Le produit obtenu est d’une grande lisibilité. Des événements peu connus ou ignorés par les manuels sont mis en exergue : ainsi, si les méthodes musclées utilisées pour imposer le libre-échange à la Chine sont connues (« guerre de l’opium »), on découvrira la sauvagerie avec laquelle les efforts de développement autonome du Paraguay ont été brisées par l’impérialisme anglais au XIXe siècle. Le mythe de la « fraternité » des tranchées en 14-18 est justement mis en cause, la répression préventive de la hiérarchie militaire est rappelée, avec plus de 500 soldats français « fusillés pour l’exemple » en 1914-1915.
On trouvera aussi des développements éclairants sur le rôle du patronat dans l’accession de Hitler au pouvoir, les manœuvres américaines à l’origine de la « guerre froide », l’utilisation du chômage de masse pour installer une « peur sociale » chez les salariéEs, la déferlante néolibérale des années 80, la dette du tiers monde…
Le mythe des « trente glorieuses » est justement questionné : la Libération est marquée par des conquêtes sociales mais aussi par la répression coloniale tandis le capitalisme restauré mate les mineurs grévistes et impose des conditions de travail meurtrières. Le chapitre sur la guerre de libération de l’Algérie est remarquable. Le livre revient aussi sur la lutte des femmes, en particulier pour le droit à l’avortement, ainsi que sur les formes modernes des guerres : recours à des sociétés militaires privées, drones, etc.
Tout n’est, bien sûr, pas au même niveau. Ainsi, le chapitre sur la montée en puissance de la Chine donne une vision un peu trop harmonieuse de la société chinoise. Et si Trotski figure sur la couverture du livre, on ne trouvera rien sur les circonstances de l’arrivée de Staline au sommet du pouvoir. Au final, un livre très utile, surtout si le contenu des manuels d’histoire vous énerve !