Ceux qui habituellement orientent l’opinion, devaient être bien déconcertés cette fois-ci, de la voir tourner à gauche. Comme j’aurais aimé leur voir l’expression ! Afin de tenter de contrer le flux de ce mouvement, PKP et son nouveau canal populiste Sun News a sorti son fusil en attirant l’attention sur un message reçu par Jack Layton.
Peu importe la direction qu’elles prennent, à gauche ou à droite, les vagues me font peur. Pourquoi ? Selon moi, elles démontrent la facilité avec laquelle les gens peuvent être manipulés. Sans être directement proportionnelle, il existe une corrélation importante entre les choix politiques des citoyens et l’ idéologie des médias de droite.
Outre les médias, on constate que les sondages ne sont pas qu’un instrument neutre de mesure. Ils ont aussi une forte capacité d’influer sur le courant, notamment en période électorale. Effet boule de neige, pourrait-on dire. Cela témoigne de la vulnérabilité des populations face aux beaux discours d’éventuels dictateurs, même quand leurs actions foulent aux pieds la démocratie comme c’est le cas de Harper.
Est-ce que cela veut dire qu’avec cette vague, tous ceux qui ont voté NPD ont été manipulés ? Loin de là. Bien des gens étaient déjà favorables au programme de ce parti. Cependant, compte tenu de notre mode de scrutin déficient, ils n’osaient voter pour lui voyant en d’autres partis les meilleures chances de contrer Harper. L’information des sondages les a libérés de cette contrainte et ils se sont permis de voter davantage avec leur cœur. Est-ce que cela veut dire que les Québecois ont voté contre le Bloc ? Pas nécessairement. Avec les récents sondages, il devenait envisageable non seulement de contrer les conservateurs, mais de le faire dans le cadre d’une vaste opposition plus à gauche. Ils pouvaient entrevoir une chance inespérée de déloger Harper pour de bon par un gouvernement penchant vers la gauche. Aussi bien alors profiter de cette vague, qui ne risque peut-être pas de revenir de sitôt... Bien des Québecois d’ailleurs, ont dû voter le cœur déchiré...
De toute façon, le peuple du Québec sait très bien que cette élection n’est pas un référendum pour la souveraineté. Cela ne l’empêchera pas le moment venu de se choisir un pays. Et si Jack ne se montre pas attentif et ouvert aux aspirations des Québecois, c’en serait fait pour lui et pour de bon.
Même si un grand nombre de ceux qui ont voté NPD l’ont fait de manière intelligente en connaissant son programme, en bonne partie du moins, je crains que plusieurs aient suivi le courant...par conformisme. N’ayant pas assez d’informations, ni suffisamment de confiance en eux, ils se disent quelque chose comme : « Si tout le monde se dirige vers cette porte, cela doit être la bonne sortie » comme cela s’est produit lors de la vague ADQ. Comment expliquer autrement que des comtés qui ont voté largement conservateur en 2008 se retrouvent soudainement à voter NPD ? Est-ce que tout à coup, en l’espace d’un mois, ils sont devenus conscients des enjeux, ont réalisé soudainement que le choix d’un gouvernement conservateur ne ferait qu’accentuer les inégalités dans ce pays, renforcer la répression, restreindre les droits des femmes...bref bafouer la démocratie ? Devenir aussi conscients en aussi peu de temps serait bien merveilleux, mais je n’y crois pas. Ce ne peut-être que le fait de suivre le courant... peu importe où il nous emporte... Très inquiétant !....
Ces virages à 180° dénotent également l’analphabétisme politique d’une grande partie de la population.
Voilà pourquoi je n’aimerais pas une vague Québec solidaire. Parce que si les choix ne sont pas faits en toute connaissance de cause, cela ne peut être solide. Passer d’une économie au service des puissants à une économie au service des gens ne se fera pas sans heurts. Face aux virulentes attaques de la part des dominants qui ne manqueront pas de sortir tout leur arsenal - dont la cote des agences de notation ! - si le niveau de conscience ne repose pas sur une base solide, une autre vague pourrait alors rapidement venir tout balayer.
Pour construire une écosociété où justice et environnement sont les valeurs de fond, cela prend des gens bien informés, conscients des enjeux. Et cela ne se fait pas en une campagne. Compte tenu de l’appropriation des médias au Québec et au Canada par quelques magnats, et de l’emprise de nombreux think tank de droite financés par de riches donateurs – avec notre argent car ils ont droit à un crédit d’impôt - cette prise de conscience se fait lentement.
D’où l’urgence dans nos écoles d’une éducation à la démocratie, comme cela se fait dans les pays scandinaves. Je ne parle pas évidemment ici, d’informations liées aux technicalités des élections, qui ne sont que la coquille de la démocratie ...mais de ce que démocratie signifie dans sa quintessence. Mais cette éducation ne deviendra réalité qu’avec un gouvernement axé sur le bien commun.