Le privé est plus que jamais politique, et le changement doit être collectif. Dans ce contexte, Ingrid Falaise, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, l’Alliance des maisons de 2^e étape et L’R des centres de femmes ont invité la population à une journée de mobilisation citoyenne le vendredi 2 avril, partout au Québec.
Des manifestations, organisées simultanément dans près de 20 municipalités, seront placées sous le signe de la solidarité avec toutes les femmes qui subissent de la violence conjugale dans l’ombre, mais aussi de l’indignation collective contre ces violences patriarcales. Force est de constater que la pandémie a engendré un recul des conditions des femmes et a exacerbé les violences envers celles-ci. Plus que jamais, la relance doit être féministe et inclusive !
Au lendemain d’un budget franchement décevant pour les femmes, les organisatrices de la mobilisation interpellent le gouvernement sur l’importance d’agir autant à court terme, pour renforcer le filet de sécurité autour des femmes et des enfants victimes de violence conjugale, qu’à long terme, pour prendre un virage sociétal et en arriver à un changement des mentalités en profondeur.
Consolider et élargir les services aux victimes de violence conjugale constitue une priorité, afin de rejoindre le plus de femmes possible et de n’en laisser aucune derrière. Or, les services en violence conjugale, à eux seuls, ne peuvent répondre à l’ampleur des besoins pour prévenir les féminicides. Nous croyons, en effet, qu’un changement structurel est essentiel et que celui-ci passera notamment par la mise en oeuvre rapide des recommandations du Comité d’experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale, du Comité d’examen des décès liés à la violence conjugale. Rassemblant près de 220 recommandations, ces deux rapports contiennent les ingrédients nécessaires à une transformation profonde de la prise en charge collective de la violence conjugale, et plus largement de la violence faite aux femmes.
Si des discussions se sont amorcées avec le gouvernement dans les derniers jours pour trouver des solutions, il est primordial qu’une collaboration régulière, continue et sur le long terme soit garantie avec les groupes de femmes spécialisés en matière de violence conjugale. Le gouvernement ne peut se priver de l’expérience et de l’expertise développées sur le terrain, avec, par et pour les femmes et les enfants violentés.
Face à la surreprésentation des femmes autochtones et des femmes noires dans les récents féminicides, nous pressons le gouvernement de mettre en place des mesures spécifiques et adaptées aux réalités de celles qui se situent à la croisée des oppressions, tout en étant à l’écoute des personnes et des groupes concernés. Tant que toutes les femmes ne seront pas en sécurité, nous ne pourrons pas crier victoire.
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