Je m’intéresse depuis longtemps aux problématiques environnementales, et depuis que les Libéraux sont au pouvoir, autant au niveau provincial que fédéral, je vous avoue que le sujet des hydrocarbures m’inquiète particulièrement. Je fais partie de ces dizaines de milliers de gens impliqués de différentes manières, et de ces centaines de groupes environnementaux qui se mobilisent et se démènent pour faire entendre raison à ceux du pouvoir qui veulent « décider pour nous » de ce qui leur « semble » notre bien à tous.
Nos groupes citoyens n’auront pas eu le temps de célébrer bien longtemps leurs plus récentes victoires : voilà le gouvernement du Québec qui revient à la charge, en annonçant son intention de permettre bientôt l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans nos lacs et rivières, ceci en déposant quatre projets de règlements de mise en œuvre. Bon sang ! Quel aveuglement ! D’autres préféreront dire : trahison… Pourtant, leur Loi sur les hydrocarbures, massivement critiquée et quand même adoptée sous le bâillon en décembre 2016, ne devait-elle pas plutôt avoir des visées opposées ? Orientées vers la protection !!! Mais bon ! Il n’y a pas de quoi s’étonner d’une pareille « dichotomie », lorsque l’on considère la puissante influence des lobbyistes, qui corrompt l’objectivité de l’institution parlementaire. De plus, il est bien difficile de demeurer loyal à ses électeurs et électrices lorsque, historiquement et d’une manière ou de l’autre, on en doit une « couple » au scintillant veau d’or. Ainsi, comme le veut ce qui est devenu tradition, ce gouvernement nous a encore dit une chose, pour ensuite faire son plus parfait contraire, malgré les déclarations récentes du ministre Moreau, cherchant à calmer les vives réactions des personnes opposées.
À tous les député.e.s de l’opposition, je viens aujourd’hui demander avec insistance de convaincre vos caucus de mettre tout leur poids pour contrer cette gaffe monumentale, qui ouvrirait toute grande la porte aux entreprises pétrolières et gazières, leur permettant en toute « légalité » de causer des dommages irréparables à l’environnement, et plus particulièrement à cette ressource vitale et irremplaçable qu’est notre eau potable. Mais encore, l’effort de chacun ne suffira peut-être pas, à moins que la partisannerie ne soit mise de côté, et que tous les partis d’opposition acceptent de faire corps, pour les intérêts supérieurs de la patrie. Il faudra profiter du momentum idéal qu’offre la réouverture de la session parlementaire pour talonner le gouvernement sur ce sujet précis, et ne surtout pas lâcher prise, jusqu’à l’obtention d’un recul substantiel, et même idéalement, d’un abandon complet. Car autrement, si ce « dossier » se règle à la satisfaction du Ministre, la décriée Loi sur les hydrocarbures entrera aussitôt en vigueur, et il sera trop tard pour renverser la vapeur. C’est pourquoi la société civile ne peut se permettre de subir un échec dans ce combat déterminant pour son avenir. Des centaines de foreuses attendent avidement d’être libérées de leurs chaînes pour trouver les beaux gros « no-nosses » cachés un peu partout sous nos pieds...
Du même coup, ce sera l’occasion parfaite pour exiger une interdiction immédiate et complète de la fracturation hydraulique, la plus pernicieuse des techniques de cette industrie, comme cela a largement été démontré de par le monde. La clairvoyance la plus élémentaire le dicte. Par ailleurs, à moyen et à long terme, il faudra impérativement presser les Libéraux de mettre en place un véritable plan de sortie de la filière pétrolière et gazière au Québec. Toutefois, afin de favoriser une transition énergétique et économique sans « cassure », je reconnais qu’il serait opportun de l’étaler sur quelques années, mais en maintenant résolument une main de fer sur l’échéancier.
Pour un nombre sans cesse grandissant de nos concitoyens et concitoyennes, il y a évidence criante que pareils règlements mettent dangereusement nos eaux en péril, et c’est pourquoi ils doivent être retirés à tout prix, à chaque tentative d’adoption. Cette menace imminente devrait même passer en tête des priorités de lutte, et avoir préséance sur les autres sujets à l’agenda politique de vos chefs, quitte à devoir abaisser d’un rang celles qui vous occupent déjà... à temps plein... Car lorsque l’eau devient empoisonnée, c’est le début de la fin. Régulièrement, les recherches scientifiques les plus avancées nous répètent que nous frôlons le point de rupture. Il n’y a plus que la folie pour nier cette réalité. C’est maintenant qu’il faut mater cette frénésie pétrolière autodestructrice. Ensemble, on le peut !
En vous saluant, et pour en ramener certains au niveau de la rue, il m’apparaît utile de mentionner que vos électeurs et électrices sont si profondément préoccupé.e.s par ce dérapage mercantile et irresponsable du gouvernement Libéral, que cela pèsera certainement lourd sur la balance des votes aux prochaines élections. Comprenne qui pourra…
D’innombrables Québécois(ses) espèrent pouvoir compter sur votre implication, qui est éminemment importante.
Martin Bouchard,
Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec,
Coalition Eau Secours et Équiterre.
St-Anaclet
Un message, un commentaire ?