Déjà considérée comme la plus grande mine d’or à ciel ouvert en milieu habité au Canada, la minière Canadian Malartic souhaite agrandir et doubler la taille de la mine située en plein cœur de la Ville de Malartic, en Abitibi-Téminscamingue. Or, les résidents de Malartic, notamment les membres du nouveau Comité de citoyens de la zone sud de la voie ferrée (environ 700 résidences), les plus impactés par le projet, sont aux prises, depuis l’ouverture de cette mine, avec un grand nombre de nuisances et d’atteintes à leur santé et à leur qualité de vie, lesquelles sont loin d’être résolues (poussières, bruit, dynamitages quotidiens, stress, perte de sommeil, anxiété, désarroi, etc.).
La minière est notamment incapable de respecter les normes environnementales en vigueur et détient le record d’avis d’infraction au Québec : plus de 157 avis de non confirmé environnemental et 1350 plaintes depuis la construction de la mine en 2009. Canadian Malartic vient d’ailleurs d’écoper d’une première amende de 200 000$ pour des infractions commises en 2010, mais cela ne change rien aux impacts subits par les citoyens.
Si certaines personnes s’en tirent mieux, d’autres sont beaucoup plus affectées par la mine. L’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) a récemment fait état, dans un rapport publié en mars 2015 , de l’ampleur des problèmes entraînés par cette mine depuis son ouverture, notamment auprès des populations les plus rapprochées ; « La santé publique dresse un bilan dévastateur », titrait Le Devoir.
Plus récemment, la Direction régionale de la santé publique a rendu public un sondage qui indique que près de deux personnes sur trois provenant des quartiers les plus rapprochés de la mine se disent inquiètes des impacts anticipés du projet d’agrandissement.
Face à ces problèmes, et avant même de considérer l’agrandissement de la mine, nous estimons que les revendications portées par les citoyens de Malartic doivent être entendues et qu’il incombe à la minière d’y répondre dès maintenant :
1. Que la compagnie s’engage à créer rapidement un comité de travail pour conclure un protocole d’acquisition, de compensation et d’accommodement des citoyens pour les troubles de voisinage vécus. Les différents comités de citoyens de Malartic veulent participer activement à ce comité de travail avec un appui technique et juridique indépendant. Plusieurs citoyens ont en tête les modèles de protocoles de la mine Niobec au Saguenay-Lac-St-Jean et de Mine Arnaud à Sept-Îles, mais qu’ils veulent adapter à la situation de Malartic.
2. Que la compagnie fasse preuve de plus de transparence. Qu’elle s’engage notamment à rendre publique dès maintenant l’étude d’impact environnemental du projet d’agrandissement de la mine Canadian Malartic, étude qui a été remise au ministère de l’Environnement, même si cette étude n’est pas finale et qu’elle doit être bonifiée.
Les comités de citoyens veulent pouvoir participer à l’amélioration de cette étude et disposer de suffisamment de temps pour l’analyser et valider les impacts anticipés du projet d’agrandissement. Les citoyens veulent aussi que la compagnie s’engage à rendre publiques, en continue et en temps réel, toutes les données des capteurs sur la qualité de l’air, le bruit et les vibrations déjà installés dans la ville.
Si Canadian Malartic souhaite réellement atteindre l’acceptabilité sociale, elle doit démontrer sa bonne foi en commençant par répondre à ces demandes, qui lui sont adressées depuis longtemps par les citoyens concernés. Elle doit y répondre et le faire de façon rapide et adéquate, notamment en débloquant le financement nécessaire à l’implantation de ces mesures. La mise en place d’un protocole d’acquisition, de compensation et d’accommodement est particulièrement cruciale pour assurer la protection de la santé et le respect des droits des citoyens affectés par le projet.
À notre avis, il s’agit de l’action prioritaire à poser pour mesurer le sérieux de la volonté de la minière et de ses nouveaux propriétaires, Agnico Eagle et Yamana Gold, de régler les problèmes de voisinage vécus à Malartic.
La Coalition recommande également que le gouvernement saisisse l’occasion que lui offrent les refontes de la Stratégie minérale et du Livre vert sur la Loi de la qualité de l’environnement du Québec pour revoir les normes qui encadrent les mines à ciel ouvert au Québec, surtout celles situées en milieux habités ou à proximité de milieux sensibles. Malartic n’est pas le seul cas, plusieurs autres cas sont en vus au Québec, dont celui de Mine Arnaud à Sept-Îles. Le temps est venu de poser des gestes et de passer à l’action.
* Dominique Bernier, coordonnatrice de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine ; Me Nicole Kirouac, avocate et personne-ressource pour le Comité vigilance de Malartic ; Ugo Lapointe, coordonnateur canadien de MiningWatch Canada