Ces derniers pressent l’Arrondissement d’adopter les mesures suivantes :
1) rendre conditionnel l’octroi de permis pour travaux au maintien de la tenure locative du logement ;
2) imposer des réserves foncières sur les propriétés menacées afin de freiner les conversions ;
3) qu’il interpelle le gouvernement du Québec pour qu’il légifère à l’égard du zonage préservant la tenure locative des unités d’habitation, sans quoi la Ville de Montréal ira de l’avant avec son propre projet de règlement assurant le bien-être général de sa population et sa capacité à se loger dignement et durablement.
Un quartier en processus de gentrification
Le phénomène de gentrification du quartier entraîne une perte significative de logements locatifs qui sont transformés en copropriété ou en résidence unifamiliale. Les locataires qui y habitent depuis longtemps, et qui payent un loyer encore abordable en regard au prix du marché, sont chassés de leurs logements sans solution de rechange. « Le quartier est en pleine transformation. Nous assistons en ce moment à un remplacement de la population traditionnelle par de nouveaux ménages plus aisés », explique Sébastien Laliberté, organisateur communautaire au Regroupement Information Logement (RIL).
Le RIL et Action-Gardien, la Corporation de développement communautaire de Pointe-Saint-Charles, ont récemment présenté les résultats d’une étude sur la transformation du quartier à partir des données du recensement de 2016 et des demandes de permis à l’Arrondissement Le Sud-Ouest. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : baisse de la part des logements locatifs (-9,0% en 10 ans), hausse drastique des loyers (+140$ en moyenne ou 23,2% sur 5 ans), hausse du coût d’achat d’une propriété (+214% pour un condominium en 5 ans), perte de logements abordables dus aux conversions autorisées par l’Arrondissement (au moins 436 logements abordables retirés du marché depuis les années 2000) et diminution de la proportion de logements sociaux dans le quartier habité (-6,8% depuis 1996 et projection d’une baisse additionnelle de 3,7% pour les projets annoncés).
Les promoteurs immobiliers ont recours à divers stratagèmes pour évincer les locataires et transformer les logements en copropriétés ou en résidences unifamiliales. « Nous constatons que les droits inscrits au Code civil du Québec ne suffisent plus pour protéger les locataires contre la vague spéculative qui touche le quartier », affirme maître Manuel Johnson, avocat aux Services juridiques communautaires de Pointe-Saint-Charles-Petite-Bourgogne. Les évictions se traduisent trop souvent par un exil du quartier vu les difficultés à trouver des loyers accessibles. Ce déracinement a des conséquences dramatiques : perte du réseau social, appauvrissement substantiel dû à un loyer plus élevé, éloignement des ressources communautaires, etc. En tant que gouvernement de proximité, l’Arrondissement Le Sud-Ouest a le devoir d’assurer le bien-être de ses citoyenNEs en mettant en place des mesures pour protéger le parc de logement locatif et freiner l’exode des ménages à faible et moyen revenu.
Bridge-Bonaventure, un secteur à préserver pour la communauté
Au-delà de la transformation dans le quartier habité, les organismes s’inquiètent de l’éventuelle venue d’un nouveau stade de baseball et d’un projet de développement immobilier de luxe aux abords du Bassin Peel dans le secteur Bridge-Bonaventure. « Ce n’est pas de luxe dont le quartier a besoin, mais de logements sociaux et de projets collectifs répondant aux besoins de la communauté », déclare Cédric Glorioso-Deraiche, responsable des dossiers aménagements à Action-Gardien. Le site convoité est la propriété de la Société immobilière du Canada (SIC) et les organismes réclament qu’il doive impérativement servir au développement de projets 100% publics et collectifs. Ces terrains pourraient, entre autres, être mobilisés dans le cadre de la Stratégie canadienne sur le logement du gouvernement de Justin Trudeau pour y construire des logements sociaux au bénéfice des ménages à faible et moyen revenu.
Les besoins en matière de logement sont criants alors qu’on assiste en ce moment à un retour de la pénurie de logements comme nous avons connu au début des années 2000. « Il y a en ce moment plus de 650 ménages en attente pour un logement social sur la liste de notre organisme », rappelle M. Laliberté. Les pouvoirs publics doivent rapidement démontrer leur parti-pris en faveur de la population et s’engager immédiatement à prendre les mesures appropriées pour mettre ce site en réserve.
Espaces en voie de disparition est une campagne portée par Action Gardien et le Regroupement Information Logement à laquelle contribuent activement le CPAS, Madame Prend Congé et les Services juridiques communautaires de Pointe-Saint-Charles et Petite-Bourgogne. Ces organismes ont décidé d’agir collectivement pour lutter contre la perte de logements locatifs privés et sociaux ainsi que pour promouvoir le logement social comme solution pérenne aux problèmes de logement de la population de Pointe-Saint-Charles. Pour plus d’informations sur la campagne, consultez notre site web : www.espacesendisparition.org
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