Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Violence faite aux femmes

Nous voulons que ça change !

MONTRÉAL, le 18 oct. 2024 - Mardi, le 08 octobre 2024 vers 10h le matin, est et restera une date sombre pour la communauté étudiante trifluvienne et la communauté de la région de la Mauricie dans son ensemble, car l’annonce de la découverte du corps de la jeune étudiante Alexandra Martine Diengo Lumbayi, disparue depuis le 2 octobre, semait déjà une inquiétude grandissante.

La jeune étudiante d’origine congolaise étudiait à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) depuis un an et quelques mois. Disparue dans le parc de l’île St-Quentin où elle avait été vue pour la dernière fois, la jeune étudiante était introuvable et sa mère, depuis le Congo où elle réside, avait lancé un cri du cœur qui n’a laissé personne indifférent. Étudiants, parents, communauté immigrante, communauté locale et gens venus d’autres régions, ainsi que le Regroupement des Amazones d’Afrique et du Monde (RAAM) à Trois-Rivières, se sont rendues solidaires autour de cette mère pour retrouver Alexandra.

Malheureusement, le triste dénouement de l’histoire nous a bouleversé face au décès confirmé de l’étudiante, impuissants face au chagrin d’une mère et révoltées face à l’isolement et aux difficultés qui minent le quotidien des jeunes femmes immigrantes et notamment celles arrivées sur un statut d’immigration temporaire.

Alexandra est décédée alors qu’elle était venue chercher un meilleur avenir par des études universitaires. Elle avait choisi l’UQTR, à Trois-Rivières, en Mauricie, au Québec pour obtenir un diplôme et, comme plusieurs jeunes étudiantes dans son cas, s’y installer éventuellement et y bâtir sa vie socioprofessionnelle future. Elle avait des rêves, des projets, « c’était une jeune fille intelligente, curieuse et gentille », aux dires de ses amis.

Aujourd’hui, nous, femmes immigrées et racisées du Québec, comme une seule voix, portée par le Réseau d’action pour l’égalité des femmes immigrées et racisées du Québec (RAFIQ), nous lançons un cri du cœur, exprimons notre indignation et pointons du doigt les conditions qui entravent les parcours d’intégration des femmes immigrées et racisées, notamment celles venues sur un statut d’immigration temporaire, dont font partie les étudiantes étrangères.

Pour des étudiantes étrangères, immigrer devrait permettre l’accès à un espace de connaissance, de liberté, de libre expression, de bien-être et de créativité pour réaliser leur plein potentiel et bien vivre-ensemble avec tous et toutes.

L’isolement, des conditions économiques précaires, des discriminations quant à l’accès à un logement, à un emploi bien rémunéré, la barrière linguistique, les difficultés, les lenteurs et des décisions administratives souvent inéquitables. Exemples : conditions d’obtention de permis de travail, permis de travail fermés définitifs qui précarisent les travailleuses étrangères, limitation du nombre d’heures de travail pour les étudiantes étrangères, etc., sont autant d’obstacles qui s’enchevêtrent et deviennent souvent insurmontables.

Dans le cas spécifique des étudiantes étrangères, on constate, de surcroît, que les frais d’études dans les collèges et universités sont en hausse pendant que les heures permises de travail sont exagérément diminuées. Parallèlement, le système éducatif et académique est souvent inadapté à l’accueil des étudiantes en provenance de certains pays, notamment les pays subsahariens. Situation qui ne favorise pas forcément de bons résultats académiques pour les étudiantes venues de ces pays. Surtout qu’à leurs âges, l’estime de soi passe aussi par la fierté des parents face à de bons résultats scolaires. Ces facteurs deviennent aussi des causes de stress, voire de fragilité mentale et de détresse psychologique pour nombre d’entre elles, qui se trouvent parfois confrontées à la lourde charge de devoir améliorer à la fois leur propre avenir et celui de leurs proches restés dans leur pays d’origine.

Nous demandons à tous les paliers de gouvernement ainsi qu’à toutes les universités et collèges, de revoir leur politique d’accueil des étudiants et des étudiantes étrangères en particulier, en tenant compte de tous les défis financiers, sociaux et psychologiques que ces jeunes ont à affronter, seules et loin de leur famille, pour pourvoir réussir leurs études et au-delà, leur vie sociale.

Faisons tout pour ne pas transformer leur espoir en désespoir !

Le RAAM a été créé en 2014 de la volonté de femmes de la diversité de la région de la Mauricie de briser leur isolement en les regroupant et en organisant avec elles des activités qui répondent à leurs besoins ; développer leur leadership en offrant de la formation et du réseautage avec les autres organismes communautaires de la région ; créer des initiatives entrepreneuriales individuelle ou collective.

Le RAFIQ est un regroupement féministe qui vise à favoriser la concertation entre les femmes immigrées et racisées du Québec, la défense de leurs droits, la définition de revendications prioritaires pour elles ainsi que la mobilisation autour d’enjeux communs et de toute activité favorisant l’autonomie et l’égalité de ces femmes.

Réseau d’action pour l’égalité des femmes immigrées et racisées du Québec (RAFIQ)

Le RAFIQ est un organisme québécois de défense de droit fondé en 2011 sur une approche féministe. Il vise à favoriser la concertation, la mobilisation autour d’enjeux communs et de toute activité favorisant l’autonomie et l’égalité des femmes. Il défend les questions d’égalité entre les femmes et les hommes.

https://rafiq.ca/

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