Le Comité jeunes féministes de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) joint sa voix aux individuEs et groupes qui ont dénoncé la répression policière, qui s’est traduite par des violations massives et arbitraires des libertés civiles, les 26 et 27 juin derniers à Toronto. Alors que les dirigeants des pays les plus puissants de ce monde se réunissaient dans le cadre de la tenue du G 20, la Ville Reine a été le théâtre du plus grand nombre d’arrestations dans l’histoire du Canada.
Un nombre important de personnes ont été appréhendées sans motif raisonnable par les policiers durant ladite fin de semaine, leurs sacs fouillés, leurs infos personnelles notées et possiblement diffusée à travers les corps policiers du groupe intégré de sécurité. Plus de 1000 personnes ont été arrêtées, dont la majorité a été libérée sans accusation (parfois après plusieurs heures, voire des jours de détention). Toutefois, quelques centaines de personnes font face à des chefs d’accusation dont certains sont très graves, comme les accusations de complot dans le but de commettre un acte criminel – sans toutefois spécifié lequel !
Les témoignages des personnes appréhendées et des témoins sont unanimes et on ne peut plus choquants. Les exemples de violation des droits humains les plus fondamentaux sont nombreux : intimidation, harcèlement, arrestations arbitraires, raids dans des résidences privées et lieux d’hébergement, kidnappings, conditions de détentions inhumaines (privation d’eau, de nourriture, de sommeil, de vêtements chauds, de liberté de mouvements élémentaires), vols de bien, fouilles à nu, humiliation, sévices physiques et psychologiques. Nous dénonçons ces actes ignobles perpétrés en toute impunité par les forces de l’ordre et financés à même les poches des contribuables (près d’un milliard de dollars).
Plus spécifiquement, nous tenons à dénoncer haut et fort les violences ‘genrées’ dont les femmes ont été victimes. Bon nombre des femmes arrêtées ont rapporté avoir été la cible de propos et comportements sexistes allant du harcèlement sexuel aux menaces de viols collectifs en passant par des fouilles à nu, sous les regards obscènes des agents masculins, et la contrainte de faire ses besoins personnels dans une toilette sans porte à la vue de tous et toutes, y compris des gardiens. De plus, nous savons qu’au moins une femme a été victime d’une agression sexuelle par un agent dans un des centres de détention.
Encore une fois, les femmes sont parmi les premières victimes de la violence et font les frais d’un système patriarcal et capitaliste corrompu. Avec ses politiques qui visent à museler la parole des femmes et bafouer leurs droits (notamment en ce qui concerne le droit à l’avortement), le gouvernement fédéral de Stephen Harper nous a prouvé encore un fois qu’il est près à aller loin, très loin, pour faire reculer les droits humains, et ceux des personnes les plus vulnérables en particulier.
Par ailleurs, les témoignages révèlent que la moyenne d’âge des personnes arrêtées était de 20 ans. De plus, les forces policières ont visé plus particulièrement, non seulement les femmes, mais également les personnes homosexuelles, les francophones, les personnes non blanches, les personnes plus ‘marginalisées’ et les personnes handicapées. Nous déplorons ces violences gratuites et inadmissibles de l’État contre les personnes davantage discriminées dans la société.
Parce que ces événements sont révoltants, parce qu’ils sont contraires à la Chartre des droits et libertés, parce qu’ils sont antidémocratiques, parce qu’ils briment la liberté d’expression et parce que les responsables ne peuvent demeurer impunis, le Comité jeunes féministes de la CLES appuie la demande de la section canadienne d’Amnistie internationale et de la Ligue des droits et libertés pour une enquête publique indépendante sur les mesures de sécurité entourant le G20.
Plus encore, nous réclamons que les divers gouvernements municipal, provincial et fédéral entendent la voix des personnes arrêtées lors du G20, retirent les accusations fallacieuses qui pèsent encore contre plusieurs des personnes innocentes, reconnaissent et condamnent les violations de droits, afin que les victimes puissent obtenir réparation, et que plus jamais les citoyennes et citoyens ne soient privéEs de leur droit à participer à la démocratie.
Nous sommes en colère et nous poursuivrons le combat jusqu’à ce que justice s’ensuive.
En solidarité avec les personnes dont les droits ont été violés lors du G20,
Les femmes du Comité jeunes féministes de la CLES