Édition du 4 février 2025

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États-Unis

« Décourageant » Les États-Unis reviennent sur leur engagement envers le traité mondial contre la pollution plastique

Presque 70 pays soutiennent l’idée d’un plafond (de production de plastique). Les environnementalistes ont été amenés.es à croire que l’administration Biden le faisait aussi.

Joseph Winters, Mother Jones, 20 novembre 2024
Traduction, Alexandra Cyr

N.B. Cet article a d’abord été publié par GRIST. Il est reproduit ici comme partie de la collaboration Climate Desk.

L’administration Biden est revenue sur son soutien à l’établissement d’un plafond de production du plastique tel que présenté dans la proposition de traité mondial contre la production de plastique par les Nations Unies.

Les représentants.es de cinq organisations environnementales nous informent que le personnel de la Maison blanche leur a expliqué lors d’une réunion à huis clos la semaine dernière, qu’ils ne voyaient plus l’installation d’un plafond déterminé de production comme « une proposition viable » pour ce INC-5, le nom de cette dernière ronde de négociations du traité en question prochainement à Busan en Corée du Sud. Ils ont au contraire, annoncé que les délégués.es américains.es à ces négociations allaient prôner une approche plus « flexible » qui permettrait à chaque pays d’établir ses propres cibles de réduction de la production du plastique.

C’est un virage complet par rapport à ce que ce même groupe c’était fait dire à une réunion semblable en août dernier. Les représentants.es de l’administration Biden avaient soulevé des espoirs que le pays se joindrait à d’autres comme la Norvège, le Pérou et le Royaume Uni pour défendre l’application d’une limite à la production du plastique.

Après la réunion d’août, l’agence Reuthers avait rapporté que les États-Unis : « allaient soutenir un traité mondial qui imposerait une réduction de la quantité de plastique pouvant être produite chaque année ». L’administration Biden avait confirmé que l’article de Reuthers était « correct ».

Après la plus récente réunion, un.e porte-parole du Council on Environmental Quality de la Maison blanche, a déclaré à GRIST que les négociateurs.trices américains.nes avaient accepté l’idée de «  l’aspiration à un objectif global » de réduction de la production de plastique mais que « cela ne passe pas nécessairement par un plafond de production et que donc, ils et elles ne soutiennent pas une telle solution. Nous croyons qu’il y a plusieurs façons possibles d’arriver à cette réduction de production et de consommation (du plastique). Nous allons être flexibles, lors des négociations, sur la manière d’y arriver et nous demeurons optimistes que nous pourrons réussir avec un moyen solide qui fera comprendre aux marchés qu’il faut changer ».

Jo Banner, co-fondatrice et co-directrice de The Descendants Project, une organisation citoyenne qui défend les communautés de « l’allée des cancers » en Louisiane a déclaré que cette annonce était l’équivalent d’un « un coup de poing » : « Je pensais que nous étions sur la même longueur d’onde pour ce qui est de plafonner le plastique et réduire sa production. Visiblement ce n’était pas le cas ».

Frankie Orona, directeur exécutif de la Society of Native Nations, qui lutte pour la justice environnementale et la préservation des cultures autochtones, parle d’une nouvelle « absolument décourageante. Deux heures de cette réunion m’ont semblé me prendre deux jours de ma vie ».

Cette situation est le reflet d’un conflit qui a surgit lors de discussions à propos du traité où les Nations Unies ont accepté de négocier il y a deux ans en vue de «  mettre fin à la pollution par le plastique  ». Le différent portait sur les objectifs du traité : se concentrer sur la gestion des déchets plastiques en nettoyant les océans ou en augmentant le recyclage et plafonner l’augmentation de la production.

Presque 70 pays, avec les scientifiques et les environnementalistes, soutiennent le plafond. Ils plaident qu’il est inutile de gérer les déchets pendant que la production augmente toujours. Mais un grand groupe de pays producteurs de pétrole, très actifs, font pression pour un traité moins ambitieux basé sur le consensus quant aux normes. Ainsi ils ralentissent les négociations. En plus de renoncer aux limites de production, ces pays veulent un traité qui permettent des cibles nationales volontaires plutôt que des obligations mondiales.

