Les pauvres et même de plus en plus de gens de la classe moyenne peinent à se loger avec un coût de loyer accessible en fonction de leurs revenus. Le panier d’épicerie augmente à la vitesse grand V, même chose pour l’essence et le reste. Le taux d’inflation est autour de 5% par année alors que les revenus de la plupart des gens sont loin de suivre. Notre système de santé et notre système d’éducation publics sont à la dérive faute de moyens et de vision et le privé occupe de plus en plus de place, peut-être avec l’aval d’une majorité de la population. Les gens ont perdu confiance en leurs institutions et surtout envers les politiciens,nes. L’anxiété, la frustration et la colère grandissent mais les gens ne savent pas trop comment et avec qui l’exprimer. Règne une grande confusion. Pendant ce temps nos députés,es de gauche ne sont même pas allés à la rencontre des manifestants,es à Québec ou Ottawa qu’ils,elles regardent de haut sans comprendre que derrière des têtes folles dangereuses comme les leaders d’Ottawa, se sont retrouvés d’honnêtes citoyens,nes en quête de liberté et ensemble debout après deux ans de soumission à des mesures autoritaires pas toujours justifiées et surtout plus maintenant.
Notre démocratie déjà malade avant la pandémie est confinée depuis deux ans. Les députés,es de L’Assemblée Nationale qui nous représentent ne siègent pas depuis deux ans sauf une minorité. Pour conseils d’arrondissement à Montréal qui sont aussi virtuels depuis deux ans les citoyens,nes doivent envoyer leurs questions à l’avance et il n’y a pas d’interaction avec les élus,es. Le gouvernement Legault manipule les mesures d’urgence depuis le début de la pandémie et y prend goût. Trudeau fait de même à Ottawa et adopte même une Loi sur les mesures d’urgence dont certaines sont déjà appliquées par décret et alors que le party est terminé à Ottawa, avec l’appui du NPD le parti le plus à gauche au Canada. Même le milieu communautaire et le milieu syndical s’accommodent trop bien des réunions virtuelles sans contact humain véritable et bien tranquilles, et contribuent ainsi à affaiblir notre démocratie.
La gauche ne manifeste plus. Elle est de plus en plus conforme et tranquille en fréquentant les parlements pour ne pas faire peur à personne espérant ainsi recueillir le plus de votes possible, ce que ne démontre pas pour le moment sa faiblesse affichée dans les derniers sondages. Les citoyens,nes ont alors de plus en plus de difficulté à saisir les différences fondamentales entre les partis politiques. La gauche qui traditionnellement se portait à la défense des enjeux sociaux et économiques en faveur des plus démunis,es, et de la démocratie répond maintenant souvent aux abonnés absents. La droite et l’extrême droite ont beau jeu d’occuper la place laissée vacante par la gauche et ont le vent dans les voiles pendant que la gauche coupée du vrai monde s’occupe exclusivement des enjeux à la mode chez les jeunes comme l’environnement, ou des causes vertueuses comme l’identité sexuelle, le racisme et les autochtones, de nobles causes mais qui ne doivent pas occulter les causes défendues traditionnellement par la gauche comme la justice sociale, la langue et l’indépendance du Québec. De plus laisser le terrain libre pour la droite et l’extrême droite sur des enjeux délicats comme l’immigration et l’identité en adoptant des positions vertueuses mais irréalistes et parfois méprisante pourrait amener de plus en plus de gens vers la droite sinon l’extrême droite comme le démontre la montée du Parti conservateur du Québec d’Eric Duhaime.
Le conformisme, le corporatisme et l’individualisme collectif habitent également les autres composantes de la gauche traditionnelle que sont les syndicats et les groupes communautaires de moins en moins politisés accentuant la division et l’isolement comme nous l’avons vu récemment dans l’absence de Front Commun lors de la lutte récente des travailleurs,euses du secteur public et la lutte actuelle pour le financement du communautaire si essentiel en particulier pour les plus démunis,es.
Le réveil de la gauche et un leadership renouvelé est-il encore possible ou assistons-nous à la disparition de la gauche dont les causes traditionnelles comme la justice sociale seront bientôt reprises par la droite et l’extrême-droite, ou à l’émergence de nouvelles tendances qui n’auront plus à rien voir avec des concepts peut-être dépassés comme la droite et la gauche ? L’avenir nous le dira.
Yves Chartrand
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