par Virginie Larivière et Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté
Comme vous savez, les hausses de prix, qu’il s’agisse de transport, de nourriture ou de logement, affectent davantage les personnes en situation de pauvreté. Quand quelqu’un n’arrive déjà pas à manger trois repas par jour, chaque augmentation de prix l’oblige à couper… dans ce qui faisait déjà défaut.
Non seulement devez-vous accorder une attention spéciale aux personnes en situation de pauvreté dans votre prochain budget, mais vous devez également éviter le piège des mesures ponctuelles et cosmétiques. Des mesures comme la « prestation exceptionnelle pour le coût de la vie » versée en janvier dernier, ça ne règle rien de rien.
Bien sûr, il faut agir rapidement, mais, pour permettre aux gens de sortir durablement la tête de l’eau, vous devez privilégier des mesures structurantes. Voici trois recommandations qui vont dans ce sens et que vous devriez considérer.
1. Rehausser les protections publiques pour assurer à tous les ménages un revenu au moins égal à la MPC
Au Québec, 800 000 personnes en moyenne disposent d’un revenu inférieur à la Mesure du panier de consommation (MPC) ; c’est une personne sur dix qui n’a pas assez d’argent pour couvrir ses besoins essentiels et doit donc se priver régulièrement, au péril de sa santé et de sa dignité.
Pourtant, selon la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le gouvernement est tenu de « rehausser le revenu accordé aux personnes et aux familles en situation de pauvreté, en tenant compte de leur situation particulière et des ressources dont elles disposent pour couvrir leurs besoins essentiels ».
Monsieur le Ministre, la couverture des besoins de base ne devrait pas être vue comme un luxe ; c’est un minimum.
2. Fixer le salaire minimum au moins à 18 $ l’heure
Pour sortir de la pauvreté, il faut au moins 18 $ l’heure à une personne travaillant 35 heures par semaine. Avec la hausse de 75 cents prévue le 1er mai prochain, le taux passera à 14,25 $ l’heure, ce qui permettra à peine aux travailleuses et aux travailleurs de couvrir leurs besoins de base.
Monsieur le Ministre, il est temps que votre gouvernement cesse de se soucier uniquement du bien-être des entreprises et porte attention au sort des travailleuses et des travailleurs au bas de l’échelle.
3. Procéder à un réinvestissement massif et immédiat dans les services publics
Les services publics jouent un rôle fondamental dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités socioéconomiques en participant à la redistribution de la richesse. Si la pandémie a rappelé leur importance capitale, elle a aussi révélé à quel point plusieurs d’entre eux souffrent de sous-financement chronique depuis des années. Et à quel point ce sous-financement a d’abord des répercussions sur les moins nanti∙es.
Un réinvestissement massif et immédiat est nécessaire, et nous tenons à vous rappeler ici quelques mesures concrètes qui pourraient faire une grande différence dans la vie des personnes en situation de pauvreté.
Par exemple, pourquoi ne pas procéder à un gel des tarifs d’électricité en cette période de forte inflation et ne pas redonner à la Régie de l’énergie le mandat de fixer le tarif résidentiel de l’électricité ?
Pourquoi ne pas respecter vos engagements et injecter les sommes nécessaires dans le programme AccèsLogis pour livrer la totalité des logements sociaux déjà prévus ? Pourquoi ne pas financer sans plus tarder un grand chantier de 50 000 logements sociaux en cinq ans ?
Ou pourquoi ne pas enfin investir, de manière récurrente, 460 millions $ supplémentaires dans le financement à la mission globale des organismes d’action communautaire autonome ?
Une personne sur dix
Au moment de réviser votre budget, Monsieur le Ministre, nous espérons que vous garderez cette statistique toute simple en tête : même avant la pandémie, même avant la récente flambée des prix, une personne sur dix au Québec n’arrivait pas à couvrir ses besoins essentiels. Vous avez la responsabilité de leur offrir des mesures qui contribueront à améliorer durablement leurs conditions de vie. Vous ne pouvez pas les décevoir une fois de plus.
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