Du G7 au G20...
Années 1970. Le G7 est né dans une période de crise (fin de la parité or/dollar et 1er choc pétrolier). Les chefs d’État des sept pays les plus riches ont choisi de se coordonner à huis clos pour trouver des réponses permettant de préserver leurs intérêts. Les premières discussions étaient centrées sur les aspects de coordination financière et macro-économique, et assez rapidement les sujets abordés dans ce cercle fermé ont été de tout ordre (pensons simplement à la notion d’axe du mal présente dans le communiqué final du G7 de 1983 qui avait lieu aux États-Unis sous la présidence de Bush père). Le G7 est devenu le lieu de concertation entre grandes puissances pour imposer le néolibéralisme (c’est par exemple lors de sa réunion de 1979 à Tokyo que le G7 préconise une hausse des taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation) et la discipline militaire qui l’accompagne.
Fin des années 1990. Face à la déferlante des crises financières de la fin des années 90, le besoin s’est fait sentir d’élargir ce cercle de discussion pour mieux intégrer les nouveaux rapports de force à l’échelle planétaire : c’est ainsi qu’en 1999 est né le premier sommet du G20. Celui-ci ne réunit que les ministres des Finances des 20 États les plus importants, et ne se fait alors guère remarquer. Son mandat reprend les motivations qui ont présidé à la formation du G7 : le G20 discutera principalement de l’architecture financière internationale (dont la « démocratisation » du fonctionnement du FMI). Le G7 continue quant à lui de débattre des questions de politique générale.
Aujourd’hui. C’est à la faveur d’une nouvelle crise, celle dite des subprimes à l’automne 2008, que le G20 prend le devant de la scène en réunissant autour de la table les chefs d’État eux-mêmes. Les sujets abordés lors des G20 restent principalement ceux liés à la coordination financière et macro-économique ; la présence des chefs d’État faisant des G20 le lieu de production du discours de légitimation du système néolibéral.
Le premier G20 des chefs d’État s’est tenu, suite à la convocation par B. Obama, à Washington en novembre 2008. Ce sommet a défini un cycle de « sortie de crise » sur trois ans. Pendant les deux premières années, les membres du G20 se sont rencontrés deux fois par an.
En parallèle de la montée médiatique des G20, les G8 (c’est-à-dire depuis 2005 : G7 + Russie) ont continué à se tenir selon l’ordre de rotation de la présidence des G8.
La France accueille pour l’année 2011 les sommets du G8 et du G20 (en clôture du cycle initié à Washington). Selon les déclarations de Nicolas Sarkozy, les deux sommets seraient clairement séparés (non comme en juin dernier au Canada où ils se suivaient) : le G8 est annoncé pour se tenir au mois de juin à Nice ; le G20 devrait se tenir en novembre. Dates et lieux devraient être précisés lors du prochain G20, à Séoul, les 11 & 12 novembre.
Le sommet du G20 de Séoul revêt pour les mouvements altermondialistes une grande importance, et notamment pour les mouvements français puisqu’il marquera le début de la présidence française des G8 et G20 de l’année 2011. Il nous appartient de nous servir de ces rendez-vous pour montrer le décalage permanent entre leurs réponses et nos propositions. Nous invitons en conséquence les comités locaux à être vigilants sur les conclusions du sommet de Séoul afin de pouvoir diffuser autour d’eux les contre-expertises et solutions proposés par Attac pour construire un monde solidaire.
A l’agenda de Séoul
Le G20 de Séoul s’inscrit dans la continuité des précédents sommets et prévoit donc de discuter des grandes questions récurrentes à son agenda depuis novembre 2008 et le premier G20 de Washington [1] : la relance économique mondiale et les conditions d’une croissance stable et pérenne, le renforcement du système international de « régulation financière » et la modernisation des institutions financières internationales. Le G20 de Séoul annonce notamment la mise au point d’un plan d’action pour la croissance mondiale, dans le cadre duquel les pays membres devraient prendre des engagements économiques précis « sur la base des grandes orientations décidées à Toronto ».
