Pour Jacques Tétreault, coordonnateur général et porte-parole du RIGSVSL, il s’agit d’un virage majeur, qui tient compte de l’évolution de la conjoncture et de la volonté affirmée du gouvernement actuel de transformer le Québec en une pétroéconomie : « Depuis plus de 3 ans, notre Regroupement a mené la bataille contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste. Nous nous sommes faits les porte-parole des revendications de la population et nous continuerons nos démarches en ce sens. Toutefois, l’exploitation des gaz de schiste intéresse moins l’industrie aujourd’hui, car les prix ne sont plus ce qu’ils étaient. C’est maintenant le pétrole de schiste qui est au coeur du débat. ».
Le Regroupement élargit donc son champ d’action et entend dorénavant surveiller de près toutes les formes d’exploitation des hydrocarbures, conventionnels ou non (gaz et pétrole de schiste, forages extracôtiers, transport de ces produits par pipeline ou par train), et exiger une meilleure protection des ressources en eau. « Il est essentiel de mieux articuler notre action dans le dossier des hydrocarbures avec la lutte pour la protection des ressources en eau. Le gouvernement actuel prévoit interdire la fracturation hydraulique pour l’exploitation gazière dans une partie du territoire à cause des risques incontrôlables que présente cette technique, mais il veut l’autoriser pour la recherche de pétrole de schiste : où est la cohérence ? » demande Jacques Tétreault.
Le porte-parole du RIGSVSL tient à rassurer les milliers de citoyens qui ont signé la déclaration Vous n‘entrerez pas chez-nous : « Il n’est pas question d’abandonner la lutte pour faire adopter un moratoire. Mais il importe de dire aux gens toute la vérité : le moratoire prévu ne couvre qu’une partie du territoire, ne porte que sur un seul type de roche et ne sera en vigueur que sur une très brève période. »
Dans le même contexte, le Projet de règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection du gouvernement fixe des distances séparatrices beaucoup trop faibles entre les puits artésiens et les éventuels sites de forage pour véritablement protéger les sources d’eau potable. Il est donc tout aussi important de s’opposer à ce projet de règlement, dénoncé par tous les experts et scientifiques indépendants, et d’exiger qu’il soit modifié de façon à se conformer aux règlements déjà adoptés par plus de 70 municipalités d’après le modèle du règlement dit de Saint-Bonaventure.
Par ailleurs, le gouvernement du Québec affiche son préjugé favorable à l’inversion du flux de pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta dans la ligne 9B de l’oléoduc de la société Enbridge. Le RIGSVSL ne peut rester insensible à ce nouvel assaut des pétrolières. L’exploitation de ce type de pétrole est désastreuse du point de vue économique, social et environnemental. Encourager l’accroissement de sa production équivaudrait à renier tous nos engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre. Il serait totalement irresponsable de soutenir ce genre de projet au vu des perspectives catastrophiques annoncées par un nombre sans cesse croissant de scientifiques et d’experts du climat.
M. Tétreault n’en reste pas moins optimiste : « La conjoncture est favorable au regroupement des forces citoyennes et c’est ensemble que nous mènerons la lutte à l’industrie pétrolière et gazière au Québec. Déjà, 5 nouveaux comités se sont joints au nouveau regroupement et plusieurs autres sont sur le point d’y adhérer. Tous ces comités, préoccupés par les questions du gaz de schiste, du pétrole de schiste ou « offshore », ou encore par l’implantation de pipelines, ont comme objectif commun la protection de leur territoire et de leur eau, source de vie indispensable. »
Le Regroupement interrégional gaz de schiste de la Vallée du St-Laurent compte plus de cent comités locaux citoyens s’opposant à l’extraction du gaz et pétrole de schiste en territoire québécois. Depuis 2010, ces comités réclament un moratoire sur le gaz de schiste au Québec et s’opposent à la fracturation du soussol dans leurs communautés.