Édition du 17 décembre 2024

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États-Unis

Les changements climatiques vus des États-Unis : négationnisme et conspirations

Aux États-Unis, les opposants aux changements climatiques se sont entourés d’un mur de déni. Les données scientifiques sur les changements climatiques sont présentées comme une vaste conspiration menée par la gauche libérale et les environnementalistes, avec Obama en tête. Notons que Harper et son gouvernement affirmaient à peu près la même chose. Mais l’impact de ce négationnisme est plus grave aux États-Unis.

Il faut par exemple écouter le représentant Lamar Smith, un républicain du Texas et un grand ami de l’industrie pétrolière, aussi connu pour sa défense du projet de construction de l’oléoduc Keystone X. Aujourd’hui président du comité de la Chambre sur la science, l’espace et la technologie, Smith propose de confisquer les études scientifiques qui indiquent les dangers que représente le réchauffement. La majorité des Républicains affirment régulièrement devant leurs électeurs et les médias de droite que les changements climatiques sont une vaste supercherie.

Il faut dire que les États-Unis ont une longue tradition dans ce qu’on peut appeler une pensée paranoïaque. Le discours actuel ressemble à l’hystérie déclenchée contre la gauche dans les années 1950, lorsqu’on accusait celle-ci de vouloir la destruction de « l’American way of life ». Dans certains milieux de l‘extrême droite, les environnementalistes, comme le très modéré Sierra Club, sont les nouveaux terroristes.

Les frères Koch, qui financent les causes de la droite avec des centaines de millions, estiment nécessaire de déconstruire et d’éradiquer le discours écologiste. Même les secteurs éclairés de l’establishment qui proposent un « capitalisme vert » sont considérés comme des traîtres, à commencer bien sûr par le président Obama. C’est aussi ce que dit Donald Trump toujours en tête dans les sondages sur les élections internes (les « primaries ») républicaines.

Ce discours est tellement intimidant que plusieurs Démocrates essaient d’esquiver le sujet. Il y a aussi certains syndicats et d’autres organisations civiles qui refusent toute critique qui pourraient remettre en question l’écocide en cours, y compris aux États-Unis. Certaines de ces organisations ont tout simplement peur d’affronter le point de vue négationnisme. D’autres sont d’accord avec le discours de droite et pensent qu’il faut « défendre » les États-Unis sur le même mode d’exploitation à outrance des ressources naturelles.

Les médias qui ne sont pas à l’extrême-droite (comme ceux qui émanent du réseau Fox) font extrêmement attention également pour ne pas être taxés de sales écolos.

Comme sur d’autres questions, le discours d’une droite extrême ne représente pas le point de vue la majorité de la population, mais c’est le point de vue qu’on entend le plus et qui domine les débats publics. Au vingtième siècle, les courants extrémistes en Europe étaient également minoritaires. Mais mieux organisés et devant une opposition morcelée, ils ont gagné, avec les conséquences que l’on connaît. La question se pose sérieusement si on n’assiste pas à quelque chose de semblable aux États-Unis.

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