J’ai enseigné trois ans à l’Université Laval et j’ai côtoyé beaucoup d’étudiants, puisque les hasards de la vie m’ont obligée à une reprise d’études. J’y ai rencontré des gens intelligents, motivés, articulés, efficaces, beaucoup plus mûrs qu’il n’y paraît, et qui apportent à tout ce qu’ils font une fraîcheur, un enthousiasme et une créativité qui les rend d’une efficacité redoutable. Dois-je ajouter humblement qu’ils apprennent bien plus vite que moi, dont les neurones et les synapses commencent à fatiguer ? Et quand on voit dans quelles situations difficiles les mettent les politiques actuelles et, trop souvent, l’Université, on ne peut que saluer leur courage et leur détermination.
Oui, certains de nos députés élus lundi sont des étudiants. Et alors ? Nous sommes au moins assurés qu’ils vont apprendre leur métier très vite : ils ont l’habitude ! Bien plus inquiétants me paraissent certains obscurantistes pontifiants qui refusent de reconnaitre les avancées scientifiques (même si la science n’a pas toujours raison) et dont les préjugés gangrènent nos sociétés. Lorsque j’étais enseignante du secondaire, j’avais défendu avec la plus extrême énergie une de mes jeunes élèves, très brillante, qu’on voulait retirer de l’école parce que la coutume familiale s’opposait à ce que les filles aillent à l’école au-delà de la scolarité obligatoire. Et, comme argument suprême, sa mère avait asséné : « Regardez sa cousine, elle au moins, elle est mère de famille ! ». Je regrette, mais les filles, moi, je les préfère étudiantes. Merci aux Québécois qui ont fait confiance à nos étudiants jeunes, motivés et inventifs.
Michèle Prince
Auxiliaire d’enseignement et de recherche à l,Université Laval