Édition du 17 décembre 2024

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Féminisme

Les faux-pas de Gabrielle Girard

Le dérapage de la présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) demandant par un tweet l’interdiction des relations hétérosexuelles a soulevé un tollé parmi les politicien.nes, les journalistes/chroniqueurs, ceertaines militantes et la population. Interdire les relations hétérosexuelles relevait bien évidemment d’une enflure aux allures de mauvaise plaisanterie. Un peu comme si on avait dit, « pour en finir avec les divorces, abolissons le mariage ».

tiré de : Les Canadiens célèbrent le hockey sous le signe de l’inclusion
De Infolettre de fugues, Décorhomme et MonZip

Dès son arrivée à la tête de la FFQ, Gabrielle Bouchard était attendue avec une brique et un fanal. Elle a été plus choisie qu’élue puisqu’il n’y avait aucune autre femme qui briguait le poste. Et, en tant que personne trans, certaines personnes ont questionné tout haut si elle pouvait représenter les femmes, elle, qui a eu une éducation de garçon ce qui à leurs yeux la disqualifiait dès le départ.

Cela dit, la présidence de la FFQ a toujours représenté un défi pour celles qui l’ont occupée. D’autant que le contexte a évolué depuis le départ de Françoise David, et que si les enjeux sont toujours nombreux, ils ont aussi changé.

La question des signes religieux et plus précisément du port du voile, ou encore la question de la prostitution ont souvent divisé la FFQ sans atteindre des consensus. Bien sûr chacune des présidentes qui se sont succédé ont apporté leur pierre à l’édifice mais l’image de la FFQ n’a plus la même aura que celle qu’elle avait à la fin des années 90.

Gabrielle parle de sa frustration quand elle voit le droit à l’avortement reculer aux États-Unis ce qui lui occasionne un tweet en juin 2019 se posant la question de la vasectomie pour les hommes à partir de 18 ans. C’est surement la même frustration face aux féminicides qui ont marqué les premières semaines de l’année qui l’ont poussée à publier un autre tweet demandant l’interdiction des relations hétérosexuelles.

Elle espérait ainsi faire réagir la population. Elle a atteint son but mais visiblement pas dans le bon sens, quand on voit le tollé général et les réactions dans les médias. Cela dit, devait-on prendre ses déclarations au pied de la lettre ? Les tweets incendiaires ont tout de même été publié sur sa page Facebook personnelle, donc n’étant pas la position officielle de la FFQ… une nuance importante. Mais voilà, les réseaux sociaux ne relèvent pas du privé, et Gabrielle reste la présidente de la FFQ, même quand elle s’exprime en son nom personnel, ce que toute personne dans une situation semblable à la sienne devrait savoir (sauf Trump, bien évidemment).

Les réseaux sociaux sont des grosses machines de diffusion tout azimut, participant plus à la polarisation qu’à la résolution d’enjeux qui ne font pas consensus. En alimentant les polarisations par des propos outranciers, provoquants, voire parfois seulement humoristiques, les passions se déchaînent, et n’enrichissent en rien le débat. Au contraire, elles le ferment.

On peut sérieusement se poser la question s’il est stratégiquement productif de participer à toute forme de provocation sachant qu’elle sera probablement reprise par les médias et de nombreux chroniqueurs et chroniqueuses dont c’est aujourd’hui le fond de commerce de réagir à tout. Il est inutile d’apporter de l’eau à leur moulin, ou encore de leur tendre la corde pour qu’ils et elles nous pendent.

Les faux-pas de Gabrielle Girard discréditent l’image de la FFQ.?Espérons qu’en apprenant de ses erreurs, Gabrielle rendra à la FFQ, dont le travail reste nécessaire et essentiel, ses lettres de noblesse.

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