Comment les États-Unis vont ils se positionner ? Rien n’est moins clair. Le-la porte-parole de la Maison blanche expliquait à GRIST qu’ils veulent que le traité porte sur «  les provisions de polymères dans la fabrication du plastique  ». Cela peut vouloir dire tout un lot de choses dont une taxe sur la production ou la fin des produits de plastique à usage uniques. Ces soit disant instruments des marchés pourraient pousser la demande de plastique à la hausse mais avec beaucoup moins de certitude qu’une limite quantitative de production.

Le directeur exécutif de l’ONG International Polluants Elimination Network, Bjorn Beeler, notre que les États-Unis pourraient agir sur les stocks de plastiques en réduisant les taux d’augmentation de production prévus par l’industrie même si cela permettrait encore une augmentation annuelle de la production. Il ajoute : «  Les États-Unis ont été très vagues. Ils n’ont pas été le leader qui pouvait faire avancer les discussions vers un traité qui ait du sens ».

Puisque l’annonce de la Maison blanche n’était qu’une clarification, comme l’ont souligné les fonctionnaires, Jo Banner pense que l’administration Biden aurait dû rendre sa déclaration plus précise il y a plusieurs mois, immédiatement après la rencontre du mois d’août : « En août, nous disions clairement plafond. S’il y a eu un malentendu, il aurait dû nous être signalé il y a longtemps ».

Il semble aussi que les États-Unis aient opéré un autre changement dans leur stratégie, cette fois à propos des produits chimiques utilisés pour la production du plastique. En août dernier, la Maison blanche a confirmé via l’agence Reuthers, qu’ils soutenaient l’établissement d’une liste des produits chimiques liés aux plastiques en vue de leur bannissement ou de leur restriction. Actuellement, les négociateurs.trices vont voter en faveur de listes qui traitent des produits de plastique contenant ces produits chimiques. Les groupes environnementaux trouvent que cette approche est moins efficace. Il y a tant de sorte de produits de plastique et les manufacturiers ne déclarent pas toujours toutes les informations au sujet des produits chimiques utilisés par leurs fournisseurs.

F. Orona est d’avis que de se centrer sur les produits ferait reculer les discussions loin des raffineries prétrochimiques et des usines de production du plastique qui polluent de façon démesurée les communautés pauvres des gens de couleur. Il souligne : «  C’est tellement arrogant, irrespectueux. Ça ne vous donne que l’envie de vous cacher dans votre oreiller et de pleurer en pensant à votre communauté ».

Lors de la prochaine ronde de négociations, (qui a lieu en ce moment. N.d.t.), les groupes environnementaux ont déclaré à GRIST qu’ils s’attendent à ce que les États-Unis fassent un pas de côté. Étant donné qu’il est fort probable que la prochaine administration Trump ne se soumette pas au traité et comme les Républicains.nes en plus, contrôlent le Sénat, le traité ne sera pas ratifié. Certains.es intervenants.es dans le débat voudraient que les pays soient moins centrés sur le fait de vaincre les États-Unis et plus de surtout s’assurer que la version la plus ambitieuse atteignable du traité (soit adoptée). Un.e porte-parole de l’ONG Break Free From Plastic, exprime son espoir que le reste du monde va aller de l’avant, c’est-à-dire, l’Union européenne, les petits États insulaires en développement et la coalition des pays africains entre autres.

La directrice du programme santé et justice de l’ONG Alaska Community Action on Toxics, Viola Waghiyi, est une autochtone qui vit dans le village amérindien de Savoonga sur l’ile de Sivuqaq sur la côte ouest de cet État. Elle fait directement le lien entre un traité faible et les impacts auxquels les communautés sur son ile font déjà face : soit, les changements climatiques auxquels la production de plastique contribue, la pollution par les micros plastiques dans l’Océan arctique qui affecte la vie marine et les dynamiques atmosphériques, qui poussent des produits chimiques liés aux plastiques dans le grand nord de l’hémisphère.

Elle ajoute : «  Les États-Unis devraient s’assurer que des mesures soient en place pour protéger les plus vulnérable, les peuples indigènes, les travailleurs.euses, les éboueurs.euses et les générations futures. À titre de grand-mère autochtone elle soulève ses préoccupations à propos des perturbateurs endocriniens : « Comment pourrons-nous transmettre notre langue, nos histoires de la création, nos chansons et nos danses, nos traditions et nos cultures si nos enfants sont incapables d’apprendre  » ?

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