La révolte, la politique, et surtout la dénonciation du pouvoir de l’argent sont omniprésentes dans cette proposition rétrospective qui illustre la démarche de l’artiste depuis deux décennies.
Le parcours s’amorce avec une série de billets de banque canadiens estampillés « Survival Virus de Survie ». Entre 1991 et 1999, le jeune Mathieu Beauséjour – il avait 21 ans au début – a ainsi marqué avec un tampon encreur plus de 100 000 dollars qu’il a relâchés, année après année, dans l’économie locale.
Geste subversif puisque ces billets devaient être retirés de la circulation, lorsque repérés, et détruits par la Banque du Canada. Ironie du sort, cette œuvre - qui comprend d’autres éléments relatifs à cette opération – fait aujourd’hui partie de la collection du Musée national des beaux-arts du Québec grâce à l’appui financier du... Conseil des arts du Canada.
Mathieu Beauséjour surfe ainsi sur la subversion et la création. Artiste de plus en plus reconnu, ses œuvres qui témoignaient au départ de préoccupations politiques révèlent également – et de plus en plus – son aspect esthétique, voire romantique.
L’échec des rêves utopistes
Le repaire d’anarchistes dans lequel il nous a reçu se présente dans une grande caisse de bois. Sur une affiche à l’extérieur, on peut lire « MUSÉE d’art moderne À VENDRE pour cause de FAILLITE – département des utopies ». Comme si les grands rêves utopistes n’étaient que du passé, relégués au musée, et qu’ils auraient tous échoué.
Silencieux témoins de cet échec, on peut voir en face de l’installation une série de portraits d’hommes et de femmes qui ont porté des idéaux et qui sont, pour la plupart, tombés dans l’oubli. Et comme pour accentuer l’effet nostalgique, on peut entendre et voir sur vidéo un skinhead qui interprète au violoncelle L’Internationale, cet hymne des luttes ouvrières et sociales.
Mathieu Beauséjour nous livre également son interprétation conceptualisée des événements d’octobre 70 au Québec, avec le FLQ, ainsi que d’un fait divers plus ancien qui avait marqué l’actualité de l’époque. En 1893, un groupuscule avait tenté, sans succès, de faire exploser le monument de l’amiral Nelson sur la place Jacques-Cartier à Montréal.
Les préoccupations numismatiques déjantées de l’artiste ne sont jamais très loin. Sur le mur d’en face, sont accrochés douze portraits représentant « le côté face » des pièces de monnaie qui ont eu cours à Québec sous les deux empires, français et anglais, qui y ont régné.
Ce ne sont que quelques éléments de cette exposition foisonnante, riche en images et en symboles, qui ne manquera pas d’attirer l’attention. Ça tombe bien puisque l’exposition La révolte de l’imagination fera l’objet du concours Place à la critique 2015 (On peut obtenir les détails en consultant le site d’Expression http://www.expression.qc.ca/concours-place-a-la-critique.php).
La révolte de l’imagination
Une rétrospective
Mathieu Beauséjour
Commissaire : Andréanne Roy
Jusqu’au 19 avril 2015
EXPRESSION, Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe
495, avenue Saint-Simon
Saint-Hyacinthe (Québec)
Téléphone : 450.773.4209
expression@expression.qc.ca
Heures d’ouverture :
Lundi : Fermé
Mardi au vendredi : 10 h - 17 h
Samedi et dimanche : 13 h - 17 h