ailleurs germé dans les pages de L’aut’journal, en 1997, et avait abouti, en 1998, à la fondation du Rassemblement pour une alternative politique (RAP) dont il a été membre du comité de coordination.
Dubuc a quitté notre mouvance après la fondation de l’Union des forces progressistes (UFP) en 2002 pour mettre sur pied le club politique Progressistes et syndicalistes pour un Québec libre (SPQ libre) qui, à l’instigation de Bernard Landry, s’est affilié au Parti québécois, en 2004, mais qui en a été exclus en 2010 par la chef Pauline Marois à cause de ses sorties contre les orientations du parti. Entretemps, Pierre s’est présenté à la chefferie du PQ en 2005, mais n’a alors obtenu que 1,22% des suffrages. Il n’a pas non plus réussi à devenir candidat péquiste en 2007. Mais, malgré tout, il est resté membre de ce parti.
Paul Cliche
Montréal, le 30 mai 2018
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