Avec l’essor massif du numérique, ces violences se multiplient et prennent des formes variées, se manifestant dans les espaces publics virtuels tels que les réseaux sociaux, les jeux en ligne et les forums, ainsi qu’au sein d’échanges privés.
Pourquoi maintenant ?
Les cinq dernières années ont vu une augmentation alarmante des cyberviolences basées sur le genre, exacerbée par plusieurs facteurs clés :
– Prolifération d’espaces numériques non régulés : Les plateformes en ligne, sans régulations adéquates, permettent à la violence de se propager librement. Entre 2016 et 2020, les discours racistes, sexistes et intolérants sur les plateformes en ligne ont augmenté de 600 % au Canada, ce qui démontre une dérive inquiétante des espaces numériques.
YWCA Canada (2022), Bloquons La Haine : Rapport national
– Lois insuffisantes et inadaptées :
Les lois encadrant les cyberviolences sont souvent insuffisantes et mal adaptées aux défis de l’ère numérique. De plus, leur mise en œuvre est souvent inadéquate en raison d’un manque de formation et de sensibilisation des acteurs du système judiciaire, qui ne prennent pas toujours ces violences au sérieux.
Ce déficit de réaction, combiné à d’autres failles dans le système de justice, crée un climat d’impunité, où les cyberviolences sont banalisées et se multiplient sans conséquences. Ainsi, une normalisation de ces comportements violents s’installe aggravant la situation.
Statistiques : l’ampleur des cyberviolences genrées
Les chiffres suivants illustrent l’ampleur des cyberviolences basées sur le genre et leur impact disproportionné sur les femmes et les personnes issues de diverses identités de genre, en particulier celles confrontées à des discriminations croisées :
– 60 % des jeunes femmes et des personnes de diverses identités de genre au Canada sont victimes de haine en ligne au moins une fois par mois, et certaines y font face quotidiennement. Cette réalité est également observée à l’échelle mondiale, avec des conséquences psychologiques graves pour les victimes. – YWCA Canada (2022), Bloquons La Haine : Rapport national
– Entre 74 % et 80 % des victimes de harcèlement criminel en ligne, ainsi que 71 % à 91 % des victimes de publication non consensuelle d’images intimes, sont des femmes. Ces chiffres montrent l’ampleur du problème, particulièrement pour les femmes dans le cyberespace. – Conseil du statut de la femme (2022). L’hostilité en ligne envers les femmes.
En outre, les groupes les plus vulnérables à ces violences sont souvent ceux à l’intersection de plusieurs formes de marginalisations, comme les femmes racisées, les personnes 2ELGBTQI+, les personnes en situation de handicap et les minorités religieuses.
Par exemple, selon le Rapport National intitulé Bloquons La Haine de YWCA Canada publié en 2022 :
Les personnes racisées au Canada sont trois fois plus susceptibles d’être victimes de haine en ligne que leurs homologues non racisés.
Les jeunes en situation de handicap sont 70 % plus susceptibles d’être victimes de haine en ligne, tandis que les jeunes des communautés 2SLGBTQIA+ et autochtones sont environ 60 % plus susceptibles d’être ciblés.
Les impacts de la cyberviolence
Les cyberviolences ont des conséquences profondes, souvent invisibles, qui affectent le bien-être psychologique et social des victimes, ainsi que leur liberté d’expression :
– Isolement social :
La peur d’autres agressions incite les victimes à se retirer des espaces numériques. 41 % des femmes de 15 à 29 ans aux États-Unis s’autocensurent pour éviter le harcèlement en ligne, limitant ainsi leur capacité à s’exprimer librement. Conseil du statut de la femme (2022). L’hostilité en ligne envers les femmes
– Détresse psychologique :
La peur constante et le harcèlement en ligne conduisent à des troubles tels que l’anxiété, des troubles du sommeil, une perte de confiance en soi et un sentiment général d’impuissance. Les victimes au Québec rapportent également une détérioration de leurs relations sociales et une atteinte à leur réputation, dont la réparation est difficile en raison de la durabilité des contenus dans le cyberespace.
Ministère de la Famille et Ministère de la Sécurité publique, 2015
– Réduction de la participation publique :
De nombreuses femmes et minorités de genre se limitent dans leur engagement en ligne de peur des attaques, ce qui aggrave le déficit de diversité et d’inclusivité dans les débats publics.
Conseil du statut de la femme (2022). L’hostilité en ligne envers les femmes
En refusant d’agir, nous normalisons
L’inaction face aux cyberviolences crée une normalisation de comportements dangereux et destructeurs dans l’espace numérique. En refusant d’agir, nous permettons :
– Le harcèlement systémique :
Le manque de régulation et de mesures dissuasives permet à ces comportements de se multiplier sans conséquences.
– La prolifération de discours sexistes et haineux :
La tolérance de ces discours détruit l’espace public numérique, le rendant hostile et dangereux pour de nombreuses personnes.
– Le contrôle numérique dans la sphère privée :
Les violences en ligne s’infiltrent également dans la sphère privée, devenant un outil d’oppression.
Un système défaillant
Les législations actuelles sur les cyberviolences sont inadaptées et les structures de soutien sont souvent insuffisantes pour répondre efficacement aux besoins des victimes. L’absence de mesures dissuasives et le manque de sensibilisation dans le système judiciaire créent un climat d’impunité qui encourage la multiplication des agressions.
Les données des corps policiers, recueillies entre 2015 et 2020, montrent qu’une majorité des personnes présumées auteures des infractions commises envers des femmes sont de sexe masculin. Cette proportion atteint jusqu’à 85 % pour les infractions liées à la publication non consensuelle d’images intimes et au harcèlement criminel.
Conseil du statut de la femme (2022). L’hostilité en ligne envers les femmes
Un appel à l’action pour les 12 jours d’action
Cette campagne vise à informer le public sur les différentes formes de cyberviolences genrées, à encourager des actions collectives pour contrer ces violences et soutenir les personnes touchées, promouvoir les initiatives des différentes organisations de l’écosystème à travers un calendrier centralisé afin de lutter efficacement contre ces violences en ligne.
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