Côté régulation financière, il s’agit officiellement de « restaurer l’intégrité, la transparence et la responsabilité de l’industrie financière de façon à ce qu’elle regagne la confiance du public ». Des règlementations internationales sur les niveaux de fonds propres requis pour les banques devraient être définies avant fin 2010, et mises en place d’ici la fin 2012 (décision de Toronto). Le Forum pour la stabilité financière a par ailleurs été mandaté par le G20 pour développer de tels standards pour les établissements bancaires les plus systémiquement à risque (les « too big to fail »), et pour proposer des réponses en cas de nouvelle défaillances de ceux ci. Le Sommet de Séoul devrait vérifier la poursuite de ces travaux et confirmer le calendrier.
La réforme du FMI doit également être entérinée lors du G20 de Séoul : la réforme des quotas, qui conditionnent le poids dans le vote au Conseil d’administration, est en cours et doit être achevée. Au moins 5% des quotas des pays surreprésentés devront être transférés aux pays sous-représentés, pays émergents exclusivement. La question des méthodes de travail et de la diversité des personnels doit également être discutée pour permettre l’évolution du FMI vers plus d’indépendance et d’efficacité, en particulier dans ses activités de supervision et de recommandation.
Un certain nombre de questions plus spécifiques et ponctuelles sont également à l’ordre du jour, sous l’impulsion de la Présidence coréenne :
la question des « filets de sécurité financiers », autrement dit les mécanismes de protection des pays les plus vulnérables face à une nouvelle crise financière,
la question du développement (une stratégie et un plan d’actions pluriannuel, préparés par le groupe de travail « Développement » mis en place à Toronto, seront présentés, et adoptés, à Séoul),
enfin la question du rôle du secteur privé dans la relance économique mondiale, à travers l’organisation d’un « Business Summit » les 10 et 11 novembre, qui réunira chefs d’entreprises et chefs de gouvernements.
Le sommet officiel se déroulera les 11 et 12 novembre. Au terme de celui ci, la Présidence du G20 sera formellement confiée à la France, qui devrait alors annoncer le nom de la ville ou se tiendra le sommet en novembre 2011, et dévoiler ses grandes priorités de travail.
Mobilisations et activités des mouvements citoyens
Convaincus de l’illégitimité du G20 et de l’inadéquation des réponses qu’il propose à la crise, les organisations citoyennes de Corée du Sud, associations, syndicats, mouvements sociaux, se sont associés pour organiser une semaine d’initiatives et de mobilisations du 7 au 12 novembre, qui réuniront des représentants de mouvements sociaux de tous les continents.
Le programme est en ligne à l’adresse :
http://en.putpeoplefirst.kr/g20_pro...
Plusieurs membres de la coalition française nouvellement initiée [2], notamment par Attac France, dans la perspective de la présidence française du G20, seront présents à Séoul pour rencontrer les mouvements citoyens présents, les engager à participer aux initiatives qui seront proposées en France tout au long de 2011 et participer, bien sur, aux mobilisations populaires organisées par les mouvements sud-coréens toute la semaine.
Attac France au G20 de Séoul
Attac France participera à la semaine d’action populaire organisée par les mouvements citoyens coréens, et représentera notamment, avec l’Aitec, Peuples solidaires, Oxfam France et le CCFD, la coalition française qui se prépare à coordonner les principales initiatives lors des G8 et G20 français.
Un blog collectif de la délégation française a été créé sur le site du journal Libération. A lire en Une du site de Libération, en Une du site Attac France et dans la rubrique consacrée à la mobilisation : http://www.france.Attac.org/spip.ph...
Avant la tenue du sommet de Séoul, Attac France publiera son bilan du G20 depuis 2008 dans le domaine de la régulation de la finance [3]. Bilan accablant, que vous retrouverez sur le site d’Attac France dès mardi 9 novembre 2010. Celui-ci devrait pouvoir servir de premier document de travail pour enclencher les mobilisations de l’année 2011 autour des G8 et G20 ; sachant que le premier rendez-vous qui nous est donné devrait être celui d’un G20 ministériel Finance en février / mars à Paris.
Enfin Attac France suivra bien sur les discussions, et les conclusions, du G20 de Séoul et en proposera une analyse critique dès le 12 novembre 2011.
Notes
1. Voir le site officiel du Sommet. http://www.seoulsummit.kr/eng/goPag...
2. Un appel à mobilisation signé par de nombreuses organisations françaises sera publié à l’occasion du G20 de Séoul.
3. « Le G20 face à la crise financière : Les éléphants, la souris et les peuples ».